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jeudi 12 septembre 2013

La vallée de l'éternel retour - Ursula K. Le Guin


En règle générale, je mets un point d’honneur à toujours terminer les livres. Ces dernières années, les seuls livres que je n’ai jamais fini sont ceux que je n’ai pas commencé, tout simplement (comprendre « n’ai pas dépassé la première page »). Mais pour ce roman, j’ai été obligée de m’avouer vaincue, et c’est sans être venue à bout des 100 dernières pages que je vous rend cette chronique.

La vallée de l’éternel retour est un objet littéraire fort étrange puisqu’il s’agit d’une archéologie du futur. En guise de roman, on se retrouve donc avec un recueil de documents : récits, contes, poèmes, chants, description de rites, arbres généalogiques, plans, dessins…

C’est comme si l’auteure nous présentait ses recherches, à ceci près qu’elles portent sur une culture en question n’existe pas… encore. Il s’agit en fait d’habitants de la Californie vivant à une époque future assez indéterminée, possiblement après une catastrophe, qui adoptent des modes de vie évoquant les peuples amérindiens.

Du coup si la démarche est magnifique (elle a vraiment créé de toutes pièces une civilisation originale et fascinante à découvrir), le résultat est difficile à apprécier, et pourtant j’adore Ursula K. Le Guin. Et j’adore aussi les ramassis de fragments et de notes (vous savez les trucs genre l’Histoire de la Terre du Milieu).

Mais là j’ai souvent buté sur des fragments très difficiles à appréhender, tant la culture Kesh se révèle différente (avec un D majuscule) et étrange. C’est un des grands talents d’Ursula K. Le Guin, d’arriver à créer de toutes pièces des cultures et des univers qui semblent vraiment étrangers, différents (et non de pâles copies, dérivations ou parodies de ce qu’on connaît), mais en l’absence d’un point de repère (généralement un étranger à cette culture qui la découvre avec nous), force est de constater qu’elle m’a complètement perdue.

Il n’y a aucune trame narrative dans cet ouvrage, tout au plus quelques fragments d’histoire qui se suivent, et un récit mi-biographie mi-roman d'apprentissage, celui de Roche qui raconte, qui est de loin le meilleur élément du recueil (passionnant et accessible).
« Presque tout est double chez les adolescents. Leurs mensonges sont vrais, leurs vérités sont des mensonges, et leurs cœurs sont brisés par le monde. Ils tournoient et ils tombent. Ils ont le regard perçant, et ils sont aveugles. »
Mais il ne représente à peine 150 pages sur les 550 du livre, trop peu pour devenir un vrai fil conducteur. Du coup, en dépit de la beauté de l’ouvrage (imprimé en sépia, truffé d’illustrations) et de la qualité du travail d’imagination (j’allais écrire « de recherche », c’est dire), j’ai eu bien du mal à terminer ce livre. J'ai survolé de nombreux passages et, contrairement à mon habitude, je l’ai abandonné en arrivant à la partie «arrière du livre » (alors que je suis du genre à lire les appendices de A à Z).

Il y a tout ce qui fait la beauté des écrits d’Ursula K. Le Guin dans La vallée de l'éternel retour, mais la forme est trop aride à mon goût (c’est vraiment un ouvrage pour initiés). Je pense qu’on peut pratiquement qualifier ça de hard-science, ce qui n’est pas courant quand il s’agit de sciences humaines !

Au final, seule l’histoire de Roche qui raconte aura vraiment su me toucher. Si le livre vous passe entre les mains, je vous recommande d'y jeter un oeil, c’est un excellent texte à lire. Pour le reste, c’est vraiment un ouvrage étrange et particulier qui ne plaira sans doute qu'à un petit cercle. Vous voilà donc prévenus.

CITRIQ

9 commentaires:

  1. Déjà eu envie de le lire, mais ce côté "archéologie du futur" semblait nuire au récit, d'après ce que j'en lisais. Tu confirmes cela. Peut-être le lirais-je en poche? Mais je dois bien avouer que j'ai plein d'autres livres à découvrir de l'auteure.

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  2. L'auteure a écrit des textes bien plus accessibles que celui-là (que je recommanderais pas spécialement, même si j'ai trouvé des chroniques très positives).

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  3. J'avais également tenté de le lire et j'ai eu le même souci que toi ! Le travail effectué est impressionnant, mais il faut bien admettre que c'est plutôt ennuyeux à lire ! Même l'histoire de Roche-qui-raconte était trop lente et entrecoupée pour retenir mon attention ! J'ai abandonné après 150 pages...

    Pour ma part, je conseillerai plutôt Terremer (fantasy sword and sorcey à la sauce ethnologique) et Dons, une trilogie young adults bien troussée !

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  4. Il est vrai que c'est difficile à lire, j'avais du m'accrocher aussi, dommage que tu n'aies pas tenues pour les 100 dernières pages, il n'en restait plus beaucoup xD.
    Après malgré la difficulté, j'avais vraiment apprécié ce recueil riche et complexe. Et puis son écriture est toujours aussi magique.

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  5. @JainaXF
    Terremer et Les Chroniques des Rivages de l'ouest sont très bien aussi, mais c'est pas de la SF c'est pour ça que je les ai pas cités ^^

    @Endea
    Je m'étais déjà trop forcée pour avancer, j'ai préféré jeter l'éponge avant d'être dégoûtée de l'auteure (ce qui aurait été très dommage quand même)

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  6. Je pense que chaque livre a un "moment", qu'il vient à point à un instant et ne serait peut-être pas passé à un autre. Par exemple, je suis persuadée que si j'avais lu celui-ci maintenant ou cet été, il serait passé à la trappe. Je l'ai lu à un moment où le concept de création d'un univers entier me fascinait et il est passé. Mais je ne sais toujours pas quoi penser de ma lecture, c'était une expérience vraiment étrange. Et pas la première de l'auteur parce que j'ai un Actes Sud publié il y a un bout de temps et dont le titre m'échappe qui, lui, est constitué de textes recréant un pays européen inexistant (ça doit être Chroniques orsiniennes, un truc comme ça).
    Bref, tout ça pour dire que je peux comprendre pourquoi on aurait envie de lâcher ce livre ^_^.

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  7. @Cachou
    Je suis bien d'accord, j'aurais ptêtre mieux apprécier à un autre moment. Mais là déjà j'ai eu la bonne idée de l'emmener en vacances, première erreur xD.

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  8. J'ai eu l'occasion de feuilleter ce superbe objet-livre, mais le prix m'avait sérieusement refroidi, et le contenu assez "différent" n'avait pas su me convaincre.
    Pourtant j'aime beaucoup les livres-univers, mais je n'arrivais pas à voir dans celui-ci quelque chose d'assez marquant qui me fasse l'acheter.
    Et comme le dit Cachou, on ne peut aborder ce genre de livres n'importa quand, la fleur au fusil. Ca demande de l'investissement, que je ne suis pas prêt à donner pour le moment.
    Donc pour un éventuel achat, on verra plus tard ! ;)

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  9. Il y a des tas de textes d'Ursula Le Guin qui sont bien plus faciles à aborder, celui-là n'est pas une priorité ^^

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