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jeudi 31 mars 2011

Le Grand Livre de Mars - Leigh Brackett


J’ai un peu bousculé mon planning de parution de chronique, mais il me paraissait capital de parler du Grand Livre de Mars… en mars. Ce titre n’a bien sûr rien à voir avec ces fameux « Grand livre du mois » comme ceux qui s’accumulaient chez ma grand-mère. Il s’agit de science-fiction. Plus précisément, de la bonne vieille science-fantasy écrite par Leigh Brackett.

Ce nom ne vous dit peut-être rien, mais moi, quand les éditions Pocket m’ont proposé ce livre en partenariat, j’ai sauté de joie (intérieurement). L’accroche sur la couverture vous l'apprendra aussi bien que moi, Leigh Brackett, c’est la scénariste de l’Empire contre-attaque (elle n’a écrit que la première version mais ne chipotons pas sur les détails), autant dire que ce n’est pas n’importe qui.

Et son Grand Livre de Mars est une collection d’histoires plus ou moins courtes (cela va de la nouvelle de 40 pages au court roman de 200 pages) tournant autour de la planète Mars. Une Mars habitée par une civilisation martienne, bien sûr, qui a la particularité d’être bien plus ancienne que celle de la Terre, mais aussi d’être au bord de l’abime, à cause de l’épuisement des ressources et de la désertification progressive.

Les Terriens ont bien évidemment fini par venir leur rendre une petite visite et commencer à occuper les lieux, de même qu’ils se sont également rendus sur Vénus et Mercure. Les différentes histoires du Grand Livre de Mars mettent en scène ces terriens, et les différentes aventures qu’ils vivent sur cette planète.

Et il y en a pour tous les goûts : aventurier-archéologue qui s’égare quelques millénaires dans le passé, baroudeur qui déjoue une tentative de révolte barbare, ou encore médecin qui s’oppose aux superstitions des tribus martiennes.

Les trois premières histoires du recueil, l’Epée de Rhiannon, le Secret de Sinharat, et le Peuple du Talisman ont vraiment un parfum de Conan : héros musclé doué pour le combat à mains nues ou à l’épée, hordes de barbares, magie maléfique (ou équivalent), femmes fatales, batailles, guildes de voleurs, on s’y croirait presque, jusque dans le léger machisme qui pointe parfois (cela prête plus à sourire qu’autre chose, c’est écrit par une femme quand même !).

Pour de la science-fantasy, c’est d’ailleurs plus de la fantasy que de la science, l’argument SF étant très léger : quelques technologies surévoluées dans un monde plutôt médiéval, quelques races étranges (bien que le martien type soit humain), un pistolaser qui s’égare, et des vaisseaux spatiaux qui ne sont jamais mentionnés, mais on se doutera que les Terriens ne sont pas arrivés là en vélo !

Les cinq autres histoires, des nouvelles regroupées sous le titre Les Terriens arrivent, s’inscrivent un peu moins dans ce genre de sword and sorcery sur Mars. On y évoque plus la rencontre entre terriens et martiens : la découverte de cités anciennes et de fragments de l’histoire oubliés de tous, le contraste entre les belles cités marchandes futuristes et les villages martiens miteux, les étranges rituels martiens qui peuvent sembler si cruels aux terriens.

Ces histoires sont un peu plus intimistes, parfois plus SF que fantasy, et évoquent tout du long un sentiment de mélancolie et de tristesse, car aussi fascinante qu’elle soit, la civilisation martienne est clairement en fin de vie, de même que sa planète.

C’est d'ailleurs cette mélancolie sous-jacente qui fait une bonne part de l’intérêt de ce recueil, car sous couvert d’aventures somme toute assez convenus, l’évocation de l’histoire de la planète est tout à fait poignante, et on finit par tomber amoureux de cet univers poussiéreux et décadent.

Mais l’attrait du Grand Livre de Mars ne s’arrête pas là. Je ne cache pas avoir un certain amour pour les vieux textes de SF dont les idées peuvent sembler complètement absurdes aujourd’hui, cette science-fantasy qui ne me semble plus trop au goût du jour. Celui-ci est tout à fait exemplaire dans le domaine, avec son évocation de la vie sur Mars (où les fameux « canaux » qu’on croyait voir sur le sol de Mars jouent un rôle très important), et mieux encore, de complexes miniers sur Mercure. Sans parler de ces martiens qui sont pour la plupart des humains, comme s’il ne pouvait avoir autre chose dans l’univers.

Et pourtant, ce texte n’a pas vieilli (ou si peu), et se lit avec un réel plaisir. Leigh Brackett maitrise tout à fait l’art de la narration, et on n’a jamais le temps de s’y ennuyer : les histoires sont prenantes, bien rythmées et feuilletonnantes, où les fins de chapitres poussent à enchainer sur le suivant. Il n’y a guère que les héros qui soient un peu lisses (quoique Eric Stark, qu’on croise à deux reprises, a un certain caractère), mais ils sont plus là pour emmener le lecteur en voyage qu’autre chose.

