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vendredi 30 juin 2017

The Handmaid’s Tale – Saison 1


Après ma découverte de La servante écarlate de Margaret Atwood, une dystopie aussi brillante que glaçante, j’ai voulu jeté un œil à son adaptation en série télé. Je craignais que la série ne soit pas aussi forte ou n’arrive pas retenir l’essence même du texte. Il n’en est rien, cette série est une vraie claque dans la figure, à l’image du roman.


Commençons par donner quelques éléments de contexte : dans un futur un peu trop semblable à notre présent pour être rassurant, une catastrophe écologique a entrainé une baisse drastique de la natalité et de nombreux bouleversements politiques. Aux Etats-Unis, un régime totalitaire a été mis en place, où les femmes sont cantonnées à des rôles bien précis : épouse, domestique ou mère porteuse (servante) lorsqu’on a la « chance » d’être fertile.

La série, comme le livre, suit les pas de Offred (son nom vient du nom de son « propriétaire », Fred Waterford) une de ces femmes asservies et placées dans des familles pour concevoir et porter des enfants. Elle est incarnée par Elisabeth Moss, qui m’avait déjà impressionnée dans Top of the Lake. Elle porte pratiquement à elle-seule la série sur les épaules et sa prestation est juste exceptionnelle, à l’image de la série d’ailleurs.


The Handmaid’s Tale est une adaptation fidèle du roman, qui réussit à respecter la construction du roman, avec ses étranges alternances passé/présent, sans que cela semble bizarre. Au contraire, cela sort encore mieux à l’écran, avec des flash-back qui permettent de bien comprendre comment on en est arrivé là.

L’histoire ne se contente cependant pas de suivre le texte originel à la ligne près. La série en profite au contraire pour enrichir son intrigue en développant certains aspects et en apportant des éléments complémentaires sur certains personnages (notamment Mrs. Waterford) et sur la façon dont la République de Gilead a été mise en place. Cela permet de nuancer encore plus un monde qui avait déjà de nombreuses nuances de gris.


Dans son ambiance, la série est également très fidèle au livre. Si je l’ai trouvé un peu moins oppressante (c’est le médium qui veut ça, on est moins enfermé face à sa télé que face à son livre), avec des séquences parfois étonnamment lumineuses (la fin est proche du livre, mais avec une petite note de positif en plus), elle n’en demeure pas moins horrifiante et malsaine dans la plupart de ces scènes.

C’est le genre de série qui vous donne parfois envie de hurler de rage face à la cruauté de certains personnages, et qui vous colle aussi une boule au ventre, juste parce qu’elle est trop proche de la réalité pour ne pas être crédible. Margaret Atwood a d’ailleurs expliqué qu’elle n’a rien mis dans son roman qui n’existe pas déjà dans notre monde actuel… et c’est complètement vrai !


Visuellement cette série est un sans-faute : les décors ressemblent trop à notre propre époque pour ne pas nous toucher, les costumes sont parfaits dans leur uniformité (et leur hypocrisie, des fois) et aucun détail ne semble être anodin, tout est vraiment soigné.

La réalisation est d’ailleurs impeccable. Je ne prête pas forcément attention à la question mais force est de constater que le délicat assemblage entre les images et la voix-off n’a aucun mal à vous faire ressentir l’enfermement, la peur et la révolte silencieuse qui gronde chez l’héroïne.

Il y a également des choix musicaux très intéressants, un peu rebelles, qui offrent un contraste intéressant (surtout en guise de générique de fin). Et si j’ai chanté dès le départ les louanges d’Elisabeth Moss, sachez que le reste du casting est tout aussi exceptionnel. Leurs rôles semblent littéralement leur coller à la peau.


A tout point de vue, The Handmaid’s Tale est donc une série exceptionnelle, qui fait froid dans le dos, certes, mais qui est nécessaire. C’est une adaptation facile d’accès, brillante et techniquement irréprochable. Et chose importante, c’est une série tout en nuances de gris, qui fait preuve d’une grande humanité, si bien que vous pourriez potentiellement avoir de la compassion pour certains personnages horribles (mais pas tous, et pas tout le temps, rassurez-vous !).

Bref c’est une série à voir absolument, que l’on aime ou non la SF et les dystopies, que l’on ait lu ou non le livre. Une saison 2 est prévue pour 2018. Elle n’est pas forcément nécessaire mais si elle peut répondre à certaines questions laissées en suspens (dans la saison 1 comme dans le roman), cela ne peut être qu’un ajout intéressant que j’attends avec impatience.

D’autres avis : Brain Damaged, Just a word, Des séries… et des hommes (pour l’analyse de la réalisation)

14 commentaires:

  1. Bon... Il faut que je fasse un effort pour la regarder alors...

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  2. J'en suis au début, c'est un peu lent mais à suivre...

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    1. @Xapur
      C'est pas une série qui va à 100 à l'heure, c'est sûr !

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  3. Moi aussi cette série a été un gros coup de cœur... comme tu le dis, elle est très bien construite, réaliste et pas manichéenne pour deux sous, ce qui la rend d'autant plus glaçante ! La fin est parfaite, mais je suis curieuse de voir la saison 2... une série nécessaire pour rappeler à quel point on peut insidieusement basculer dans le totalitarisme et l'obscurantisme, e qui a un propos féministe universel !

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    1. @JainaXF
      Bien résumé ^^. Tu avais lu le livre ?

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  4. Je peux pas lire, je dois lire le livre et voir la série avant :p

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    1. @Tigger Lilly
      Tu sais ce qu'il te reste à faire :D

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  5. Découvert grâce à ton article précédent.
    J'en suis au deuxième épisode, et dire que j'ai commencé cette série justement hier, tu parles d'une coincidence.

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  6. Faut que j'arrive à lui trouver un créneau à cette série !

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