En ce moment, c’est le passage à vide. Les livres me tombent des mains avant même de les avoir ouvert, et les rares qui y sont restés attendent toujours leur chronique. Cercle vicieux oblige, moins je lis/chronique, moins j’ai envie de lire/chroniquer, et ce blog se retrouve donc déserté.
Du coup histoire de ne pas broyer du noir ad vitam aeternam, j’ai décidé de partir sur une relecture, et tant qu’à faire un texte qui me soignerait de cette panne de lecture. Et dans ces cas-là, le meilleur médicament s’appelle Neil Gaiman (oui je sais c’est affreusement banal de ma part mais que voulez-vous, on ne se refait pas).
J’ai opté pour Stardust parce que je venais de revoir le film (un autre excellent remède contre la morosité celui-là d’ailleurs), et parce que ça me donnait l’occasion de sortir enfin une chronique sur ce roman pour lequel j’ai beaucoup d’affection (si bien que je suis toujours un peu triste que le reste du monde ne l’aime pas autant que moi).
Stardust est un conte de fées dans lequel on suit les aventures de Tristran Thorn, un jeune homme qui se rend dans le pays des fées pour y trouver l’étoile filante qu’il a promis de ramener à l’Elue de son coeur. Le sujet est assez classique, mais comme toujours avec Gaiman, la manière de raconter fait tout, et en lieu et place d’un simple conte, on se retrouve avec un texte très précieux.
Si l’histoire n’est pas dénuée d’humour (il y a plein de petits passages ici et là si typiquement Gaimaniens), et rend un bel hommage aux contes de fées, je referme toujours ce livre avec une impression de douce mélancolie, parce que le livre sembler s'adresser avant tout à des adultes qui se souviennent de leur enfance. Mais ce n’est pas de la mauvaise tristesse, plutôt une sorte de nostalgie rêveuse.
En dépit de son apparente simplicité,
Stardust est aussi un texte truffé de références en tout genre (dont certaines sont éclaircies par le traducteur, grand merci !). L’intrigue comme l’univers sont des hommages à la littérature « féérique » anglaise (comme
Lord Dunsany par exemple), et il en résulte une sensation de merveilleux très « authentique » (à défaut de terme plus adapté).
C’est là l’une des plus grandes qualités de Neil Gaiman. N’importe quel auteur de fantasy peut vous inventer un monde secondaire, que l’on va accepter le temps d’une lecture, mais ça n’ira pas forcément plus loin.
Avec Gaiman je trouve toujours que ses univers sont beaucoup plus palpables, presque « crédibles », sans doute parce qu’ils s’appuient sur tout un passé littéraire, mythique et folklorique, et jouent sur un glissement subtil du réel vers le merveilleux (ce qui fait qu’on ne voit plus de la même façon le métro londonien après
Neverwhere par exemple).
Du coup, de relecture en relecture, ce roman ne cesse de m’émerveiller. Je me laisse portée par les mots tout en découvrant sans cesse de nouvelles choses, des détails qui m’auraient échappé. Ni trop court, ni trop long, il remplit parfaitement son cahier des charges de conte de fées pour adultes, ce qui lui confère un côté très fini, achevé.
C’est ce qui fait que
Stardust reste objectivement un de mes romans favoris de l’auteur (après
American Gods bien sûr). Après, étant donné qu’il s’agit aussi d’un de mes premiers Gaiman, je ne nie pas qu’il y a probablement un peu de sentimentalisme qui rentre en ligne de compte...
Il faut noter aussi que Stardust n’est pas qu’un simple roman. C’est un roman illustré. Par Charles Vess (qui est un maitre en illustrations féériques). Je l’ai acheté en version anglaise, et rien que l’objet en lui même vaut le détour.
Vu qu’il fait partie des nombreux livres que je n’ai pas pu déménager à Paris, je n’ai toujours pas pu le « lire » réellement en version illustrée, juste le parcourir béatement. Une chose est sûre, quand on a l’ouvrage en main, il est difficile de ne pas être complètement émerveillé par les illustrations.
Il y a bien une version française qui est sortie chez Panini mais vu que le traducteur n’est pas celui du roman, j’ai de légers doutes sur sa qualité. Et puis sans la couverture simili cuir (que j'ai utilisé en tête d'article) ce n’est pas pareil.
J’ai autant d’affection pour le film que pour le livre. Stardust : le mystère de l’étoile (oh le beau sous-titre français à la noix) est en effet un bel exemple de comment on peut « trahir » un livre et en tirer un excellent film.
Du conte de fées truffé de références et un peu mélancolique, on passe en effet à une histoire de fantasy plus simpliste mais très dynamique et avec beaucoup d’humour. Sa seule ambition semble être de nous amuser pendant deux heures, et il le fait très bien : le film est extrêmement bien fichu à tout point de vue (y compris musical) et les seconds rôles sont absolument délicieux (il serait facile de citer la performance de Robert de Niro… en même temps comment ne pas le faire ?).
On présente souvent le film comme un second
Princess Bride, un film drôle et plein de bons sentiments qui met du baume au cœur, et c’est tout à fait ça. Quelqu’un l’a d’ailleurs expliqué bien mieux que moi sur Tor,
je vous renvoie directement à l’article (en anglais et avec spoiler par contre), après tout, c’est un peu à cause de lui que je me suis retrouvée à revoir le film, et à enchaîner sur le livre !