Je trouve même que les thématiques restent encore tout à fait d’actualité, surtout dans la dernière nouvelle, la Route de Sinharat, où se pose la question d’améliorer les conditions de vie des martiens, mais peut-être au prix des ultimes ressources de la planète.

C’est donc un très chouette ouvrage que ce Grand Livre de Mars, lecture très distrayante, mais aussi un très bon exemple de ces trésors oubliés de la SF qu’il fait bon de rééditer de temps en temps, pour qu’on puisse les redécouvrir.

Si cette édition a oublié en passant l’essai et la bibliographie présents dans l’édition du Belial (dommage…), elle contient tout de même une préface de Michael Morcook plutôt intéressante, quant à l’impact de Leigh Brackett sur les autres écrivains (à l’entendre elle aurait inspiré un paquet de noms connus).

Il évoque notamment son influence sur Ray Bradbury, et je veux bien le croire sur parole, depuis que j’ai terminé ce livre, je n’ai qu’une envie, relire les Chroniques martiennes ! Il va falloir que j’aille récupérer mon vieil exemplaire resté chez mon père, je vous en reparlerai peut-être…

En tout cas, merci aux éditions Pocket pour cette très belle découverte !

CITRIQ

mardi 29 mars 2011

Doctor Who - Space & Time

La saison 6 de Doctor Who est pour bientôt (le 23 avril semble-t-il *bave par anticipation*), mais en attendant, on a quelques petites choses à se mettre sous la dent, notamment les deux mini épisodes signés par Stephen Moffat pour le Red Nose Day.

Moffat n’en est pas à son coup d’essai sur les mini épisodes pour les oeuvres caritatives, il a déjà écrit le fameux Time Crash (où se rencontrent le 5e et le 10e Docteur, dix minutes de fou rire et une larmichette d’émotion à la fin), et la parodie Doctor Who and the Curse of Fatal Death que je me garde en réserve pour un jour de grand manque.

Cette année, il nous a donc pondu un mini épisode en deux parties, Space and Time.



Il aime vraiment pas les boucles temporelles fermées, y’a pas à dire… il ne faudrait pas qu’il en abuse, mais là sur une durée aussi courte, ça fonctionne tout à fait et c’est délicieux. J’admire sa capacité à écrire des histoires aussi denses sur une durée aussi courte en tout cas.

J’ai pas tout compris faute de sous-titres, mais ça ne m’a pas empêcher de bien rigoler tout le long. Evidemment, qui dit boucle temporelle si situations ambiguës, j’adore les dialogues complètement tordus qui en résultent :
“Oh, this is how it all ends. Pond, flirting with herself. True love at last.”

Ah ça me donne trop envie de voir la saison 6 tout ça, et de retrouver notre joyeux trio pour un vrai épisode cette fois-ci. En attendant, une prequel de l’épisode 1 a été mise en ligne, âmes sensibles, s’abstenir, moi elle me colle froid dans le dos !

Edit : Oh purée, et le nouveau trailer, c'est officiel, je trépigne !

dimanche 27 mars 2011

True Grit - Ethan et Joel Coen


Parce qu’il faut quand même profiter un peu du printemps du cinéma, je suis allée voir True Grit l’autre soir, histoire de me changer un peu les idées. Au programme avec ce film des frères Coen, un western, un vrai de vrai, avec chevauchées à cheval, des coups de feu qui partent dans tous les sens, des marshalls aussi aimables que les hors-la-loi qu’ils poursuivent et des paysages désertiques. Tout ça parce qu’une gamine de 14 ans a embauché un marshall pour retrouver l’assassin de son père, rien que ça !

Je ne suis pas une fine connaisseuse du western, mais True Grit a vraiment l’air d’en être un représentant pur jus, qui maitrise soigneusement tous les codes du genre. L’histoire, très classique, est diablement prenante, d’autant plus que le ton sans concession amène sans cesse à se demander qui sera encore debout à la fin de l’histoire.

Le casting est resserré autour de trois personnages, le marshall (quel phénomène celui-là), la gamine, Mattie (quel cran celle-là) et un Texas Ranger, qui, en tant que seul personnage raisonnable et gentil -bien qu'un peu bête-, s’en prend naturellement plein la gueule dans ce monde de brutes (quel naïf celui-là). Tous sont de sacrés numéros, et en terme d’interprétation, c’est que du bonheur. D'ailleurs je n'ai même pas reconnu Matt Damon, c'est dire.

En fait, tout le film dégage vraiment une grande impression de qualité, si bien que même si je ne saurais pas vous dire pourquoi en détail, j’ai passé deux heures les yeux rivés à l’écran et concentrée sur l'histoire, alors qu’il m'arrive souvent de rédiger mentalement mon avis sur le film tout en le regardant.

