Après celui-là, promis, je ne parlerais plus de Sherlock Holmes ! Je devrais déjà en avoir fini d’ailleurs, sans un article de Lord Orkan Von Deck parlant de ce roman. Comment résister à une relecture façon steampunk de Sherlock Holmes ?
L’instinct de l’équarisseur – Vie & mort de Sherlock Holmes, de son titre complet, est une réécriture complètement délirante du célèbre détective de Baker Street. On découvre en effet dès les premières pages que les aventures qu’écrit Arthur Conan Doyle sont en fait inspirées des faits d’arme de Sherlock Holmes et du Dr Watson, qui existent réellement, mais dans une dimension parallèle, où Londres s’appelle Londen.
Ce Dr Watson étant un génie inventeur, il a mis au point un appareil permettant de voyager dans le temps et dans les dimensions parallèles, et est un jour aller dénicher notre Arthur Conan Doyle à nous pour le convaincre d’écrire les mémoires de son ami Holmes. Du coup, il embarque régulièrement l’auteur dans son monde à lui pour l’inviter à suivre leurs péripéties.
Arthur Conan Doyle n’a raconté cependant qu’une vérité bien qu’approximative, puisqu’à Londen, Sherlock Holmes n’est pas tant un détective qu’un assassin à la solde de la Reine Epiphany de la Monarchie Libertaire Britannique, chargé de résoudre à sa façon les mystères insolubles qui menacent le pays. Sherlock Holmes, mais en pire, ça pourrait être un sous-titre.
Le Londen (et le reste du monde) dans lequel il évolue est fort différent du Londres du XIXe siècle, puisqu’une espèce non humaine, les Worsh, venus d’on ne sait pas trop où, a permis à l’Homme de progresser technologiquement bien plus vite que chez nous. Décidément, Arthur Conan Doyle nous a caché bien des choses. Il aurait pu être le nouveau Jules Verne !
Dès les premiers chapitres, on comprend bien que Thomas Day livre ici un hommage décalé et délirant du détective. Arthur Conan Doyle se retrouve bien tôt embarqué à bord d’un side-car (au sens propre), pour accompagner Sherlock Holmes et de Watson dans leur chasse à Jack l’éventreur.
L’histoire est jouissive et délirante dans la plus pure tradition steampunk (qui aime à confronter les auteurs du XIXe et leurs créations décidément). Sur un rythme assez haletant, on croisera donc une foultitude de personnages historiques (Jack London, Jack l’éventreur…) ou littéraires du XIXe, évoluant dans un univers complètement uchronique bourré de technologies folles !
On sent que l’auteur s’est beaucoup amusé à tout mélanger, mais également à réécrire tout Sherlock Holmes (qu’il a fort bien étudié) à sa sauce. Outre ses méthodes d’investigation qu’il pousse dans leurs derniers retranchements, il retourne certains éléments (ici c’est Holmes l’homme marié et Watson le célibataire endurci), ajoute sa propre interprétation à certains mystères laissés en suspens, et met en scène bien plus spectaculairement l’antagonisme Holmes/Moriarty (qui n’est plus juste un prétexte à tuer SH mais un vrai génie du mal).
Autant dire que c’est un véritable petit délice à dévorer, et en plus, c’est drôle. Je suis obligée de le reconnaitre, oui, je me suis retrouvée à rire bêtement dans le métro à lire les péripéties de nos héros ivres morts en train de fabriquer un drapeau blanc à bord d’un dirigeable, parce que par empathie avec les personnages, le lecteur lui-même finit un peu pompette.
Et encore, je ne vous ai pas parlé du restaurant. Ou de Sigmund Freud. En fait je crois que le dernier tiers du roman a été écrit sous LSD, c’est la seule explication que je vois parce que c’est juste complètement fou. Mais génial.
Le seul reproche que je ferais au roman, c’est la deuxième partie, l’entr’acte, qui délaisse les héros habituels pour mettre en scène un personnage plutôt intéressant, mais qui disparait ensuite complètement de vue, et dont on comprend du coup mal les actions sur la fin… D’ailleurs toute cette partie qui promet se révèle avoir un impact assez faible sur la suite, c’est bien dommage.
Mais ça n’en reste un bon roman bien divertissant comme on les aime, et moi qui n’ai jamais aimé plus que ça mes autres lectures de Thomas Day, je suis en train de me réconcilier avec lui !
Je suis très heureux que ce roman t'ai plu.
RépondreSupprimerEt c'est vrai, l'épisode du dirigeable est tout bonnement énorme ! Les héros ne sont vraiment pas des modèles de vertu !
Tiens un "OLNI" (Objet Littéraire Non Identifié) ;o) Je verrai à me le procurer à l'occasion pour participer moi aussi du petit délire de l'auteur.
RépondreSupprimer@ Lord...
RépondreSupprimerAh ça non pour les modèles de vertu on repassera ("Sissi et un bateau blanc" xD), même Arthur Conan Doyle a du mal à rester sage...
@ El Jc
A lire entre deux lectures "sérieuses", ça détend bien ^^
Conan Doyle est un gros frustré : c'est normal qu'il finisse par picoler !
RépondreSupprimerEn même temps c'est loin d'être le seul, mais comme ils sont tous bien atteints en même temps... ^^
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