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jeudi 22 avril 2010

Les neuf princes d’Ambre – Roger Zelazny


1. Les Neuf Princes d'Ambre
2. Les Fusils d'Avalon
3. Le Signe de la licorne
4. La Main d'Oberon
5. Les Cours du chaos
6. Les Atouts de la vengeance
7. Le Sang d'Ambre
8. Le Signe du chaos
9. Chevalier des ombres
10. Prince du chaos

Terriens, terriennes, on vous ment ! Nous ne sommes pas le centre de l’Univers, juste un vulgaire reflet. Merci à M. Zelazny de nous avoir révélé la vérité !

C’est sur un bien étrange postulat que repose Les neuf princes d’Ambre, cycle de fantasy en dix volumes. Il n’existe qu’un seul monde réel, le royaume d’Ambre, autour duquel on trouve des Ombres, des mondes parallèles qui ne sont que des reflets d’Ambre, de moins en moins fidèles en fonction de l’éloignement.

La Terre (ou l’Ombre-Terre, comme on l’appelle dans cette série), est une Ombre plutôt éloignée, et c’est là que l’histoire commence (ou plutôt, qu’elle prend le lecteur à son bord). Dans un hôpital américain, un blessé se réveille, sans aucun souvenir de son passé. Et pour ne rien arranger, le personnel médical semble vouloir le garder endormi. Cela n’est pas du goût de notre héros, dont on découvre plus tard qu’il s’appelle Corwin. Il s’échappe et part à la recherche de la personne qui .l’a fait interné, à savoir sa sœur.

Non, nous ne sommes pas dans XIII mais bien dans un roman de fantasy. Corwin va en effet (re)découvrir qu’il est en prince d’Ambre, c'est-à-dire un des neuf fils du roi Obéron, le dirigeant d’Ambre. De ce fait, ce n’est pas un simple humain : il dispose d’un métabolisme et d’une longévité plus qu’enviables et de la capacité de se déplacer entre les Ombres.

Comme le roi Obéron a disparu sans laisser de traces, ni nommer de successeur, c’est une joyeuse ambiance de complots et manigances qui règne dans la famille, afin de déterminer qui va s’asseoir sur le trône. Corwin, lui, aimerait bien (ou plutôt aimera bien, quand il s’en sera souvenu !).

Ces quelques lignes ne font que brosser une bien piètre esquisse de cet univers ô combien fascinant. Imaginez un peu pouvoir vous rendre où vous voulez en fonction de vos désirs, voilà ce qu’est Ambre (entre autres). Aucun monde inventé ne lui arrive à la cheville, dans la mesure où tous font parti d’Ambre. Ne vous étonnez pas de passer par Avalon ou de croiser le Chapelier fou au détour d’un tome.

Dans cet univers d’infinies probabilités spatiotemporelles (parce qu’en plus le temps ne s’écoule pas de la même façon selon les lieux, de quoi donner la migraine à un physicien), Roger Zelazny déploie une incroyable intrigue de complots à la saveur assez particulière.

En effet, toute la série est une vaste histoire de famille, où frères et sœurs se battent joyeusement entre eux, s’alliant et se trahissant au gré des évènements. Tous les coups sont permis, que ce soit de manière directe (un petit duel par ci) ou indirecte (un assassinat déguisé par là). Mais assez étrangement, les protagonistes restent malgré tout une famille, comme le dit si bien Corwin dans Les fusils d’Avalon :

« Malgré nos haines extraordinaires et nos petites rancunes, nous autres, Ambriens, avons l’esprit de famille à un degré surprenant. Nous cherchons toujours à avoir des nouvelles les uns des autres, à connaitre la position de chacun dans un tableau toujours changeant. Une pause pour échanger des potins a sans doute arrêté plus d’un coup fatal entre nous. Je nous imagine parfois comme une bande de vieilles mégères vivant dans quelque chose qui tiendrait à la fois de la maison de repos et la course d’obstacle. »

L’histoire est racontée à la première personne, avec, vous l’aurez remarqué, un ton assez mordant. L’intrigue est déjà chouette, mais racontée par un des protagonistes avec parfois de sérieuses déviations (pour justifier ses actes notamment) et pas mal de sarcasme, cela donne un texte léger et passionnant. Une fois qu’on est dedans, difficile de le lâcher, d’autant plus que Zelazny sait cultiver les fins de chapitre et de romans diablement haletantes.

Les dix romans sont en fait divisés en deux cycles. Le premier, des Neuf princes d’Ambre aux Cours du Chaos, est narré par Corwin. Après presque un tome entier d’introduction bien nécessaire pour appréhender l’univers, on sera servi en matière de complots, de réunions de famille, et de grandes batailles, dans la grande tradition de la fantasy. Il prend une dimension presque mythique sur la fin.