Entre les dialogues mitonnés aux petits oignons (et avec un de ces accents, je ne regarderais jamais un truc pareil sans sous titres), les passages comiques, les scènes d’action, la gamine pleine de ressources et qui n’a pas la langue dans sa poche, les belles envolées sur les paysages…Tout ça forme un très très bon moment de cinéma.

jeudi 24 mars 2011

Fables 12 : Le bon prince - Bill Willingham


C’est la fête ce mois-ci, un Scott Pilgrim et un Fables à se mettre sous la dent. Elle n’est pas belle la vie ? Elle le serait encore plus si le découpage vf reflétait celui de la vo (on est ici au tome 12 alors qu’il s’agit du tome 10 en vo), mais ne soyons pas trop difficiles…

Cinq numéros sont regroupés dans Le Bon Prince, les 4 de l’histoire The Good Prince (je vous épargne la traduction), suivi par un Birthday Surprise (idem) qui s’inscrit directement à la suite, d’ailleurs si le dessin ne changeait pas radicalement d’une histoire à l’autre, je n’y aurais vu que du feu.

Je râle un peu moins sur ce volume, un peu plus intéressant que les précédents dans la mesure où on revient à nos bonnes vieilles histoires avec l’Adversaire. A cet égard, Le Bon Prince est très intéressant, puisque les choses commencent à bouger, avec le Prince Charmant qui arrête un peu de glander et qui semble un peu plus prendre à cœur son rôle de maire.

On assiste donc à des préparatifs en masse (dont je ne vous spoilerai pas les détails, mais j’adore Frau Totenkinder), et en parallèle, au développement très intéressant du personnage de Gobe-mouche, qui promet de belles choses à l’avenir… Avec un petit recyclage de mythologie arthurienne en prime, c’est tout à fait sympathique.

Je ne suis pas toujours très en phase avec certaines idées de l’auteur (je le trouve quand même hyper belliqueux dans ses propos, ça va qu’il compense avec des passages plus modérés comme l’échange entre Gobe-mouche et Boy Blue), mais c’est tout de même une chouette histoire et le mélange de contes de fées est toujours plaisant, alors je fais abstraction.

La deuxième histoire, La Surprise (où s’est perdu le Birthday dans la traduction, je l’ignore), poursuit sur les préparatifs tout en mettant en scène l’anniversaire des louveteaux. Plus intimiste comme histoire, avec un style de dessin beaucoup plus « gamin », ça se lit avec plaisir, surtout que cela se conclut sur quelque chose de très curieux… je me demande bien où tout ça va nous mener.

La suite est prévue en juin, nous dit la dernière case, alors je ne devrais pas tarder à savoir !

CITRIQ

mardi 22 mars 2011

Scott Pilgrim vs the universe - Bryan O'Malley


Petit à petit, la France rattrape son retard et voilà que le tome 5 de Scott Pilgrim (l’avant-dernier, donc) arrive enfin sur les tables des librairies, juste avant la sortie en DVD comme l’indique si bien l’autocollant collé sur le volume d’ailleurs (et je ne peux que lui souhaiter une plus longue vie sur DVD que sur les écrans de cinéma, ce qui ne devrait pas être dur en même temps…).

Dans le dernier épisode, Scott venait donc de vaincre le 4e (enfin la 4e) ex maléfique de Ramona, de trouver un boulot et d’emménager avec l’amour de sa vie, tout allait bien donc, mais ça n’allait pas durer, bien évidemment…

Scott Pilgrim vs the universe, qui porte très bien son titre, nous emmènera assister à l’affrontement de Scott contre les jumeaux ex maléfiques (les ex maléfiques jumeaux ? les ex jumeaux maléfiques ? je vous laisse choisir…), mais aussi contre la vie de couple, le passé de Ramona, les soirées à thème de Julie, un groupe qui se délite…

C’est toujours un peu difficile de faire le résumé d’un tome vu l’enchainement improbable de scènes qui le composent, mais comme toujours c’est un plaisir à lire.

Bryan O’Malley a vraiment le don de croquer des scènes de vie qui sonnent incroyablement vraies (Ramona et Scott dans leur appartement, avec des dialogues parfois très touchants), entre lesquels s’intercalent des passages complètement absurdes d’inspiration très vidéoludique, qui sont aussi épiques que drôles.

Evidemment, comme tout avant-dernier tome qui se respecte, le cliffhanger est de mise pour la fin, et même si je sais plus ou moins à quoi m’attendre grâce au film, j’ai tout de même hâte de lire la « vraie » fin.

CITRIQ

dimanche 20 mars 2011

Odd et les géants de glace - Neil Gaiman


Cela fait un moment que j’ai lu ce mini-roman jeunesse de Neil Gaiman lors de sa sortie en anglais. Mais comme on m’a offert la vf à mon anniversaire (oui ils y a des gens qui n’ont pas froid aux yeux et osent m’offrir des Neil Gaiman !), j’ai fini par remettre le nez dedans, un peu tardivement mais quand même.

