Pages

vendredi 15 juillet 2016

Frankenstein ou le Prométhée moderne – Mary Shelley


J’avais déjà croisé la route de Frankenstein il y a fort longtemps dans une trilogie de romans d’horreur jeunesse, Les enfants de Frankenstein de Richard Pierce, que j’avais adoré et qui a sans doute joué pour beaucoup dans mon intérêt pour la science-fiction. Il était plus que temps que je finisse par m’intéresser à l’œuvre d’origine, poussée par le visionnage de la série Penny Dreadful.

Je ne vous ferai pas de résumé, je pense que vous connaissez forcément la trame de base, cependant si un jour vous vous décidez vous aussi à vous plonger dans ce roman, vous risquez d’être surpris car il ne contient pas forcément ce qu’on en attendait. En effet un peu comme Sherlock Holmes, une bonne partie de sa mythologie s’est construite à postériori (comme l’apparence canonique de la créature par exemple).

Que trouve-t-on à la place ? Un roman très old school dans sa narration, à savoir un roman épistolaire qui contient un journal qui contient lui-même un troisième récit. C’est un procédé littéraire qui semble un peu désuet et qui donne un rythme très lent à un roman qui ne compte guère que 200 pages. Cependant c’est intéressant de s’y confronter, ça m’a amené à me demander ce que penseraient dans 200 ans les personnes qui lisent ou regardent nos récits survoltés.

Le contenu est également surprenant : Victor Frankenstein n’a rien d’un savant fou qui invoque la foudre (il reste d’ailleurs fort discret sur ses méthodes), et la créature n’est pas un zombie sans cervelle assoiffé de sang, au contraire elle semble fort humaine. Au final l’intrigue comprend certes quelques scènes d’horreur (et un héros qui tombe tout le temps dans les pommes, à croire qu’il a des vapeurs !), mais s’intéresse surtout à l’étrange lien qui unit le créateur et sa créature, et au dilemme moral de Frankenstein qui doit assumer les conséquences de ses actes.

Je pense qu’une telle histoire aujourd’hui serait écrite à la façon d’un thriller (et sans doute avec une armée de zombies pour faire bonne mesure). Mais ce n’est pas le cas, Frankenstein est un roman parfois à la limite du contemplatif, très prolixe dans ses descriptions de personnages et de paysages.

Cela ne plaira pas forcément à tout le monde mais pour ma part je l’ai beaucoup apprécié, sans doute parce que le roman se déroule en partie autour du lac Léman et dans les Alpes, dans des paysages qui me sont familiers (même le Môle est cité !).

Et puis mine de rien, c’est un des tous premiers romans de science-fiction. Sans le savoir Mary Shelley le présente vraiment comme tel dans sa préface en le détachant clairement du registre fantastique :
« L’événement dans lequel l’histoire puise son intérêt ne présente pas les désavantages qui s’attachent aux simples récits traitant de fantômes ou de magie. Il s’est imposé à moi par la nouveauté des situations auxquelles il pouvait donner lieu, car, bien que constituant physiquement une impossibilité, il offrait à l’imagination l’occasion de cerner les passions humaines avec plus de compréhension et d’autorité que l’on pourrait le faire en se contentant de relater des faits strictement vraisemblables. »
Rien que pour cela, Frankenstein mérite qu’on mette le nez une fois dans sa vie. Et aussi pour découvrir le vrai Frankenstein derrière tous les clichés qu’on a pu voir de lui. Bref c’est un classique à rattraper si ce n’est pas déjà fait.

A noter que la série Penny Dreadful a vraiment fait un superbe travail d’adaptation, pour le coup sa créature de Frankenstein est extrêmement proche de celle du roman.

CITRIQ


211 p.

10 commentaires:

  1. Je ne l'ai pas encore lu mais s'il ressemble pas tant que ça au mythe ca va être bien!

    RépondreSupprimer
  2. Je ne l'ai pas encore lu mais s'il ressemble pas tant que ça au mythe ca va être bien!

    RépondreSupprimer
  3. Misère. Va peut-être falloir que je le lis une troisième fois... Je ne m'en souviens quasiment pas! :D

    RépondreSupprimer
  4. Un classique qui se laisse très bien lire est le souvenir que j'en garde.

    RépondreSupprimer
  5. @Shaya
    Si tu as apprécié la version Penny Dreadful je pense que tu devrais apprécier.

    @Alys
    Bah oui, il est grand temps de te faire une 3e opinion :D

    @Tigger Lilly
    Ca résume bien le bouquin en effet.

    RépondreSupprimer
  6. Lu il y a fort longtemps, mais je ne m'en souviens plus vraiment, à une exception près : j'avais comme toi été frappé par la différence entre ce que ce mythe est devenu et l'oeuvre d'origine.
    A relire un jour en tout cas.

    RépondreSupprimer
  7. J'ai souvenir d'avoir eu assez peu de compassion pour Frankenstein et préféré la seconde partie. Mais je te rejoins sur l’intérêt de ce classique et notamment le gap entre mon imaginaire et le contenu de ce roman !

    RépondreSupprimer
  8. @Lorhkan
    N'est-ce pas, à se demander ce qui restera de certains de nos textes phares dans 200 ans ^^.

    @Roz
    C'est pas super facile d'avoir de la compassion pour Frankenstein, il assume quand même pas des masses ses réalisations quand même ^^.

    RépondreSupprimer
  9. Il est entré dans ma PàL récemment et je pense que le 200ème anniversaire de la création de la nouvelle de base pourrait être une bonne occasion de s'y mettre. Sinon, je te conseille une belle relecture du mythe, signée par l'auteur anglais Peter Ackroyd : "Les carnets de Victor Frankenstein"

    http://mesimaginaires.net/2011/02/23/les-carnets-de-victor-frankenstein-peter-ackroyd/

    A.C.

    RépondreSupprimer
  10. @A.C. de Haenne
    Je garde la référence dans un coin de la tête ^^.

    RépondreSupprimer

La modération est activée (c'est le meilleur moyen de filtrer les bots sans bloquer les humains :)), ne vous inquiétez pas si votre message n'apparaît pas immédiatement.