Jusqu'à maintenant j'avais toujours croisé Poul Anderson sous forme de nouvelles ou de novellas. Il était grand temps que je m'attaque à quelque chose de plus consistant. Et quoi de mieux qu'un petit roman de hard SF pour cela ? (non ne prenez pas la fuite tout de suite !).
Tau Zéro nous raconte la destinée de cinquante Terriens du XXIIIe siècle qui partent à bord d'un vaisseau spatial pour coloniser une planète à quelques années lumière de là. Ce voyage durera cinq ans pour eux mais trente ans pour le reste de l'univers. Enfin, si tout se passe comme prévu, bien sûr...
Tout le roman repose sur l'étude d'un principe physique, celui du décalage temporel qui se produit lorsqu'on voyage à une vitesse qui s'approche de la lumière, on nage donc vraiment dans la pure hard SF et pourtant ça ne m'a nullement gêné à la lecture.
C'est sans doute parce que l'auteur se concentrant principalement sur cette seule idée (et ses conséquences). On a donc le temps de la comprendre et on ne risque pas de finir noyer sous les théories. Même si certaines passages sont restés pour moi du charabia scientifique incompréhensible, j'ai trouvé le sujet abordable, on est quand même dans des notions qu'on a pu croisé ici et là en SF ou même en cours de physique.
Ce qui m'a frappé à la lecture de Tau Zéro, au risque de paraphraser les collègues, c'est le côté vertigineux de l'histoire qui nous emmène dans un périple unique dont on ne ressort pas totalement indemne. La quatrième de couverture (on devrait donner un prix au Bélial rien que pour l'excellence de ses 4e de couverture, en plus de celle des livres) parle de sense of wonder, c'est tout à fait ça.
Ca m'a fait un peu penser à certains passages de Palimpseste pour le côté « écoulement du temps à des échelles inhumaines », mais surtout (et un peu bizarrement) j'ai pensé à Gravity (ce film me poursuit décidément) dans cet art de nous obliger à tourner les yeux vers le ciel pour rêver de l'espace dans toute son immensité. Parce que c'est ça aussi Tau Zéro, une grande aventure spatiale.
Et qui dit aventure dit protagonistes, et Poul Anderson ne l'a pas oublié puisqu'il consacre une bonne partie du roman à mettre en scène les réactions de ces explorateurs de l'espace enfermés en vase clos, incertains quand à leur survie à proche ou plus long terme.
Même si les personnages sont assez peu développés (si bien que dans l'ensemble on en reste assez éloigné), toute l'étude sur comment maintenir le moral de l'équipage envers et contre tout est très intéressante également. Hard science donc, mais non sans une touche de sciences humaines !
Vous l'aurez compris, ce livre a été un authentique coup de cœur, le genre qu'on aimerait ensuite faire lire à tout son entourage juste pour qu'ils puissent eux aussi découvrir cette vertigineuse aventure. A défaut, je peux au moins essayer de vous convaincre vous de le lire !
A noter que comme d'habitude au Bélial, on a un ouvrage vraiment complet puisque le roman est accompagné d'une préface du traducteur, Jean-Daniel Brèque, qui présente l'ouvrage plutôt dans sa dimension littéraire, et d'une postface de Roland Lehoucq qui décrypte les différents éléments scientifiques du livre, ce qui permet d'obtenir quelques éclaircissements et de constater la rigueur scientifique de Poul Anderson en prime.
Quant à moi, je n'ai plus qu'à mettre Barrière mentale sur ma liste de Noël...
Une belle claque de pure SF, un excellent souvenir !
RépondreSupprimerVertigineux, c'est vraiment le mot juste, et j'approuve la comparaison avec "Palimpseste" auquel je n'ai pas compris grand chose mais qui m'a fait malgré tout ressentir le même genre de chose.
Moi qui ne suis pas un fan absolu de hard science, j’avoue être intrigué par vos critiques dithyrambiques… Je note ;)
RépondreSupprimer@Lorhkan
RépondreSupprimerRoh voyons tu n'as fait aucun effort sur Palimpseste (moi j'ai compris que je n'avais rien compris au moins :D)
@Escrocgriffe
C'est très accessible comme hard science franchement, tu peux y jeter un oeil ^^
Enorme déception pour moi, qui avais déjà lu du très bon Poul Anderson.
RépondreSupprimerJ'ai failli le refermer au bout de 80 pages de ce qui n'est qu'un Harlequin dans l'espace.
Heureusement l'histoire finit par démarrer et les aspects hard SF ne sont pas trop mal traités, car pour le reste on repassera.
Note amusante : l'auteur use et abuse du procédé qu'on interdit (à juste titre) à tout auteur débutant, qui consiste à faire passer une information au lecteur au moyen d'un dialogue entre des protagonistes qui connaissent déjà le sujet, du genre : "Comme vous le savez, blablabla".
Heureusement il y a en postface l'étude de Roland Lehoucq, qui est un vrai physicien, et la superbe couverture de Manchu.
un style que je ne lis au final quasiment jamais... Mais que j'aimerais développer un peu plus ! Reste à voir si Mr Anderson gagnera la bataille... ^^
RépondreSupprimerC'est drôle, je viens de lire Le Gambit des étoiles de Gérard Klein qui utilise le même principe de décalage temporel. Sauf que même si c'est quasiment pas expliqué scientifiquement, j'ai déjà eu un peu de mal par moment...
RépondreSupprimerDu coup, même si ton billet est tentant, je ne suis pas sûr de tenter l'expérience. Sauf si Griaule le place sur ma route, évidemment.
Et je tiens à confirmer que oui, Gravity semble te hanter. ^^
@Thierry
RépondreSupprimerOui c'est vrai qu'il y a pas mal de romance (ça aurait fait un bon candidat pour mon challenge de cet été xD), mais j'ai trouvé que ça s'inscrivait bien dans la logique de l'histoire.
Enfin bon, des goûts et des couleurs comme on dit ^^
@Raven
Je pense que tu peux tenter pour une fois (au pire en l'empruntant ^^)
@Baroona
Je vais expliquer à Griaule qu'il faut te convaincre alors :P
Moi j'ai découvert Poul Anderson avec ce roman et comme pour toi ça a été un coup de cœur. C'est bien dommage qu'il ne soit pas plus traduit en France
RépondreSupprimer@Chiwi
RépondreSupprimerHeureusement il y a déjà pas mal de choses de dispo au Belial (et un nouveau titre de prévu en 2014 je crois ^^)