A l’origine, Odd et les géants de glace était un mini livre sorti dans le cadre du World Book Day en 2008, et vendu pour la modique somme de 1 livre sterling si j’ai bien suivi le smilblick. Autant dire que ça ne fait pas cher payé pour un Neil Gaiman, quelque qu’il soit ! Je n’étais pas très motivée pour acheter la traduction française facturée à quelques 10 euros, forcément…

Mais finalement, il les vaut bien, au moins pour ce qui est de l’objet : beau papier, couverture avec jaquette, texte très clair et illustrations bien plus jolies qu’en VO (où elles évoquaient franchement la bibliothèque rose !). Comparé à l’édition anglaise au papier translucide et aux caractères serrés, y’a pas photo !

Pour ce qui est de l’histoire, nous suivons les pas de Odd, un jeune garçon viking boiteux, qui a perdu son père et dont la mère s’est remariée (et le beau-père ne l’aime pas, un grand classique), qui décide un jour de s’enfuir dans la vieille cabane de son père dans la forêt. C’est là qu’il va rencontrer de biens étranges animaux parlants.

C’est un conte tout ce qu’il y a de plus classique, même si je retrouve la touche gaimanienne dans le personnage de Odd (et de son sourire) ou dans la résolution de l’histoire. Sans parler de sa passion pour les dieux nordiques.

Ça se lit très vite (ça m’a occupé le temps de mon don de plasma mensuel), et c’est une jolie petite histoire bien maitrisée. Elle n’est pas aussi marquante qu’un « vrai » Gaiman, mais ça reste un petit plaisir bien agréable entre deux lectures plus exigeantes.

CITRIQ

vendredi 18 mars 2011

Voix - Ursula K. Le Guin


Comme j’avais été sage et que j’avais terminé les Contes Perdus de Tolkien, peu faciles d’accès, je me suis octroyée une petite récompense bien méritée en ce deuxième tome des Chroniques des Rivages de l’Ouest, de Ursula Le Guin. Evidemment, comme je suis complètement accro, cette lecture a été expédiée en deux jours. Il faut vraiment que j’apprenne à faire durer mes livres…

Voix, de son titre exact, se déroule une vingtaine d’années après Dons, et nous emmène dans la ville d’Ansul, renommée pour ses bibliothèques et ses autels dissimulés à tous les coins de rue, les habitants du coin adorant une multitude de dieux (quoiqu’on soit plus dans le rituel quotidien que l’adoration et la prière).

La ville a été envahie par les Alds il y a quelques années, une peuplade venue du désert, qui vénère un dieu unique et refuse toute forme d’écriture. Toute forme de lecture a été bannie, et les livres détruits. Il n’y a que dans la maison du passemestre (ancienne figure d’autorité locale) qu’on en trouve encore, dissimulés dans une pièce secrète.

Faisant partie de cette maison par sa mère, Némar, une jeune orpheline, a pris l’habitude de se réfugier dans cette pièce, et a pu apprendre à lire, malgré les interdictions des Alds. Son univers va commencer à changer le jour où elle rencontre en se rendant en ville le poète Orrec et sa femme Gry.

Excusez l’introduction assez longue, elle est à l’image de celle du roman. Paradoxalement pour un deuxième tome, on repart pratiquement de zéro et il faut à nouveau se familiariser avec l’univers. On pourrait pratiquement se passer de la lecture du tome 1 en fait. Après tout la narratrice est Némar, un nouveau personnage, et bien qu’Orrec et Gry soient présents et aient un rôle à jouer, connaitre leur passé n’est pas forcément nécessaire.

Comme d’habitude, il ne faut pas longtemps pour retomber sous le charme d’Ursula Le Guin. Je ne sais pas comment elle fait, mais à tous les coups ça marche avec moi : les personnages sont attachants, les lieux enchanteurs, la magie discrète, et bien qu’il ne se passe finalement pas grand-chose dans l’histoire, on est happé d’un bout à l’autre !

La narration joue pour beaucoup : Némar, qui parle à la première personne, est un personnage touchant, une adolescente un peu à part, très intelligente (le fait d’avoir beaucoup lu fait qu’elle s’interroge et réfléchit beaucoup) et aussi pleine de colère. Elle ne parle pas souvent d’elle, mais ce sont toujours des moments assez poignants.

