Cela faisait bien longtemps que je n’avais pas mis le nez dans un comic d’Alan Moore. Et j’ai pris mon temps avant de l’ouvrir, parce qu’en général ce n’est pas le genre de bouquin qui se lit distraitement. C’est d’ailleurs pour ça que je n’ai jamais fait de chronique sur V pour Vendetta, j’étais incapable d’en dire quoi que ce soit une fois le comic refermé ! Ceci dit Suprême est bien moins complexe à aborder, et si on y trouve une intrigue riche en (c’est du Alan Moore après tout), ce comic est infiniment plus simple à aborder.
Suprême est un super-héros à la Superman. S’il ne vient pas d’une autre planète, il a été exposé petit aux radiations d’une météorite qui lui ont conféré un paquet de super-pouvoirs : force, vol, yeux qui lancent des rayons… est-ce vraiment la peine de continuer la liste ? Jusque dans le costume, on dirait un clone de Superman. Qui porte lui aussi des lunettes en civil pour cacher son identité.
Après quelques années d’absence, Suprême revient sur Terre, à moitié amnésique. Après une rencontre assez déjantée avec toutes ses versions alternatives réfugiées dans les limbes après la « redéfinition » de leur monde, le voilà occupé à essayer de retrouver son passé tout en menant une carrière de dessinateur de comic.
Voilà donc Suprême bien occupé. A retrouver sa forteresse –de solitude ?- et à y remettre de l’ordre. A renouer le contact avec ses anciens alliés et amis, parfois bien dans la mouise. A affronter quelques méchants ultimes. Et surtout à retrouver la mémoire, ce qui induit moult flash-backs.
C’est là où le comic devient intéressant, car le style graphique change entre présent et passé, passant d’un design plutôt moderne à quelque chose de très archaïque (plus rudimentaire dans le dessin, plus coloré, avec des couvertures kitsch à souhait…). Comme pour bien marquer la différence d’époque.
Et ce n’est qu’un des nombreux jeux introduits par les auteurs du comic. Même si l’histoire est globalement assez classique et linéaire, elle est truffée de clins d’œil aux comics de l’âge d’or (d’où le titre d’ailleurs) et bien évidemment à Superman.
Sans en avoir l’air, l’intrigue déborde d’ironie. On trouve quelques mises en abîme comme le super-héros qui dessine des histoires de super-héros dans le civil (et qui parle de Neil Gaiman !), ou le passage des redéfinitions qui évoque les multiples remise à zéro des histoires de super-héros. Et Alan Moore se moque pas qu’un peu des super-héros quand il étudie les différences histoires d’amour de Suprême, qui finissent toutes de façon abominable bien sûr.
Franchement, vous avez déjà vu ça dans un comic :
« Salut Suprême ! Fakeface a pris la place du président et s’apprête à déclencher une guerre mondiale ! Tu viens nous aider à l’arrêter ?
- Judy est à sa réunion Tupperware, je garde les gosses. »
Ce mélange d’une histoire old school riche en rebondissements et en méchants ultimes et d’une bonne dose de second degré est vraiment plaisant à lire. C’est beaucoup moins complexe que ce que fait Alan Moore d’ordinaire, mais c’est sacrément chouette.
En effet ton billet donne envie. L'extrait que tu donnes est tordant ;;). Je ne connais Alan Moore que via l'excellent comic de Watchmen que je lis et relis depuis pas mal d'années (il a été adapté au ciné d'ailleurs mais je n'ai pas été totalement convaincue par le résultat).
RépondreSupprimerJe vais essayer de me dénicher ce Suprème ;).
Pour moi l'adaptation ciné de Watchmen n'apporte surtout pas grand chose, même si y'a un sacré travail derrière...
RépondreSupprimerEn tout cas si tu as aimé Watchmen, Suprême devrait te plaire même si c'est bien moins complexe. Ca fait pas de mal ;)