Il est un peu bizarre cet épisode. Il s’annonce sur un ton très léger (avec le retour de Craig de l’hilarant The Lodger), et en même temps, si vous trouvez sans préavis avec les yeux humides, ça ne sera pas surprenant, car il y a une tristesse qui sous-tend cette aventure guillerette qui nous ressort les bons vieux Cybermen de Doctor Who. Ca fait longtemps qu’on ne les avait pas vus autrement qu’en figurants d’ailleurs.
Tout commence dans un grand magasin, qui n’est pas sans rappeler le tout premier épisode de la saison 1, Rose. C’est assez marrant comme cette saison évoque de plus en plus l’ère Russel T Davies, même le parcours de Eleven commence à évoquer celui de Ten.
Mais trêve de plaisanterie, car il y a un problème dans ce magasin. Non, on n’y trouve pas des mannequins qui bougent. A la place nous avons, outre des problèmes électriques, un Cyberman dans une cabine d’essayage.
J’étais contente d’avoir fait mon shopping avant de voir l’épisode, je pense que je vais me méfier des cabines d’essayage dans les magasins de fringues un petit moment. C’est assez marrant cette introduction, tout à coup je me suis rappelée que les Cybermen étaient flippants, ce qui n’était pas flagrant dans leur dernière apparition.
A quelques pas de là, Craig s’apprête à passer un week-end seul tandis que sa Sophie part se reposer chez une amie. Pas de panique, elle a tout préparé (elle a même mis des post-it dans le frigo !), ce qui exaspère Craig qui en a marre qu’on ne le croit pas capable de se débrouiller seul.
- I can cope on my own !
- Hello, Craig ! I'm back !
- She didn't ? How could she phone you ?
Et ça commence, j’adore comment il pense d’abord que Sophie a contacté le Doctor pour veiller sur lui. Ca ne serait pas ma première idée personnellement d’appeler le Doctor, j’aurais trop peur de ne pas retrouver ma maison, même si la suite m’a donné tort.
Remarquez, je ne savais pas non plus à quel point le Doctor sait y faire avec les bébés. Car c’est l’un des axes centraux de cet épisode, l’art d’élever les enfants : Craig a un fils, et tout le monde est persuadé qu’il ne pourrait jamais s’en occuper seul.
- Yes, he likes that, Alfie. Though personally he prefers to be called Stormageddon, Dark Lord Of All.
Et voilà le Doctor qui sert de traducteur, j’adore ! Mais inutile de nous éterniser, le Doctor passait juste faire coucou (un peu comme Ten avant sa régénération, difficile de ne pas y penser), et le voilà déjà qui repart, parce qu’il en finit avec les enquêtes et tout le tintouin.
- I am through saving them. I'm going away now.
Sauf qu’il ne peut pas résister à sauver le monde une dernière fois (j’aime comment il monologue appuyé son TARDIS), malgré ce qui l’attend. Et le voilà qui se reconvertit !
Pour un peu je m’attendais à un « I work in a toy shop now, toy shops are cool ! », mais la scène est tout aussi hilarante, et touchante en même temps. Il sait vraiment y faire avec les enfants. Evidemment, Craig croise sa route, et commence à comprendre qu’il y a anguille sous roche…
Ca devient plus qu’évident lorsqu’il emprunte l’ascenseur avec le Doctor…
- A teleport ? Like a beam me up teleport, like you see in Star Trek ?
- Exactly. Someone's been using a beam me up Star Trek teleport. Could be disguised as anything.
- But a teleport ? In a shop ? That's ridiculous ! What was that ? Was that the lights again ?
- Yes, that's it. That's all, it's the lights.
[…]
- Just keep looking at me, Craig. Right at me, just keep looking.
- Why ?
- Well, because, because, because...I love you.
J’adore comment le Doctor improvise sur le moment pour le distraire. Ils ont une sacré alchimie les deux, et j’avoue que j’adore ces aventures avec des compagnons masculins. Enfin je comprends un peu l’artifice scénaristique qui fait qu’il se balade toujours avec des nanas, mais le voir avec un Rory ou un Craig est drôlement chouette aussi.
D’ailleurs Craig se nomme lui-même compagnon d’un épisode, et décide de rester à ses côtés, ce qui contraste drôlement avec les deux derniers épisodes. Et il rappelle quand même quelque chose de très juste en passant.