L’un des passages qui m’a le plus marqué est lors d’un échange entre Gry et Némar sur les Alds : Némar est haineuse, voudrait qu’ils disparaissent tous, qu’ils les laissent tranquilles, et on la comprend tout à fait (elle a des mots très durs avec un garçon Ald à un moment, j’en étais presque peinée pour lui). La vision de Gry est tout autre :

« Contrairement à toi, je n’avais aucune raison de leur en vouloir. C’était un peu comme de vivre parmi des animaux sauvages, des prédateurs. Ils sont dangereux et tout sauf raisonnables, selon nos critères. Ils rendent la vie pénible à tout le monde. J’éprouvais de la compassion pour ces hommes. […] Ils ressemblent à des étalons ou à des lièvres […]. A aucun moment ils ne cessent de s’inquiéter de la présence d’éventuels rivaux ou de la fuite d’une partenaire potentielle. Ils ne sont jamais libres. Ils remplissent leur monde d’ennemis… Mais ils sont courageux, respectent leurs engagements et ils honorent leurs invités. »

Dans n’importe quel bouquin de fantasy, on ne serait pas forcément soucié de nuancer la vision de « l’ennemi », mais typiquement, Ursula Le Guin prend le temps de le faire, et ça donne toute sa saveur à son histoire, pleine de nuances de gris.

Autant dire que comme d’habitude, j’ai dévoré ce livre, j’ai même regretté d’avoir été si vite sur la fin, je suis sûre d’être passée à côté de certaines choses… on verra ça à la relecture, sans doute. Le seul bémol que je mettrais sur ce roman, c’est le côté un peu téléphoné de la rencontre entre Orrec, Gry et Némar, un peu trop facile à mon goût (même si inévitable). C’est un bien petit défaut en regard du reste qui est de grande qualité, et j’attends avec impatience le 24 mars pour pouvoir lire la conclusion de cette trilogie.

CITRIQ

mercredi 16 mars 2011

Le discours d'un roi - Tom Hooper


De temps en temps, je ne vais pas voir que des films de geeks, il m’arrive même d’écouter les recommandations de ma grande sœur, et d’accompagner ma cousine au cinéma voir un film « normal ». Toute une histoire de famille donc, et encore je ne vous ai pas parlé de mon autre cousine accro à Colin Firth qui a un magnet de lui sur son frigo et qui voulait aussi le voir…

Mais j’imagine que vous n’êtes pas là pour que je vous raconte ma vie (même si vous serez ravis d’apprendre que mes makis dégustés avant la séance étaient drôlement bons, je regrette juste d’avoir dû les expédier pour être à l’heure au cinéma…), mais pour que je vous parle du film, soit.

Le discours d’un roi se penche sur la vie du futur George VI, deuxième fils de George V qui n’était pas destiné à être roi, surtout vu son handicap : il était bègue, ce qui rend tout discours officiel, surtout à l’époque où on commence à les retransmettre en direct à la radio, complètement impossible. Le film raconte comment il va lutter contre son handicap, grâce à l’étrange thérapeute qu’est Lionel Logue, alors qu’il se retrouve sur le trône suite à l’abdication de son frère.

Pour un film sur la royauté britannique, il se révèle étonnamment intime et émouvant. Dans un contexte historique pas franchement joyeux, avec la Seconde Guerre Mondiale qui se profile à l’horizon, on suit le combat de « Bertie » contre son bégaiement, autant via des entrainements physiques et que l’exorcisation de ses démons intérieurs.

C’est une histoire très simple finalement, mais diablement efficace, parce que rien n’a été laissé de côté dans ce film, jusqu’à cette façon de filmer en contre-plongée qui rend d’autant plus sensible au handicap du futur roi (quand en plus on se retrouve au premier rang au cinéma, c’est d’autant plus frappant).

Je ne vous ferais pas l’éloge de tout le casting, mais Colin Firth habite son rôle incroyablement, et les autres ne sont pas en reste (et j’ai reconnu Michael Gambon qui joue son père, comme quoi je progresse !). Les dialogues sont particulièrement soignés, drôles et émouvants. Et la musique discrète d’Alexandre Desplat accompagne parfaitement l’ensemble.

Même si ce n’est pas un moment de cinéma aussi marquant qu’un Black Swan à mon goût (disons que c'est un film beaucoup plus classique), il mérite tout de même ses quatre oscars (sans parler du reste). Après tout, ce n’est pas tous les jours qu’on se retient d’applaudir sur le final tellement on est pris dans l’histoire.

lundi 14 mars 2011

Trolljegeren / The Troll hunter - André Øvredal


C’est toujours bon d’avoir un ami passionné par les pays nordiques, c’est l’occasion d’aller voir des trucs étranges au cinéma, qu’on n’est même pas sûr de les voir en salles en France (même si apparemment une sortie serait prévue pour cet été). Et bon quand on vous propose d’aller voir un film parlant de chasse au troll, comment résister ?

Bon The Troll hunter ne traite pas de la chasse aux trolls sur les forums (dommage, ça me parlait tout de suite), mais bien de chasse au troll, le vrai, la créature fantastique, à travers les beaux paysages de la Norvège, sous la forme d’un faux documentaire réalisé par des étudiants en audiovisuel qui enquêtent sur les mystérieux meurtres d’ours.

Dès l’introduction de The Troll hunter (ou chasseur de troll si vous préférez la version française), on sent l’hommage à Blair Witch, une influence qui plane sur une bonne partie du film (en plus d’un paquet de films d’horreurs, je n’ai pas tout reconnu vu ma méconnaissance du domaine, c’est assez palpable).

