Comme chaque année, la lecture de l’anthologie des Utopiales est une excellente occasion de prolonger le festival, avec les souvenirs de la sympathique chasse aux dédicaces qui accompagne comme il se doit cet ouvrage (et la lecture des nouvelles qui permet parfois de comprendre enfin certains messages !).
Cette année, le recueil ouvre s’ouvre sur un texte un peu énervant, Les yeux en face des trous de Alain Damasio. En effet, il ne s’agit pas d’une nouvelle mais du début de son prochain roman, qui nous laisse littéralement en plan à la fin de l’extrait. Si le procédé est compréhensible dans un échantillon gratuit, c’est un peu plus énervant dans le cadre d’une anthologie. Du coup je ne sais pas trop quoi en dire (même si le concept a l’air intéressant), j’attends de pouvoir le lire en entier !
Immersion, la nouvelle suivante, donne l’occasion de découvrir les écrits d’Aliette de Bodard, française plusieurs fois primées jusque-là presque inconnue au bataillon en France (parce qu’elle écrit en anglais). J’ai beaucoup aimé sa nouvelle qui colle parfaitement à la thématique (en extrapolant sur les casques de réalité virtuelle dans un futur lointain), avec une très belle atmosphère.
On enchaîne ensuite avec Welcome Home de Jérôme Noirez joue également bien le jeu de la thématique, avec cette histoire de réalités qu’on peut modeler à sa guise pour se construire une demeure hors de toute juridiction, ce qui pose de nombreuses questions. Un peu violent mais fort intéressant.
Si on lit Un demi bien tiré de Philippe Curval juste après la nouvelle de Jérôme Noirez (riche en drogues et alcools), on se retrouve presque à choper la gueule de bois vu que cette nouvelle a aussi un taux d’alcoolémie très élevé. Mais sa démonstration du paradoxe de Zénon par la boisson se révèle à la fois drôle et étrange.
Dieu, un, zéro de Joël Champetier mélange de façon improbable mais tout à fait cohérente la règle à calcul, les robots et la religion. Le concept est très intéressant, j’aurais été curieuse de voir l’histoire se développer un peu plus au final.
On sort pratiquement du cadre de la science-fiction avec Les aventures de Rocket Boy ne s'arrêtent jamais de Daryl Gregory, sans doute un des textes les plus touchants du recueil qui parle de cinéma, de l’adolescence, et de science-fiction (quand même). Pour le coup il m’a vraiment donné envie de lire d’autres textes de cet auteur.
J’ai eu l’impression qu’on pouvait lire Le vert est éternel de Jean-Laurent Del Socorro comme une coda à son roman Royaume de vent et de colères (que je n’ai pas lu), mais c’est aussi une bonne introduction à son univers, qui donne très envie de continuer l’aventure.
Coyote Creek de Charlotte Bousquet est une histoire au ton très juste sur une vieille femme qui perd la mémoire, et qui part dans une dernière grande aventure fantastique plutôt sympathique.
J’ai par contre été un peu déçue par Intelligence extra-terrestre de Stéphane Przybylski, intéressante mais qui me semble incomplète, une sorte de porte d'entrée à son univers qui n'est pas tout à fait satisfaisante… je verrais en lisant Le marteau de Thor si le texte acquiert plus de sens.
Pont-des-Sables de Laurent Queyssi est en quelque sorte le pendant à la nouvelle de Daryl Gregory. Si la direction prise par Pont-des-sables n’est pas la même, c’est très étonnant de lire deux textes aussi justes sur l’adolescence.
La nouvelle qui m’a le moins parlé dans le recueil est Versus, de Fabien Clavel. Pourtant l’idée est sympa mais j’ai compris l’astuce au bout de quelques lignes, et j’ai vraiment eu du mal avec cette impression de private joke.
Smithers et les fantômes du Thar de Robert Silverberg imite à merveille le récit d’aventure du XIXe siècle, avec ici la quête d’une cité mystérieuse dans un désert en Inde. Si on se doute de la conclusion, on appréciera la précision de la reconstitution (jusqu’au narrateur tellement ancré dans son époque !).
Enfin on termine avec Visage, une nouvelle de Mike Carey qui met en scène un univers de fantasy où un gouverneur est confronté aux étranges coutumes d’une région conquise. Un texte plutôt intéressant, qui m’a donné envie de lire plus de l’auteur.
Au final à l’exception de la nouvelle de Fabien Clavel où je suis complètement passée à côté, la lecture de cette anthologie a été fort agréable. Bien évidemment, tous les textes ne m’ont pas autant plus (question de sensibilité). Je retiendrais surtout les textes de Daryl Gregory et Laurent Queyssi (des vrais coups de cœur) et je vais garder en mémoire les noms de Aliette de Bodard, de Jean-Laurent Del Sorocco et de Mike Carey car j’ai très envie de lire d’autres choses de ces auteurs.
Le premier chapitres est très frustrant mais l'histoire a l'air géniale !
RépondreSupprimerJe ne dis rien sur le reste, pas encore lu, j'ai mis l'antho de côté pour me lancer dans ma relecture de Transparences.
@Tigger Lilly
RépondreSupprimerOn en reparlera alors ^^
Tu pourrais aussi garder en mémoire le nom de Robert Silverberg, c'est un p'tit jeune qui monte, je lui prédis une belle carrière. :D
RépondreSupprimerSinon l'anthologie a l'air vraiment sympa, dans le haut du panier de ces dernières années apparemment.
Et je te comprends pour le premier chapitre du roman de Damasio, c'est bien d'en proposer un extrait, c'est bien de voir qu'il écrit, mais bon sang quand est-ce qu'il sort ?? :D
@Lorkhan
RépondreSupprimerEffectivement c'est plutôt un bon cru cette année (l'an dernier c'était pas mal aussi il me semble ^^).