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lundi 8 février 2010

L’encyclopédie de la fantasy – Jacques Baudou


Pour la petite histoire, mon papa a entendu parler de ce bouquin sur France Inter, et a voulu me l’offrir à Noël. Mais ayant peur que je ne l’ai déjà, il a préféré le chèque amazon. Comme ça avait l’air d’un beau bouquin, je l’ai acheté (et le reste du chèque a payé la saison 1 d’Hero Corp en DVD, très beau coffret d’ailleurs mais je m’égare)

J’ai déjà lu pas mal de textes sur la fantasy à commencer par la Cartographie du Merveilleux de André François Ruaud, quand je cherchais des idées de lecture. C’est encore ma Bible dans le domaine, et je puise dedans à chaque fois que je suis en manque d’idées. Son seul défaut est qu’il nécessiterait une petite mise à jour vu son âge (10 ans presque !)

Accessoirement j’ai pas mal potassé quand j’écrivais mon mémoire (pourri) de licence sur le sujet. Ca m’a donné une bonne excuse pour investir notamment dans le très beau Panorama illustré de la fantasy et du merveilleux (également signé A.F. Ruaud pour une grande partie des textes).

Forcément, je mettais la barre un peu haut pour cette lecture. L’avis qui suit vous paraitra sûrement très critique en conséquent, mais c’est le regard de quelqu’un qui a lu beaucoup de textes du même genre, et qui est du coup très pointilleuse (ou chiante, c’est comme on veut !).

Mais présentons déjà l’ouvrage. L’encyclopédie de la fantasy présente en un peu moins de 200 pages, et une vingtaine de chapitres le genre fantasy, au travers de son histoire, de ses auteurs phares et de ses genres proéminents. Son petit plus, par rapport aux textes habituels, c’est de ne pas s’en tenir qu’aux livres, mais aussi aux films, et même aux jeux vidéo (même si ça reste sommaire).

Elle est écrite par Jacques Baudou, éminent spécialiste puisqu’il a notamment écrit le Que-sais-je ? sur la question. Seuls les deux derniers chapitres font exception, ils sont signés Stéphane Beauverger.

Je tiens quand même à saluer les bons points de l’ouvrage. Déjà, c’est un très beau bouquin, avec beaucoup d’illustrations en couleurs (dessins, photos de films, couvertures de livres…), ce qui n’est pas anodin. La fantasy est un genre qui passe beaucoup par le visuel, du coup c’est agréable d’avoir plein d’images qui « créent » une ambiance appropriée.

Le texte est relativement agréable à parcourir, même si la police est un poil trop petite vu le format. Surtout les deux derniers chapitres où elle est encore plus réduite, sans doute pour tenir dans la page.

A coté de ça, l’ouvrage est relativement exhaustif sur son sujet. Si les jeux vidéo sont relégués à l’arrière plan et que le cinéma est évoqué brièvement, globalement tous les supports sont évoqués (ce qui est plutôt chouette). On retrouve aussi tous les grands jalons du genre.

Non, ce qui m’a franchement dérangé dans ce bouquin, c’est l’écriture et la structure du contenu. Quand on regarde le sommaire, ça se présente plutôt bien, mais à l’intérieur, c’est un autre problème.

Ca me fait mal de dire ça, mais j’ai eu l’impression de lire les textes d’un étudiant, pas super bien fagotés, parfois pas fluides du tout, et en prime avec une volonté de caser le maximum d’informations quitte à virer en hors-sujet total.

L’exemple qui m’a le plus frappé est le chapitre sur la fantasy épique, à savoir tout ce qui ressemble au Seigneur des Anneaux (en général on parle de high fantasy mais personne n’a la même définition des termes, je jette l’éponge sur la question). Bref, voyez un peu comment tout ça s’organise.

On commence par une petite intro qui explique les poncifs du genre. Intro perturbée en plein milieu par une large digression sur les créatures féériques qui aurait fait un bon encadré à la rigueur, vu comme on s'éloigne de la fantasy épique. Ensuite, une longue liste d’œuvres marquantes (avec Goodkind en 2e position, soit je veux bien fermer les yeux).

Viennent ensuite les œuvres marquantes écrites par des femmes qui se termine sur un bric à brac d’auteurs féminins. C’est là où tout commence à partir en sucette, puisqu’il conclut son passage sur une liste d’auteurs féminins de plus en plus nombreux, dans lesquels on trouve Susanna Clarke (qui n’a jamais écrit de fantasy épique à ma connaissance).

Puis on enchaine sur les films, avec une sélection qui arrive à inclure Jumanji (Shrek déjà je trouve ça discutable, mais là…), avant de finir sur l’épique non médiéval, qui permet de reparler une deuxième fois de Robin Hobb (oui parce que l’Assassin royal est cité dans les œuvres féminines, là on parle des Aventuriers de la Mer qui n’a rien avoir avec l’œuvre sus-citée bien sûr).

Et y’a pas mal de chapitres comme ça, avec cette hiérarchie de l’information franchement douteuse.

A cela, il faut ajouter pas mal de détails qui font franchement tiquer. Je vous en cite deux en passant. Lord Dunsany fait partie des auteurs « prétolkienniens », guillemets inclus, barbarisme peu flatteur (même carrément laid, prononcez-le pour voir ;). Anansi Boys est un « roman de fantasy ambitieux » (alors que c’est plutôt un truc léger écrit sur un coup de tête).

Disons donc pour faire simple que c’est un joli bouquin, mais il vaut mieux ne pas trop creuser. Honnêtement, si vous cherchez un ouvrage sur la fantasy vraiment intéressant, lisez plutôt la Cartographie du Merveilleux (moins cher et plus intéressant à mon humble avis).

5 commentaires:

  1. Le bouquin d'André François Ruaud est aussi ma bible ;) (surtout qu'elle pousse à découvrir des genres qu'on apprécie pas forcément en France comme la fantasy animale).
    Je soulignerai d'ailleurs que la fantasy qui passe par du visuel a quelques fois du mal en ce qui concerne les couvertures :p
    Tu nous avais déjà signalé sur le cercle que ce n'était pas la panacée... donc hormi de belles images, il n'y a pas réellement de contenus. Un livre pour faire du fric, tu penses ? Ou alors, pas assez de temps pour potasser le projet et est sorti tout droit des cartons, en premier jet...


    Bon je retiens : un livre à emprunter pour regarder les images :D

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  2. (oups, désolée pour les fôtes)

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  3. Y'a du contenu, mais il n'a rien d'exceptionnel en fait (disons que si tu as lu Ruaud tu n'apprendras presque rien).
    Il est un poil bordélique, je l'ai dis, et y'a pas vraiment d'aspect critique (ce que je trouve franchement dommage).

    Bref je pense à un beau mélange de "pour faire du fric" et de "baclé pour sortir au moment des fêtes", avec clairement pas une volonté de viser surtout le lecteur de base de fantasy.

    Sur ce, on m'a recommandé les écrits d'Anne Besson alors je vais y jeter un oeil :D
    (quand son livre sera rentré à la bibliothèque)

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  4. J'ai l'impression d'un bouquin racoleur qui surfe sur la vague fantasy à la mode pour le moment. Y a quand même Arthur et les minimoys sur la couv' !

    Je ne le lirai pas, je me suis contentée de la feuilleter à la FNAC.

    Par contre je suis justement en train de lire le Que sais-je du même auteur ^^

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  5. Racoleur, c'est le mot. Je comprends bien que faut attirer le chaland, mais quand même ^^

    J'avoue que je relirais bien le Que sais-je ? pour comparer, mais j'ai eu la bonne idée de le laisser chez mon père...

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