- I know where it's safest, for me and Alfie. And that's right next to you. Is that so ? Yeah, you always win, you always survive !
Du coup les voilà officiellement partenaires, et ils partent enquêter avec Alphie. Oui, les 3/4 de cet épisode se déroulent en compagnie d’un bébé, ce qui est assez surréaliste, parce que personne de censé n’emmènerait un bébé dans une telle aventure. Mais pour se prouver qu’on peut gérer n’importe quelle situation de crise, quoi de mieux !
(et ils n’ont utilisé que sept bébés différents pour le tournage selon le Confidential, rien que ça !)
Les voilà donc qui interrogent les employés du magasin. Le Doctor s’occupe de Val, la commère du coin, qui approuve totalement la relation entre le Doctor et Craig :
- Hope you don't mind me saying, Doctor, but I think you look ever so sweet, you and your partner and the baby.
- Partner. Yes, I like it. Is it better than 'companion' ?
Et entre deux ragots sur les employés, évoque une mystérieuse souris électronique qui intéresse beaucoup plus le Doctor.
Craig a beaucoup moins de chance avec une vendeuse qui aurait pu être Rose dans une saison antérieure (encore une référence discrète). Heureusement, le Doctor intervient pour lui éviter d’être expulsé du magasin. Quelle idée aussi, de mener son enquête au rayon lingerie !
- How do you do that ? It's a power, isn't it, some sort of weird alien hypnotic power, I bet you excrete some sort of gas that makes people love you.
Et voilà Craig persuadé que le Doctor a de mystérieux talents pour se faire aimer des gens, rien que ça ! Il y a plein de répliques perles dans ce genre, sans parler du nombre de dialogues où le Doctor est limite insultant sur un ton guilleret. Et il y a sa technique pour amener le silence accessoirement. Mais je ne vais pas tout vous citer.
Accessoirement, Craig trouve tout de même gonflé de voir pour la deuxième fois de sa vie des aliens dans sa ville. Plus deux visites du Doctor, c’est tout de même suspicieux. Mais non, lui dit le Doctor :
- Craig it's a coincidence. It happens, it's what the universe does for... fun
Et aussitôt qu’il se retourne, bam !
Ah bah ils n’ont pas été absents longtemps ces deux-là. On imagine qu’ils vont se faire coucou maintenant... mais absolument pas, le Doctor se planque, le vilain ! Les expressions qui traversent son visage, quand il hésite à aller leur parler sont vraiment poignantes.
Et voilà donc le destin d’Amy après le Doctor (j’adore le nom du parfum). Je trouvais que ce n’était pas très glorieux de carrière de devenir mannequin après avoir voyagé d’une galaxie à l’autre, mais finalement ça n’est pas si bête que ça.
Cela permet à Amy de communiquer avec lui puisqu’avec le Doctor il faut toujours voir grand pour faire passer un message. Message pour le moins clair dans ce cas : elle a arrêté de l’attendre. C’est bien Amy, on est fier de toi !
Bref après ce petit interlude émouvant, le Doctor et Craig (et Alphie) partent chasser le Cybermat, vu que c’est le véritable nom de cette souris électronique, qu’ils attrapent avec un filet (quoi de plus normal). Après quoi le Doctor se fait assommer par un cyberman, et retour à la base (enfin la maison de Craig).
Et là, encore un petit moment émotion, lorsque le Doctor se retrouve à baby-sitter Alphie.
But I am old, Stormy. I am so old. So near the end. You, Alfie Owens, you are so young, aren't you ? And, you know, right now, everything's ahead of you. You could be anything. Yes, I know. You could walk among the stars. They don't actually look like that, you know, they are rather more impressive. Yeah !
You know, when I was little like you, I dreamt of the stars. I think it's fair to say, in the language of your age, that I lived my dream. I owned the stage, gave it a 110%. I hope you have as much fun as I did, Alfie.
Le Doctor passe son temps à monologuer dans cet épisode, difficile de ne pas sentir la fin qui approche. Et on en a la confirmation après une petite confrontation avec le cybermat (complètement délirante avec Alphie dans les bras, c’est vraiment la valeur ajoutée improbable de l’épisode ce petit), dans une petite discussion avec Craig :
- Do you still feel safe with me, Craig ?
- You can't help who your mates are.
- No !
- I am a stupid and selfish man. Always have been. I should have made you go, I should never have come here.
