Ce mois de mai est un peu pauvre en chroniques, plongée que je suis dans les lectures « pro ». Cependant histoire de ne pas sombrer complètement dans la bibliothéconomie, je me suis permise un petit plaisir en parallèle avec le dernier recueil de nouvelles de Neil Gaiman, encore inédit en France.
J'ai été ravie de constater à la lecture que mon anglais semblait s’être amélioré, au moins dans le domaine Gaiman. Autant je me rappelle avoir pataugé sur pas mal de textes lors de la lecture de son précédent recueil lors de sa sortie VO, autant cette fois-ci j'ai eu une lecture relativement fluide (sans aller jusqu'à prétendre avoir tout compris). Ceci dit il y a assez peu de poésies ou de textes écrits à la façon de, cela aide aussi !
Neil Gaiman est un excellent novelliste (Chevalerie restera toujours pour moi son texte le plus emblématique) qui sait profiter du format court pour mettre en scène des choses extrêmement différentes. Du coup ses recueils sont parfois déstabilisants car on découvre des aspects de son écriture qu'on ne rencontre pas forcément dans ses romans, mais c'est ce qui fait tout leur intérêt, justement.
Sur les vingt-quatre nouvelles écrites qui composent Trigger Warning, on va donc rencontrer des nouvelles fantastiques plus ou moins noires, des textes drôles et d'autres sinistres, des hommages à des grands noms comme Jack Vance, Ray Bradbury ou Gene Wolfe, des récits qui flirtent avec les mythes, des contes revisités et même un peu de SF (notamment grâce à une nouvelle sur Doctor Who).
Evoquer tous les textes me serait difficile (quand je lis en VO je ne mémorise pas aussi bien les textes), mais je peux néanmoins vous parler de mes favoris :
The thing about Cassandra, avec cet homme qui raconte sa première amie imaginaire, m'a fait penser aux nouvelles de Lisa Tuttle par certains aspects.
« The truth is a cave in a black mountain... » m'a marqué par son ton d'aventure ancienne en Ecosse, et m'a donné envie d'investir dans la version illustrée (à défaut d'avoir pu voir la représentation qui était le format original du texte).
A calendar of tales est moins impressionnant dans le recueil, sans le contexte et les illustrations, que dans son cadre d'origine (dont j'avais déjà parlé ici), mais cet ensemble de micro-nouvelles se relit néanmoins avec plaisir.
The case of death and honey est un (nouveau) texte sur Sherlock Holmes. Après Une étude en vert qui s'amusait à rejouer l'entrée en scène du héros dans un univers à la Lovecraft, Neil Gaiman livre ici une histoire bien plus traditionnelle qui éclaircit ce qui a poussé le plus célèbre des détectives à devenir apiculteur lorsqu'il prit sa retraite.
An invocation of incuriosity m'a bien fait rire car j'ai trouvé pendant la lecture que l'univers et les personnages assez improbables et plus dignes d'un vieux récit de fantasy des années 50 que de Neil Gaiman... avant de réaliser qu'il s'agissait de sa nouvelle parue dans l'anthologie Songs of the Dying Earth, en hommage à Jack Vance !
J'ai déjà parlé de « And weep, like Alexander » dans ma chronique de l'anthologie 2012 des Utopiales, où elle figure, mais j'aime beaucoup ce texte alors je me devais de le citer à nouveau !
Nothing O'Clock est une nouvelle Doctor Who mettant en scène le onzième Doctor. Je ne suis pas sûre qu'elle parle à ceux qui ne regardent pas la série, mais pour une fan dans mon genre c'est un chouette texte bien rythmé.
Diamonds and pearl : a fairy tale revisite le conte de la fille qui crache des diamants (j'ai plus le titre en tête) de façon bien noire. A choisir je préfère encore la version de Pierre Gripari dans les Contes de la rue Broca !
The Sleeper and the Spindle est un crossover fort original entre Blanche-Neige et la Belle au bois dormant, avec quelques surprises à la clé. Sans être aussi frappant que son précédent texte sur Blanche-Neige (le terrifiant Neige, verre et pommes), c'est une aventure plaisante et hautement féministe avec ça !
Le recueil se termine sur Black Dog, une nouvelle inédite dans l'univers d'American Gods où on retrouve Ombre après la nouvelle Le monarque de la vallée (dans l'anthologie Des choses fragiles). Et j'espère que comme le laisse entendre l'auteur en intro qu'on va encore lire d'autres aventures de lui, car suivre ses pas est toujours un immense plaisir.
Au final en ne voulant évoquer que quelques textes, je vous ai bientôt parlé de la moitié du recueil ! Mille pardons il faut toujours que je parte en mode fan-girl quand je vous parle des textes de Neil Gaiman, et pourtant j'ai été un peu plus distante avec ce recueil qu'avec ses précédents textes.
La raison est un peu idiote (et entièrement de mon fait) : à force de lire et relire tout ce qu'il écrit, ses univers et son écriture me sont devenus trop familiers, et des fois tout se ressemble trop à mes yeux. Cela n'enlève rien au plaisir que j'ai à lire ces textes (d'ailleurs j'ai adoré lire Black Dog qui est une suite d'un de ses romans), mais j'aimerais avoir l'occasion d'être à nouveau réellement surprise par ses écrits, encore plus lorsqu'il s'agit de nouvelles.
Mais je ne pense pas que ce problème soit susceptible de déranger le lecteur lambda et occasionnel, je ne peux donc que souhaiter une traduction rapide de ce recueil afin que le plus de monde possible puisse en profiter !
Il y a longtemps que je veux me pencher sur les nouvelles de Gaiman. "Des choses fragiles" me parait une belle porte d'entrée ("Miroirs et fumée" semble ne plus être très dispo...).
RépondreSupprimerQuant à ce "Trigger warning", on attendra la traduction, qui ne tardera sans doute pas. Après tout, il s'agit de Gaiman, ça suffit pour faire vite.^^
@Lorhkan
RépondreSupprimerJ'aurais tendance à recommander comme première expérience Miroirs et fumées... mais effectivement s'il se fait rare, y'a de chouettes textes dans Des choses fragiles aussi ^^.
Of course, je vais le lire.
RépondreSupprimerNeil forever! (Oui, je sais, c'est l'argumentaire du siècle!)
@Karine:)
RépondreSupprimerC'est une excellente raison ^^