Entre deux Ursula Le Guin, j’en ai profité pour continuer à explorer l’univers de Theodore Sturgeon avec son deuxième titre phare, dont on m’avait vanté les mérites à plusieurs reprises, les Plus qu’humains. Mais assez curieusement, autant j’ai accroché à Cristal qui songe et à Un peu de ton sang, autant là, non.
Pourtant on retrouve pas mal d’éléments communs. Les plus qu’humains, c’est la rencontre improbable de personnes plus qu’atypiques (un idiot du village, une télékinésiste, deux jumelles qui se téléportent, un télépathe et un bébé trisomique mais néanmoins un génie), qui ensemble sont comme les parties d’un même être, l’Homo Gestalt, sans doute l’étape suivante de l’évolution humaine.
Je ne sais pas si on peut vraiment parler d’un roman, celui-ci étant découpée en trois grosses nouvelles plutôt différentes, qui forment l’histoire (un peu comme l’Homo Gestalt, maintenant que j’y pense, il y a une certaine corrélation fond/forme).
Comme dans ses précédents romans, Theodore Sturgeon n’a pas son pareil pour parler des gens différents, des laissés-pour-compte, des solitaires, et avec sa manière bien particulière de se coller dans leur peau. Le début du roman, qui suit les traces de Tousseul, est tout à fait réussi dans le domaine (et m’a évoqué de suite Des fleurs pour Algernon).
Une recette prometteuse, et pourtant j’ai été un peu déçue par ce roman, sans doute parce que j’en attendais trop. Je l’ai trouvé plutôt confus, à cause des ellipses monstrueuses entre les trois parties (qui sont ensuite comblées, mais quand même), des points de vue très particuliers (Tousseul étant de loin le plus limpide de tous), et d’une impression de ne pas trop savoir où tout cela nous mène.
Paradoxalement, j’ai adoré la première partie plutôt émouvante, mais j’ai ensuite complètement bloqué sur la partie de Gerry qui est certes assez incroyable dans sa construction (une discussion avec un psychiatre racontée du point de vue du patient, où on ne sait jamais où s’arrêtent les souvenirs et où reprend la réalité, le tout sur un ton glacial), mais dont on ne ressort pas grand-chose. Et même impression sur la troisième.
En fait c’est comme si l’auteur en disait ou trop, ou pas assez sur son sujet. Je me demande si je ne devrais pas le relire pour m’en faire une meilleure idée… De toute façon je ne suis pas pour autant dégoûtée de Theodore Sturgeon, bien au contraire, je jetterais bien un œil à ses nouvelles un de ces quatre.
Il est dans ma PAL depuis notre lecture de "Cristal qui songe" au sein du Cercle. Il va falloir que je lui fasse un peu de place cet été, ton avis me titillant quelque peu.
RépondreSupprimerJe serais curieuse de voir le tien, pour le coup je me demande si une lecture commune n'aurait pas dissipé un peu le brouillard qui entoure ce livre (j'ai cherché un peu sur internet mais pas beaucoup plus d'explications que "c'est un chef d'oeuvre" ^^)
RépondreSupprimerJe l'ai lu il y a très très longtemps et si je me souviens bien, j'avais dû brûler le livre qui me troublait au plus haut point. J'étais disons dans un état second de telle sorte qu'un essai de relecture il n'y a pas si longtemps s'est terminé rapidement n'y retrouvant plus la même histoire. En gros le début de l'histoire, cette fuite de Tousseul, je la voyais plutôt comme une tentative de copulation, une sorte de sexe s'extirpant d'un zipper, représenté par la clôture à traverser alors qu'il est dans un sous-bois représentant les poils d'un pubis. C'était selon moi une allégorie de la création de Tousseul, le plus représentatif du Gestalt. Il voulait atteindre le château qui lui servirait de protection comme le nid de l'oiseau le protège. Comme vous le voyez, j'étais assez à côté de mes pompes.
RépondreSupprimerCe fut longtemps mon livre préféré. Celui où je trouvais tout : l'émotion de l'enfance, de l'abandon et de la reconnaissance, de la différence. Le livre où se lisaient plusieurs histoires où chaque narrateur avait sa chance : d'abord l'auteur lui-même, spectateur privilégié d'un évènement, Gerry, spectateur de sa propre histoire, puis Hip guidé par Janie, celle qui est là du début à la fin. J'y trouvais tout, du sujet de l'histoire au parti-pris de l'auteur de ne pas en faciliter la lecture. Ah ! ce début de 2ème chapitre : "Pour finir, je suis entré et j'ai vu ce Stern." J'avais 16 ans quand je l'ai découvert.
RépondreSupprimerJe regrette de ne pas l'avoir lu à 16 ans alors ^^
SupprimerJ'ai pas tout de suite apprécié la 3ème partie. A la relecture en fait. Les enfants me manquaient... Il y a plein de livres mieux écrit, mais bon, j'ai une tendresse pour les Plus qu'humains. Les gens à qui je me suis entétée à le faire lire ont été moins enthousiastes.
SupprimerJe crois que je partage les mêmes impressions que toi sur ce roman. J'ai Cristal qui songe dans ma bibliothèque, je verrai si j'accroche sur celui-là.
RépondreSupprimerJ'ai préféré Cristal qui songe (y'a quelques très beaux passages), j'espère que tu l'apprécieras plus que celui-ci ^^
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