« Quant au fond, je peux déjà vous promettre de l’enfant mort, de la femme étranglée, de l’homme assassiné, de la veuve inconsolable, des cadavres en morceaux, divers poisons, d’horribles trafics humains, une épidémie sanglante, des spectres et des sorcières, plus une quête sans espoir, une putain, deux guerriers magnifiques dont un démon nymphomane et une… non deux belles amitiés brisées par un sort funeste, comme si le sort pouvait être autre chose. A défaut de style, j’ai au moins une histoire. »
A défaut de style, à défaut de style… contrairement à ce que laisse entendre la narratrice dans ce court extrait au début du roman (qui vaut bien n’importe quelle 4e de couverture), on ne peut pas dire qu’elle manque de style, Catherine Dufour. J’avais jamais mis les pieds dans aucun de ses textes, mais je n’ai pas été déçue du voyage, bien au contraire.
Faudra que je pense à mettre sa série Quand les dieux buvaient sur ma liste à mon prochain passage en bibliothèque d’ailleurs.
En attendant, le Goût de l’Immortalité (Grand Prix de l’imaginaire 2007 et confrères) est un sacré morceau qui mérite amplement sa réputation. C’est l’histoire d’une fille qui raconte l'histoire d'un autre, des autres même.
Ou, plus simple, dans un futur lointain assez apocalyptique où plantes et animaux ont disparu, et où l’on communique virtuellement via un super réseau internet, quelqu’un souhaite rencontrer en « vrai » son interlocutrice. Celle-ci ne le souhaite guère, et justifie ses raisons au travers d’un long récit (auto)biographique qui raconte sa vie à ha rebin, en manchourie (non je n'ai pas oublié les majuscules).
Au passage, elle trace le portrait d’une civilisation du futur qui dégouline le glauque et le malaise par tous les cotés.
La narration est fascinante, mélangeant les genres, avec un vocabulaire riche, et une petite particularité d'écriture : aucune majuscule aux noms propres et aux lieux, uniquement aux animaux et plantes, à la Nature en général. Ce genre de détail est idéal pour plonger dans l’univers.
Univers fascinant, au demeurant. On y voit les pays dominants actuellement s’effondrer au détriment d’autres, les manipulations génétiques devenir monnaie courantes (on vous fait un bébé avec les yeux bleus, allez !), les épidémies décimer des populations (et condamner les survivants à l'enfer ou presque), les réseaux virtuels se développer au point qu'on accumule de l’information sur tout, y compris ce que vous faites dans votre chambre d'hôtel…
C’est cela qui accroche littéralement au livre, tant cette évocation est frappante. Ce à quoi il faut ajouter une histoire étrange qui mélange les genres et une narratrice dont la présence étrange plane sur le bouquin.
Accessoirement il y a tout une thématique sur l’immortalité à observer, , comme le titre l’indique. Cet aspect a été encensé par les critiques, mais étrangement ça m’est passé complètement par-dessus… chacun voit midi à sa porte.
Le tout forme un cocktail efficace, alors pour 250 pages c’est pas la peine de se priver !
PS : Accessoirement la couverture est fort chouette. Enfin celle du grand format bien sûr. La version poche que je vous épargne est typique du Livre de poche SF : c'est au moins aussi sexy que les couvertures de Ailleurs et Demain chez Robert Laffont !
Oui comme tu le fais remarquer, Catherine Dufour a une plume, et même fort jolie. Voici l'un de ces romans que j'ai particulièrement aimé. La Dame évolue dans des registres forts différents et s'y donne a chaque fois sans concession. Mon coup de coeur francophone de ces dernières années avec le Déchronologue de Stéphane Beauverger.
RépondreSupprimerEnfin quoi Catherine Dufour c'est l'amour ! ;o))
J'ajoute un lien vers ta chronique à partir de la mienne de manière a ce que mes visiteurs puisse également disposer de ton avis.
Bises et à bientôt, par ici, par là, ou sur le Cercle d'Atuan.
Juste pour dire, en vous relisant ce jour, et après avoir lu votre mémoire sur les fanfictions, que vous m'intriguez et que vous avez attiré et retenu mon attention. Continuez, je vous lirai. PS : je ne suis pas du tout habitué au support informatique, j'ai attéri sur votre site et dans votre vie de lectrice en recherchant un commentaire sur Cendres de Mary Gentle, que je termine... depuis j'ai lu vos critiques littéraires jusqu'à juillet 2009 à rebour... Je me demande si vous avez commenté les 2 séries de G. Keyes, Le royaume d'épines et d'os, et L'age de déraison. Je suis très surpris de lire que vous découvrez Clive Barker par Abarat... vous devriez lire Imajica. Avez-vous lu de S. King, Le cycle de la tour sombre ? Tous ces ouvrages sont des chefs d'oeuvre. A +
RépondreSupprimer@El Jc
RépondreSupprimerStéphane Beauverger ? Pourquoi je sens que je vais encore aller voir ça à la bibliothèque ?
@Ludovic
De Greg Keyes je n'ai lu que ses romans Star Wars (pas une grande référence mais il s'en sortait pas mal dans le genre), mais l'Age de déraison est sur ma liste depuis un moment, seulement le tome 1 est jamais à la bibliothèque quand j'y passe...
Imajica, j'y jetterais sûrement un oeil aussi à l'occasion, et pour la Tour Sombre je l'ai fini il y a longtemps (à la sortie du 7). J'ai jamais écrit de critique parce que le rythme un peu décousu des parutions a rendu la fin assez confuse. J'attends de tout relire au calme.
Au plaisir de lire d'autres commentaires ^^
Ah, comme j'aimerais partager votre enthousiasme à tous. Malheureusement j'ai été insensible à la prose de la dame dont j'ai lâché la main au bout de quelques dizaines de pages. Je reste persuadé qu'il existe d'autres textes au moins aussi beaux et beaucoup plus accessibles.
RépondreSupprimerSigné : le béotien.
@ Calenwen
RépondreSupprimer(je copie ... je m'adapte). Oui, j'ai lu quelque part (revue khimaia) que G. Keyes avait écrit du Star Wars ... j'ai aussi lu qu'il était maître d'arme, comme le conjoint de M. Gentle. Sa série Les royaumes d'épines et d'os, comporte des faiblesses : des longueurs et des aspects un peu gnangnan pour ado (l'histoire amoureuse entre the born queen et le prince charnel style remix de Roméo et Juliette) mais ... il y a aussi des inventions hallucinantes au niveau cosmogonie (type de magie et sortes de dieux : les sedos) copiées et enrichies depuis Les princes d'Ambre de Zelasny (La marelle) et sur R. Holdstock La forêt des mythimages.
A + faut que j'aille donner cours aux étudiants.
PS : où puis-je trouver votre mail ? à moins que vous souhaitiez rester anomyme, evidemment...
Dans mon profil, de toute façon c'est un mail anonyme ;)
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