Blackwater (série complète) – Michael McDowell

Blackwater est un petit phénomène éditorial qui a bien animé la sphère de l’imaginaire au printemps (principalement à coup de « j’ai trouvé le tome 4 mais pas le 3 » et autres variantes). Je n’étais pas sûre que cela me plaise, j’ai donc emprunté le tome 1 à la bibliothèque et j’ai eu moi aussi le plaisir de courir après la suite à coup de « bon le tome 3 est emprunté, on va le prendre en numérique » et autres variantes…

Blackwater, c’est une série de livres écrite par Michael McDowell, qui nous emmène dans une petite ville du sud de l’Amérique, Perdido. On y suit la famille Caskey, une famille à la tête d’une scierie, dont la vie bien réglée va être bouleversée par la crue de la rivière et l’arrivée de la mystérieuse Elinor.

Cette série a été publiée sous forme de feuilleton (1 livre par mois) en 1983 aux États-Unis. Elle était restée inédite en France (comme une bonne partie de l’œuvre de cet auteur d’ailleurs), jusqu’à que Monsieur Toussaint Louverture se lance dans sa traduction, en optant pour une sortie directement en poche à raison d’un tome tous les 15 jours pour reprendre le mode de publication original.

La première chose à dire sur Blackwater, c’est que c’est une belle opération éditoriale : les livres sont magnifiques et je pense qu’on a autant de plaisir à les lire qu’à leur courir après dans les magasins pour les collectionner. Cela devait être très excitant de suivre la parution au fur et à mesure (c’est chouette aussi de tout dévorer d’une traite rassurez-vous). Et c’est chouette de voir une telle effervescence autour d’une série fantastique, écrite par un auteur globalement inconnu en France qui plus est.

Pour ce qui est de l’histoire en elle-même, c’est une saga familiale qui s’étend sur 50 ans, des années 20 aux années 70, avec une touche de fantastique apportée principalement par la mystérieuse Elinor, qui va très vite lier son destin à celui de la famille Caskey.

Qui est vraiment le héros ou l’héroïne de Blackwater ? Est-ce Elinor dont l’ombre plane sur l’ensemble de l’histoire ? Est-ce la famille Caskey avec ses membres plus ou moins sympathiques, ses tensions et ses conflits ? Est-ce la ville de Perdido qui change et évolue avec les années, en même temps qu’évolue l’Amérique et les affaires de la famille Caskey ?

Il y a un peu de tout ça, ce qui donne une lecture très prenante : on aime voir évoluer la ville et ses habitants, on aime la petite touche de fantastique (assez poisseux) qui s’invite ici et là, on a envie de savoir jusqu’où l’histoire ira (ou non) dans l’horreur, et on aime adorer et détester certains personnages.

J’ai trouvé cependant que les tomes ne se valaient pas tous. J’ai nettement préféré les premiers, plus tendus, que les derniers, où tout semble aller pour le mieux ou presque. Ce qui n’enlève rien au plaisir d’ensemble. Blackwater n’est peut-être pas l’histoire du siècle, mais c’est très plaisant à lire, avec un récit fluide et bien rythmé.

Comme les autres, j’ai donc succombé à Blackwater, et je ne regrette rien. C’est une chouette lecture, idéale pour contrer une panne de lecture, et c’est aussi une belle histoire éditoriale (avec des livres très jolis pour ne rien gâcher). N’hésitez pas à vous jeter à l’eau également, mais prenez tout de même garde aux créatures qui dorment au fond de la rivière…

Infos utiles : Blackwater (même titre en VO) est une série de six romans écrits par Michael McDowell et publiés en VO en 1983. La version française a été publiée en 2022 chez Monsieur Toussaint Louverture avec de magnifiques couvertures signées Pedro Oyarbide. Traduction de Hélène Charrier & Yoko Lacour. Chaque tome fait environ 250 pages.

D’autres avis (sur le tome 1 sauf mention contraire) : 233°C, Au pays des Cave Trolls (série complète), Le dragon galactique, L’ours inculte, Quoi de neuf sur ma pile