Mais The Troll hunter n’est pas juste un film fantastique/d’horreur, c’est aussi une énorme parodie du genre, et de ce fait, il est très drôle. Les dialogues et les péripéties sont tellement énormes, l’histoire enfonce tellement le clou (sans parler des dialogues), qu’il est difficile de ne pas rire à chaque scène et à chaque détail foireux qui vient enrichir la mythologie du troll (mon favori est encore l’histoire des lignes à haute tension, quoique l'odeur de chrétien soit également sympathique).

Même si le film joue un peu trop la carte du film amateur, ce qui cause parfois quelques longueurs par moment, la réalisation est tout de même impec, et question effets spéciaux, les trolls rendent très bien. Mais en même temps, ce sont des vrais trolls, c’est normal !

Du coup, quand il sortira dans les salles françaises, je vous le recommande chaudement, on passe un très bon moment. D'ailleurs mes voisins de fauteuil, Elysio, Isil et Tigger Lilly (mieux qu'une lecture commune, une séance de ciné commune !), sont tous à fait d'accord.

mercredi 9 mars 2011

Le livre des contes perdus - J.R.R. Tolkien


J’avais un peu peur de me lancer dans la lecture de cet ouvrage en deux tomes. En effet, je l’avais acheté voilà fort longtemps et je n’avais jamais réussi à le finir (tout juste à le commencer), c’est même surprenant que je n’ai pas retrouvé de marque-page à l’intérieur. En plus, Isil ne m’avait pas dressé un portrait très brillant de la traduction français réalisée par Adam Tolkien, autant dire que je partais avec un sacré apriori.

Morale de l’histoire, vive les aprioris, puisque je n’ai jamais lu aussi vite un Tolkien de ma vie. Enfin plus précisément, je n’ai jamais lu aussi vite 700 pages de Tolkien à l’écriture très archaïque avec des notes un peu partout et des commentaires écrits en tout petit.

Oui parce qu’il vaut mieux poser les bases tout de suite, les Contes Perdus ne sont pas un texte facile loin de là. Il s’agit du premier volume de l’Histoire de la Terre du Milieu, une entreprise très ambitieuse (douze volumes, seuls cinq ont été traduits en français) de Christopher Tolkien visant à donner un aperçu plus complet de l’œuvre de son père et de ses différentes évolutions.

Il explique tout cela très bien dans l’introduction des Contes Perdus. Le Silmarillion n’est qu’un condensé de l’histoire qu’il a assemblé tant bien que mal après la mort de son père, et qu’il a complété par les Contes et légendes inachevés. Mais tout cela reste qu’un aperçu superficiel, à peine la partie émergée de l’iceberg.

D’où l’Histoire de la Terre Milieu, dont les deux premiers tomes forment le Livre des Contes perdus, qui se compose d’un ensemble relativement cohérent de récits qui viendront plus tard former le Silmarillion. Ce sont des très vieux écrits de Tolkien, certains datent de 1916, Autant dire qu’on remonte aux sources. Et que c’est à réserver aux passionnés de Tolkien.

Ces histoires ont été écrites sur différents carnets, mais elles étaient destinées à former un ensemble cohérent, lié par une trame narrative où un homme arrive à la Chaumière du Jeu Perdu et entend narrées maintes et maintes histoires du temps jadis. On retrouve toutes les grandes histoires : création d’Arda, les Valar qui descendent sur Terre, l’éveil des Eldar, leur voyage à Valinor, les complots de Melkor, Beren et Luthien, etc.


La présentation est plutôt bien pensée. Contrairement aux Contes et légendes inachevés qui sont un peu trop bordéliques à mon goût, je ne peux vraiment que saluer le travail éditorial de Christopher Tolkien, qui rend la lecture vraiment intéressante et didactique.

Chaque « histoire » est précédée d’une courte introduction si nécessaire, puis on attaque avec le texte en lui-même quasiment dénué de notes (à part sur les noms ou les différences scénaristiques, mais on peut très bien les ignorer). S’en suit un commentaire généralement très intéressant sur les versions successives, les différences avec le Silmarillion, la mise en perspective dans tout le travail de Tolkien…

J’admets, le début est dur. Le style est extrêmement archaïque, et volontairement traduit quasi-littéralement de l’anglais, ce qui nécessite une phase d’adaptation, en témoigne la première phrase :

« Maintenant il se trouva en un temps qu’un voyageur venu de pays lointains, un homme d’une grande curiosité, fut par le désir de pays étranges et d’us et de demeures de peuples inhabituels mené par bateau tant loin à l’Ouest que l’Ile Solitaire elle-même, Tol Eressëa dans le langage des fées, mais que les gnomes nomment Dor Faidwen, le Pays de la Libération, et un grand conte s’y rapporte »

Je l’ai lu trois fois avant de la comprendre, et toute la première histoire est du même acabit. Je pense que le texte doit être magnifique en anglais, c’est nettement plus dur en français. Ceci dit je préfère qu’ils aient opté pour une approche littérale, je n’ose imaginer le résultat s’ils avaient essayé de rendre ça en vieux français !



