Cela faisait déjà un bon moment que j’avais dans le viseur ce cycle de Poul Anderson (je voyais mal comment un tel auteur pouvait se planter sur le voyage dans le temps), mais à chaque fois que je passais à la bibliothèque le volume 1 était emprunté (victime de son succès ?). Mais qui vient à point à qui sait attendre, et j’ai fini par réussir à mettre la main dessus !
La patrouille du temps, comme son nom l’indique, met en scène des agents d’une sorte de police temporelle qui s’assure que les choses se passent telle que l’Histoire la raconte, sans interventions de petits malins qui tentent d’en réécrire un aspect. Parmi ces agents, Manse Everard va nous servir de guide au travers de cinq nouvelles le mettant en scène.
La première nouvelle, La patrouille du temps, sert principalement à poser l’univers assez étonnant de cette organisation mystérieuse, et offrait déjà un bon exemple de casse-tête temporel (enfin dans mon souvenir, l’ayant lu dans une autre anthologie il y a deux mois j’ai fait l’impasse dessus). Après quoi on sent que l’auteur commence à se faire plaisir à visiter des époques et à mettre en scène des moments de l’histoire.
En effet, on enchaîne sur Le Grand Roi qui nous emmène en Perse antique (un petit plaisir qu’on aurait tort de refuser avec un final assez délicieux), Les Chutes de Gilbraltar où on pourra assister à la création de la Mer Méditerranée (très impressionnant), Echec aux Mongols où l’on doit justement empêcher les dits Mongols de s’installer en Amérique avant Christophe Colomb, avant de terminer sur L’autre univers, un cas où l’Histoire dérape et où New York se retrouve habitée par une culture celte (sacrée uchronie !).
Chaque histoire contient évidemment un élément de voyage temporel (personne à sauver, histoire à réécrire), mais parfois je me suis demandé si ce n’était pas qu’un prétexte pour justifier le voyage. En même temps vu la précision et la justesse que Poul Anderson met dans ses reconstitutions (ou ses histoires réécrites), difficile de lui en tenir rigueur, au contraire je me suis même régalée, d’autant plus qu’il s’intéresse à des cultures pas forcément souvent mises en scène dans ce type de texte.
Ce qui est chouette dans ces nouvelles, c’est qu’on a à la fois tout l’intérêt que peut susciter un roman historique (visite de l’époque), mais avec le regard et le recul d’un voyageur temporel (d’un historien quoi), un peu comme si on mélangeait essai et fiction, dans un format juste de la bonne taille pour qu’on se régale sans être saturé d’informations.
On pourra tiquer un peu à la lecture sur ces hommes qui passent leur temps à fumer et à boire, et sur ces personnages féminins très princesses en détresse, mais pour des nouvelles écrites dans les années 50-60, c’est presque normal (et le final du Grand Roi s’en moque presque). Vu que le tome 2 réunit des nouvelles plus tardives, je serais d’ailleurs curieuse de voir si cela s’améliore un peu, et de retrouver Manse Everard pour quelques aventures supplémentaires !
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