- What would have happened if you hadn't come ? Who else knows about Cybermen or teleports ?
- I put people in danger.
- Stop beating yourself up ! If it wasn't for you this whole planet would be an absolute ruin.
- Craig, very soon I won't be here... my time is running out.
J’aime bien l’acceptation de Craig, qui contraste avec le rejet d’Amy et Rory, un peu comme les deux faces d’une même pièce. Et c’est vrai finalement, le Doctor est dangereux, mais il sauve aussi des vies. Et il va mourir accessoirement, ça c’est moins cool.
Il est donc grand temps d’éclaircir le mystère Cybermen, qui finalement se révèle assez léger, il s’agit d’un vaisseau enterré depuis des lustres (et ça fait plaisir de réentendre leur thème musical d’ailleurs). On aurait pu avoir un épisode entier très flippant sur le sujet, finalement la conclusion est un peu expédiée.
Forcément, entre les dilemmes de Craig et la destinée du Doctor, il ne reste plus bien de la place pour les cybermen, et forcément une fois Craig menacé de cyberconversion, la résolution est assez peu originale (je respecte cependant qu’il ait confié Alphie à Val avant de suivre le Doctor, je n’ose imaginer le bordel sinon).
- I blew them up with love !
- No, that's impossible, and also grossly sentimental and over simplistic, You destroyed them because of the deeply ingrained hereditary human trait to protect one's own genes which in turn triggered a... uh... Yeah. Love. You blew them up with love.
Même le Doctor n’est pas convaincu par ce pouvoir de l’amour. Ceci dit moi je suis en plein revisionnage de
Sailor Moon, alors j’avoue que ça ne me change pas trop ces résolutions un peu foireuses.
Bref après quelques confusions au sujet du couple Doctor/Craig, le Doctor se carapate pour faire le ménage chez Craig (il est drôlement efficace d’ailleurs, il passe chez moi quand il veut, en plus j’aurais bien besoin d’un placard plus grand à l’intérieur, et d'étagères avec les mêmes propriétés, si vous voyez ce que je veux dire…).
Et là tout à coup, sur un ton en apparence léger, l’intrigue de la saison 6 s’impose à nouveau avec quelques symboles très forts :
- I hope Sophie won't mind, I need these.
Et voilà le retour des enveloppes de l’épisode 1 de cette saison…
... Ainsi que le Stetson, la boucle est bouclée. Ce Doctor est le Doctor qu’on voit dans The Impossible Astronaut. Ce qui ne présume rien de bon, d’ailleurs, les cinq dernières minutes sont claires à ce sujet.
Docteur River Song, en pleine recherche sur le Doctor, interrompue par une sinistre comptine enfantine…
Tick, tock, goes the clock.
And what now shall we play ?
Tick, tock, goes the clock.
Now summer's gone away.
... chantée par Madame Kovarian, même que je déteste son sourire…
… et il y a aussi des Silence que je n’avais pas vu tout de suite au premier visionnage (alors qu’on les voit bouger dans l’ombre avant qu’ils avancent, c'est encore plus creepy)…
Et un costume d’astronaute bien familier…
Tick, tock, goes the clock
And all the years they fly.
Tick, tock, and all too soon
Your love will surely die.
Tick tock goes the clock
He cradled her and he rocked her
Tick tock goes the clock
'Till River kills the Doctor...
Et vlan ! Je ne devrais même pas être surprise, sauf qu’il ne m’est jamais venu à l’esprit que la River qui tuait le Doctor était aussi vieille. J’étais persuadée qu’il s’agissait de la petite Melody moi, et qu’elle ne s’en rappelait plus à cause des manipulations des Silence…
Pourtant ça a plus de sens dans sa chronologie que ce soit ça, même si remettre les épisodes dans l’ordre de sa vie à elle se révèle être un sacré bordel (il faut dire que deux à trois versions différentes d’elle apparaissent dans certains épisodes !)
Bref, si on laisse de côté la résolution trop rapide (c’est un peu le défaut de cette saison, aussi intéressante que soit l’intrigue de fond, elle obture un peu trop les intrigues d’épisode), c’est un épisode sympathique, plutôt léger et qui rééquilibre le côté sombre du Doctor qui dominait sur les épisodes d’avant.
Et entre le teaser bordélique au possible, et
la prequel flippante, je sens que le final va être épique.