En fait, je ne sais pas si je m’y suis habituée, ou si les chapitres suivants sont moins guindés, mais au bout d’un moment j’ai commencé à lire de façon continue, sans prêter attention aucune aux tournures passives et aux « maintenant » toutes les trois lignes.

Et j’ai donc beaucoup apprécié de replonger dans les bonnes vieilles histoires du père Tolkien. Ce sont toujours les mêmes dans les grandes lignes, mais on voit les idées qui se sont perdues en route, et celles qui sont apparues bien plus tard.

Beren est un elfe dans cette version par exemple, ce qui rend le conte moins poignant, même s’il reste très beau. Les Valar sont bien plus proches de Dieux que dans le Silmarillion (où ils ont un caractère plus « angélique »). Ils pratiquent une magie très terre à terre (on a pratiquement les recettes !) et sont beaucoup plus faillibles. Les nains sont maléfiques, et les Noldor (encore appelés Gnomes) y ont un destin bien plus tragique.

Ce qui sera la conclusion du Silmarillion, à peine esquissé ici, est bien moins joyeux comme final. Quant à l’histoire d’Earendil (ma grande frustration, expédiée dans le Silmarillion et jamais terminée dans les Contes et légendes inachevées), ici encore, elle se révèle incomplète, mais les plans laissent à penser qu’elle aurait pu concurrencer le Conte de Tinuviel ou de Turin en terme de taille. On sent que Tolkien a vraiment peiné sur celle-là.

Les noms aussi sont un sacré casse-tête, ils changent même d’un chapitre à l’autre, d’ailleurs il vaut mieux avoir le Silmarillion frais en tête pour ne pas s’égarer. On s’amusera tout de même en passant de découvrir des noms pas vraiment à leur place, lorsqu’on croise un Legolas ou un Gimli (un elfe, lui aussi !) au gré des histoires,

Et puis Tolkien avait toute une idée derrière la tête en écrivant ces Contes Perdus, celle de donner une mythologie à la Grande Bretagne, et c’est là que s’insère l’histoire d’Eriol/ Aeflwine, aspect plutôt intéressant lorsque les lieux imaginés commencent à se fondre avec des lieux réels.

C’est donc un livre très intéressant à lire pour plonger encore plus dans l’univers de Tolkien. Les histoires ont un délicieux parfum d’archaïsme, et le fait d’avoir des histoires dans l’histoire (puisque les contes sont racontés à Eriol au fur et à mesure) rend la lecture un peu plus rythmée (on retrouve parfois des commentaires du conteur en pleine histoire).

Ceci dit je ne le recommanderais qu’aux passionnés, ou aux archéologues qui aiment déterrer et comparer d’anciens objets, et lire des commentaires sur les trente différents versions manuscrites ou dactylographiées...

En tout cas, s’il y a quelque chose qui me frappe au fur et à mesure que j’avance, c’est que l’œuvre de Tolkien va bien au-delà de la Fantasy, bien qu’on le considère souvent comme un des fondateurs du genre. Cette construction d’une histoire mythologique, avec différentes versions (volontaires), c’est vraiment quelque chose de très particulier.

Allez, prochaine étape, les Lais du Beleriand ! Récits en vers, me voilà !


CITRIQ

lundi 7 mars 2011

La Brigade Chimérique (cycle complet) - Serge Lehman et Fabrice Colin


Ca fait déjà un bon moment que j’ai fini de lire le cycle de la Brigade Chimérique, mais c’est le genre d’œuvre qui nécessite une deuxième lecture pour mieux l’appréhender, et de laisser reposer ensuite pour arriver à en dire quelque chose. Et encore, je peine encore à trouver les mots. La Brigade Chimérique est une œuvre si dense, si riche, et si particulière qu’il n’est vraiment pas facile d’en parler.

Pour ceux qui auraient raté un épisode, il s’agit d’un cycle en six tomes qui s’amuse à mettre en scène une Europe des années trente où évoluent des super-héros européens, nés pour la plupart pendant la première guerre mondiale.

On retrouve les principaux acteurs de l’Histoire dans les années 30, mais sous une forme différente : le nazisme se retrouve sous la forme du Docteur Mabuse qui cherche à construire un monde uniquement composé de surhommes, l’URSS est remplacé par Nous Autres et ses mécanoïdes, La Phalange (Franco) met l’Espagne à feu et à sang…

Il est assez difficile de raconter l’histoire. Tout débute avec une étrange conférence organisée par le Docteur Mabuse dans sa cité de Métropolis, mystérieusement sortie de nulle part en six mois. Un étrange individu y fait irruption… et ensuite, il vous faudra lire car on quitte le prologue pour entrainer dans le premier épisode, car la BD se découpe en épisodes, façon comics.

