Cela fait quelques années que j’ai découvert Connie Willis, par le biais le plus improbable de… Télérama. Ils ont publié un jour une critique de Passage, et trouver cela dans cette revue m’avait perturbé à tel point que je l’ai rentré dans ma tête pour une éventuelle lecture. La couverture de la première édition française, était qui plus est, particulièrement magnifique.
Je suis un jour tombée un peu par hasard sur ce roman à la bibliothèque, je l’ai donc emprunté et je l’ai dévoré, fascinée par cette histoire sur les NDE (expériences de mort imminente) qui prenait complètement à contrepied les clichés habituels du genre. C’est donc tout naturellement que je me suis tournée vers ses autres écrits par la suite (qui ne sont pas extrêmement nombreux mais tout aussi intéressants à lire).
Bref en cherchant un roman à proposer pour la lecture commune du Cercle d’Atuan, j’ai repensé à Sans parler du chien qui est mon deuxième favori de cette auteur (à égalité avec Passage, pas de jaloux !). Je ne m’attendais pas à qu’il soit choisi, mais du coup cela me donne un excellent prétexte pour en faire une critique un peu plus développée que celle que j’avais écrite sur mon ancien blog (cinq lignes, résumé inclus… la belle époque !)
Sans parler du chien ou comment nous retrouvâmes la potiche de l’évêque, de son titre complet est une histoire de voyage dans le temps. Au XXIe siècle (oui ce roman a été écrit au XXe siècle), des scientifiques ont découvert le voyage temporel et ont commencé à envoyer des gens dans le passé, par exemple au Moyen-Age, comme le raconte un précédent roman se situant dans le même univers, le Grand Livre.
Seulement, une fois qu’on se rendit compte qu’on ne pouvait rien ramener de ces voyages, tout le monde se désintéressa du procédé à l’exception des historiens… et d’une américaine excentrique, Lady Scharpnell qui souhaite reconstruire telle qu’elle était avant sa destruction la cathédrale de Coventry, trésors compris.
C’est pourquoi Ned Henry, historien, est envoyé en pleine seconde guerre mondiale pour tenter de retrouver la trace de la potiche de l’évêque, ornement qui a disparu lors du bombardement de la cathédrale. Cependant, à cause de ses nombreux allers et retours, il souffre de déphasage (autrement dit, il est complètement à l’Ouest), et pour le soustraire à la furie de Lady Scharpnell, on décide de l’envoyer au XIXe siècle, où il pourra se reposer après avoir aidé à résoudre un problème de rupture du continuum temporel.
Enfin ça, vous le comprendrez une fois dépassé les premiers chapitres du livre, puisque que l’histoire est racontée du point de vue de Ned, ce qui donne un point de vue assez fumeux sur les premières pages…
(non vous n’aurez pas d’extraits, je n’ai pas emporté mon livre en vacances et cette chronique a été rédigée dans le train)
Sans parler du chien est un roman assez unique en son genre, parce qu’il a de multiples facettes. La thématique du voyage dans le temps donne lieu à de succulentes théories sur les paradoxes temporels ainsi que de nombreuses réflexions délicieuses sur l’Histoire et comment elle s’écrit (qui raviront les amateurs).
Mais ce roman est aussi un hommage à Trois hommes dans un bateau sans parler du chien de Jérôme K. Jérôme (qu’il n’est pas nécessaire d’avoir lu, mais outre les en-têtes de chapitre, je soupçonne Connie Willis de lui avoir emprunté quelques péripéties), et accessoirement une très bonne évocation de l’Angleterre victorienne de la fin du XIXe siècle
Entre les canotiers, les séances de spiritisme, les kermesses, les débats d’universitaires complètement à l’ouest, les trains à vapeur, les majordomes qui se plient en quatre pour servir leurs maitres… on s’y croirait et c’est incroyablement bien rendu.
Présenté comme cela, on pourrait croire à un roman un peu élitiste truffé de références, mais ce n’est pas ça. Certes il y a plein de références (qui nécessiteront à mon avis une quinzaine d’experts dans des domaines différents pour toutes les saisir), mais on peut parfaitement apprécie ce livre sans les voir (comme à ma première lecture).
L’histoire est en effet très plaisante à lire. Il y a un bon scénario derrière (comment diable éviter de réécrire complètement l’histoire à partir d’un minuscule détail qui change) qui donne lieu à des réflexions et des retournements de situation en tout genre. L’auteur raconte le tout avec beaucoup d’humour (très absurde), et les dialogues sont un vrai régal tant ils sont vivants.
Il faut dire que les personnages qui y participent sont incroyablement vivants (et souvent très attachants), au point qu’ils sortiraient presque des pages. Tous sont extrêmement crédibles, pas stéréotypés (bien qu’on ait affaire à des stéréotypes pour certains), à tel point qu’on arrive à capter jusqu’à la personnalité des animaux, également très réalistes. Je pense que je ne suis pas prête d’oublier les échanges entre Ned et « Juju » d’ailleurs.
Bref c’est un roman drôle et intelligent, bien construit, et histoire de ne pas me répéter, très plaisant à lire. Il m’avait déjà marqué quand je l’ai lu il y a trois ans, et mon opinion n’a pas changé depuis, bien au contraire. Assez unique dans son genre, ce roman vaut vraiment le détour. Maintenant je n’ai plus qu’une envie, me relire Passage…
Encore mille merci, Vert, pour nous avoir proposé ce livre. Non pas un coup de cœur pour moi, mais un coup de foudre. Je n'en suis pas encore tout à fait remis. Et dire que j'ai Passage qui m'attend. Le bonheur c'est simple comme un bon livre.
RépondreSupprimerJ'espère avoir un jour l'occasion de te rendre la pareille, en t'incitant à lire un livre pour lequel tu auras un réel coup de coeur, comme ce fut le cas ici pour moi. Merci beaucoup pour ces moments de plaisir partagés et les échanges savoureux qu'ils ont engendrés sur le Cercle.
RépondreSupprimerEt moi je suis ravie qu'il vous ait plus ^^
RépondreSupprimerJ'ai lu plusieurs billets sur ce livre. Avec le tien, ça me donne vraiment envie de sauter dessus. Merci ;o)
RépondreSupprimerBonjour, excuse moi de poser mon commentaire un peu gratuitement sur une page qui n'a rien à voir, mais je suis comme toi un grand lecteur de fantasy, de fantastique, etc. Et je viens d'ouvrir un blog qui se veut participatif :
RépondreSupprimerJ'ignore si en plus de lire tu écris, mais si tel est le cas n'hésite pas à passer sur mon blog et à participer au thème. Le premier thème ayant pour titre:
DE LA SURVIVANCE DES DIVINITÉS MINEURES LOVECRAFTIENNES
Une étude des divinités mineures lovecraftiennes par le Dr Franz Blažek
Voici l'adresse :
http://machinations-demiurgiques.blogspot.com/
A+.
Très bel article, sur ce bouquin que j'ai aussi particulièrement aimé ! Sympa ton blog !
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