Le deuxième cycle, des Atouts de la Vengeance au Prince du Chaos, passe la main à la génération suivante, dirons-nous. Le ton est différent, car le narrateur change. Il est beaucoup moins intéressé par la course au pouvoir, et beaucoup plus occupé à sauver sa peau. Cela donne une ambiance à la fois plus intimiste, et en même temps beaucoup plus vaste. Le ton est plus barré, et l’intrigue encore plus (voir trop) complexe, mais cela permet de renouveler l’univers.

L’ensemble forme à mon avis un des incontournable du genre. Je connais peu d’équivalents à l’univers incroyable d’Ambre (dont assez bizarrement le premier détail qui me revient est systématiquement ce restaurant servant le meilleur poisson de la ville dont nom et propriétaire changent très régulièrement).

Zelazny s’amuse grandement dans cet univers, avec une intrigue plutôt complexe (facile à oublier entre deux relectures) fort prenante, racontée avec efficacité et une pointe d’humour. Bref, c’est un pur plaisir à lire et à relire.

La série a été continuée après la mort de Zelazny par John Gregory Betancourt, avec le Prélude aux Princes d’Ambre (trois tomes), mais j’avoue n’en avoir guère entendu du bien. Et ce serait dommage de finir sur un goût amer.

Pour les férus de l'univers, il existe également une simili encyclopédie (l'univers d'Ambre, épuisé mais trouvable en occasion), un jeu de rôle sans dés, et le Tarot ou le jeu de la Marelle, tarot imitant celui des livres (dont je ne vous ai pas parlé mais qui fait parti des éléments clés de l’univers, au même titre que la Marelle). Malheureusement indisponible (ou très cher sur Internet), vous pouvez toujours jeter un œil à la version électronique de ce jeu de cartes.

Je l’indique parce que le Tarot a été dessiné par Florence Magnin, de même que les magnifiques couvertures de l’ancienne édition Présences du Futur que j'ai privilégié. Je m’étonne qu’ils ne les aient pas repris en Folio SF, parce que les couvertures collent vraiment aux bouquins et à l’univers (et en plus sur une étagère, les livres forment un paysage, j’avais plus revu ça depuis J’aime lire !). Si vous envisagez d'investir dans cette série, je ne saurais que trop vous recommander d'opter pour cette édition, qu'on trouve encore assez facilement.

8 commentaires:

  1. J'ai honte ! Je n'ai jamais lu le cycle en entier...! Un jour, c'est sûr je m'y attellerai.

    P.S.: attention, tu as mis le s au mauvais mot dans le titre ;) Les neuf princeS d'Ambre

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  2. Rah et moi qui avait tout relu 5 fois xD

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  3. J'ai un vrai souci avec ce(s) cycle(s). Lorsque j'ai attaqué Corwin, internet n'existait pas (si, si, cette époque a existé). Le seul moyen de se faire une idée d'une oeuvre était le bouche à oreilles. C'est ainsi que j'ai rencontré plein de gens qui, comme toi, ne tarissaient pas d'éloges sur ces Princes d'Ambre. J'ai donc entamé la lecture avec un a priori favorable. J'avoue n'avoir à l'époque pas tout compris aux diverses manigances des uns et des autres. Mais j'avais bien aimé quand même. Lorsque j'ai repris la lecture il y a peu, je n'ai pas vu ce qui m'avait semblé si difficile à comprendre. J'étais peut-être devenu intelligent ? En revanche, le tout m'a semblé un poil vieilli. En particulier lorsque les évènements se situent sur Ombre-Terre. Après tout, nous sommes dans les années 1970. Ca se sent. Bref, un sentiment mitigé. Je ne sais pas si j'aime ou si ça m'agace, en fait. Mais un conseil à tous : essayez ! C'est le seul moyen de savoir si cela va vous convenir.

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  4. C'est marrant, je ne le trouve pas si daté que ça (mis à part le fait que les Atouts sont d'une inutilité extraordinaire depuis que les portables existent ^^).
    Mais bon si ça se trouve je ferais le même constat d'ici quelques années, ça dépend beaucoup de ce qu'on lit en même temps en fait...

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  5. Les portables ne sont pas capable de téléporter des gens, alors les Atouts restent toujours enviables.

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  6. Un cycle absolument magnifique !

    A lire aussi : le prélude aux neuf princes d'Ambre écrit par John Gregory Betancourt (Les neuf princes du chaos, Ambre et Chaos, La naissance d’Ambre).

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  7. Ah bon ? J'en ai pas entendu de très bons retours, du coup je me méfie un peu...

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