C’est toujours assez marrant, comme entre deux lectures sérieuses on a parfois envie de lire quelque chose de plus divertissant, un bouquin un peu naze vite terminé. J’avais envie d’une niaiserie, d’une romance à deux sous, je lorgnais même les Anita Blake en bit-lit (c’est dire !), et puis Belle m’est tombé dans les mains.
Il faut dire que la couverture (signée Alain Brion, qui s’est aussi chargé de la réédition du Dit de la Terre Plate) est juste magnifique. D’office, ça fait envie, et quand on sait que derrière il y a une réécriture de la Belle et la Bête, il était évident que question niaiserie sentimentale, j’allais être servie.
Je vous épargne le résumé, vous êtes sûrement familiers de l’histoire, que ce soit grâce à n’importe quel recueil de contes ou grâce à la version Disney. La pauvre Belle qui part vivre dans le château de la Bête pour sauver la vie de son père qui a osé y cueillir une rose pour son humble fille, et même qu’à la fin ils vécurent heureux jusqu’à la fin de leurs jours…
Le roman de Robin McKinley suit tout à fait la trame du conte de Madame de Beaumont. Le seul changement narratif majeur se trouve dans les personnages des deux sœurs, qui ne sont plus deux abominables garces mais deux adorables jeunes filles.
L’histoire est racontée à la première personne par l’héroïne, Belle, qui préfère rester chez elle et à faire des promenades à cheval et à étudier les vieux ouvrages en latin et en grec (autant le reste de l'histoire est intemporel, autant les auteurs mentionnés sont réels, surtout chez la Bête).
La grande particularité du personnage est qu’elle est persuadé de ne pas être belle justement, et le roman s’articule presque plus sur l’acceptation de sa beauté que sur l’histoire entre la Belle et la Bête. En temps normal ce genre de propos sur la beauté m’aurait royalement gonflé, mais dans ce roman, c’est une manière détournée de parler du passage à l’âge adulte, et ça passe plutôt bien.
Tout le roman se lit avec plaisir d’ailleurs. On a tout à fait l’impression de lire un conte, mais une version étendue avec un peu plus de détails, surtout sur les prémices quand la famille de Belle doit s’installer à la campagne.
C’est d’ailleurs l’aspect le plus bizarre du roman : il confronte un univers extrêmement réaliste de la vie de la famille de Belle à la vie de Belle au château où Magie fait tellement loi qu’on se croiserait dans un autre univers. Du coup j’avais un peu l’impression que les deux parties ne coïncidaient pas parfaitement.
C’est le seul reproche que je ferais à Belle, qui pour le reste est une réécriture tout à fait honnête du conte originel. Elle a su garder la trame originale en supprimant la morale de l’époque qui peut vous faire hausser un sourcil ou deux aujourd’hui (comme je l’ai moi-même fait en relisant la version disponible sur Gallica, d’ailleurs il va falloir que j’explore un peu ce qu’ils ont comme recueils de contes…).
Apparemment, Robin McKinley a écrit d’autres réécritures de contes (une deuxième sur la Belle et la Bête, une sur la Belle au bois dormant) sans parler de ses autres romans. J’espère bien qu’ils seront traduits à leur tour.
Question de génération, sûrement, mais j'aurais pour ma part cité le (magnifique) film de Cocteau (avec Jean Marais) et certainement pas le Disney ;o)
RépondreSupprimerIntéressant, intéressant. Tu me donnes envie ! Surtout que j'ai beaucoup apprécié la version de la Belle et la bête qu'il y a dans le recueil Contes de villes et de fusées, du coup j'ai bien envie d'en découvrir une autre.
RépondreSupprimerFin de toute manière, en ce moment j'ai de plus en plus envie de (re)découvrir des contes. Faut juste que je trouve le bon moment pour le faire :P
Cela fait presque peur ces mains poilues sur les épaules de la jeune fille xD
RépondreSupprimerAhh la Belle et la Bête de Cocteau, je l'ai vu et revu, enfant ^^
Jamais réussi à voir le Cocteau, quand j'étais petite il me terrifiait xD
RépondreSupprimer(mais faudra que je rattrape un jour...)
@Olya
Bah tu prends un livre de contes, tu t'assoies sur une chaise et tu lis :P