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jeudi 17 décembre 2009

L’Imaginarium du Docteur Parnassus – Terry Gilliam



Je me méfie toujours des films de Terry Gilliam. J’ai beau aimé son imagination débordante et son incroyable capacité à créer des univers baroques et déjantés, je trouve toujours ses réalisations un peu bancales, comme s’il manquait quelque chose. Un peu comme si à force de déployer ses images féériques, il en oubliait un peu l’histoire.

Ce qui ne m’empêche pas d’aller systématiquement voir ses films au cinéma, notez la contradiction. Pour celui-ci, l’avis de Tortoise m’a convaincu de me jeter à l’eau.

L’histoire est assez difficile à résumer en quelques lignes, sans tomber dans la vulgarisation. Nous avons d’un coté le Docteur Parnassus, qui tient un étrange spectacle de magie (dirons-nous) dans la roulotte, et de l’autre un certain M. Nick (le Diable, semble-t-il), avec qui il enchaine les paris sur des âmes à sauver.

La petite troupe du docteur se compose de sa fille Valentina (Lily Cole, plus que charmante), de Percy, un nain doté d’une grande gueule, et de Anton, jeune homme qui pince pour la fille citée auparavant. Et puis, vient se joindre à eux un ex-pendu ex-mort, et amnésique par-dessus le marché, Tony.

Alors que Parnassus s’est lancé dans un nouveau pari avec M. Nick, Tony pourrait bien l’aider à le gagner et à garder sa fille… à moins que ce ne soit un piège ?

L’histoire est à la fois très simple, et très compliqué, car si la narration reste assez linéaire (avec quelques flash-back) et semble se reposer sur des thèmes classiques (il y a du Faust là-dedans), la quantité de questions laissées en suspens donne une certaine épaisseur à l’ensemble.

C’est sans doute volontaire, de laisser planer le doute sur tant de choses et de ne pas éclaircir tant d’éléments obscurs (pour le coup un 2e visionnage ne ferait pas de mal), pour un film qui parle de l’imagination et des rêves. C’est loin d’être un domaine limpide en règle générale.

L’Imaginarium du Docteur Parnassus est un beau film, mais il nécessite un effort, car l’exposition est très longue. Gilliam prend son temps pour poser l’histoire, comme s’il avait la vie devant lui, sans être pour autant très clair. Heureusement, la patience du spectateur est ensuite récompensée.

Une fois calé dans son fauteuil, et convaincu de ranger ses questions au placard pour plus tard (après la séance par exemple), on voit le rythme s’accélèrer suffisamment pour qu’on ne s’ennuie pas, et surtout, qu'on en prenne plein la vue.

Visuellement, l’Imaginarium est vraiment très réussi. Les univers imaginés, délicieux et fantasmagoriques à souhait sont un véritable plaisir pour les yeux (et non, je n’en dirais pas plus pour réserver la surprise, mais la forêt qu’on visite en premier offre déjà un bel aperçu).

Et puis la partie dans la « réalité » n’est pas en reste. Dans un Londres glauque qu’on visite rarement, on voit passer une roulotte qui semble sortie d’un autre âge avec ses décors kitchs et ses acteurs en costumes féériques ou mythologiques. Pour le coup, ça a un petit air de Neverwhere (les univers de l’Imaginarium aussi, maintenant que j’y pense).

Ajoutez à ça un vieux fou, une fille avec une tête de princesse de conte de fées qui ne rêve d’une vie normale, et un amnésique au passé trouble qui s’offre le plaisir de changer de tête régulièrement… Oui, Tony, c’est feu Heath Ledger, du coup ses amis (Johnny Depp, Jude Law, Colin Farell), se sont relayés pour le remplacer, ce qui donne un coté encore plus fou à l’ensemble.

Bref cette fantasy urbaine délirante est un plaisir pour les yeux, et s’accompagne aussi d’une musique qui peut vous hanter un moment (la chanson des enfants m'a poursuivi toute la soirée). Un petit tour derrière le miroir de Terry Gilliam, ça ne se refuse pas !

5 commentaires:

  1. Je te rejoins tout à fait, c'est avant tout un univers visuel très réussi!
    (et pour Neverwhere aussi, mais bon je crois que j'ai un peu tendance à voir partout du Neverwhere partout...)

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  2. Je me demande si ça se soigne, la Neverwhere-ite aigüe ? Et surtout, veut-on être soigner ? :D

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  3. Je l'ai vu il y a +/- deux semaines, et j'en garde une très bonne impression. Bien space, mais plus que sympa visuellement !

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  4. Encore un film que je voulais aller voir et que j'ai raté...

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  5. Cette analyse pragmatique sur un film faisant la promotion des rêves donne envie de le voir.

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