La Brigade Chimérique emprunte de toute façon beaucoup aux comics : certains personnages (comme Steele/Superman qu’on aperçoit à plusieurs reprises), le format, le découpage avec les couvertures de chaque numéro comme s’ils paraissent en kiosque (elles sont superbes d’ailleurs), et on a quand même droit à quelques belles baston entre supers.



Mais en même temps, il y a un petit quelque chose de plus. J’ai du mal à mettre le doigt dessus, mais dans la richesse des références, la façon dont s’articule et se conclut l’histoire, l’ancrage dans l’époque, il y a vraiment quelque chose de plus « européen » également.

J’avais commencé à la lire comme un divertissement, et en avançant dans les tomes, je me suis rendue compte que c’était un peu plus que ça. Le propos est diablement intelligent, bourré de références, et l’époque des années 30 est loin d’être un simple prétexte.

En trainant un peu mes guêtres sur internet, et notamment sur le site internet que je vous recommande grandement, je me suis rendue compte que j’étais passée à côté d’un milliard de choses. Il y a des références par millier, il n’y a pas un personnage qui ne soit pas soit un vrai personnage historique, soit inspiré par des œuvres des années 20-30, il y a tout un travail sur l’histoire de l’époque, et sur toute des publications populaires de super héros européens tombés dans l’oubli depuis…

Le dessin n’est pas forcément des plus alléchants (quoique personnellement j’aime beaucoup ce style assez « brut »), mais les incrustations d’affiches, d’œuvres d’art et autres sont très intéressantes. Et dans les derniers tomes, certains passages sont simplement de toute beauté, à vous coller des frissons dans le dos (si vous n’en avez pas déjà à cause de l’histoire ceci dit).

J’ai du mal à parler de cette série, c’est vraiment quelque chose de spécial, mais c’est vraiment passionnant, alors si elle vous passe entre les mains, lisez-là, un point c’est tout !


CITRIQ

vendredi 4 mars 2011

Jour J : Les Russes sur la Lune ! - Duval, Pécau & Buchet


Cette BD me tendait presque les bras l’autre jour à la bibliothèque, avec sa couverture qui imite à la perfection le magazine Life, et sa thématique clairement uchronique. Comme le Winter Time Travel n’est pas fini, j’y ai donc jeté un œil.

Jour J est une série d’histoires one-shot qui s’amuse à reprendre de grands évènements historiques, et à les faire diverger de façon à réécrire l’histoire. De l’uchronie à l’état pur donc, et le premier tome frappe fort en faisant rater l’atterrissage (enfin pardon, alunissage) du module américain en juillet 1969, si bien que le premier homme à marcher sur la Lune est… une femme. Qui est russe, c’est surtout ça qui importe, et c’est là tout le point de divergence !

La BD nous emmène ensuite visiter les conséquences de ce changement dix ans plus tard, alors que les tensions entre les deux blocs sont à leur apogée, et que Etats-Unis et URSS se posent des questions sur ce qu’il se passe vraiment dans leurs bases respectives sur la Lune.

J’avoue que le concept est vraiment alléchant, surtout l’idée de deux bases permanentes sur la Lune, mais on reste un peu sur sa faim à la lecture, parce que l’histoire qui vient se greffer là-dessus reste très classique avec des grands méchants et des héros très gentils et un peu rebelles. Et puis pour une série qui semble se vouloir très réaliste, scientifiquement parlant, je ne la trouve pas crédible, même si je n’entrerais pas dans les détails pour ne rien révéler de l’intrigue…

Bref autant la couverture et l’idée me plaisent, autant le contenu n’est pas à la hauteur de mes attentes… menfin si les tomes suivants me tombent entre les mains, j’y jetterais sûrement un œil.


CITRIQ

mercredi 2 mars 2011

Arrietty le petit monde des chapardeurs - Hiromasa Yonebayashi


On ne peut pas toujours aller voir des films sinistres au cinéma, et un film des studios Ghibli, ça ne se refuse pas, même si Miyazaki n’est pas aux commandes. Dénicher une salle qui le passe encore en VO a été difficile (en période de vacances scolaires, il est programmé uniquement en journée en vf), mais heureusement, il y a le Studio des Ursulines !

J’aime bien ce petit cinéma planqué non loin du jardin du Luxembourg : il ne diffuse quasiment que du film jeunesse, je n’y suis jamais allée pour autre chose en tout cas, et il assume tout à fait son statut à en juger par la quantité de rehausseurs disponibles à l’entrée de la salle. C’est une salle à l’ancienne mode avec balcon et rideau qui se lève au début de la séance, et ça, c’est drôlement chouette !

Mais je m’égare. Arrietty est adapté du roman de Mary Norton, The Borrowers (que je n’ai pas lu mais que du coup je lirais sûrement un jour, bien évidemment), qui raconte l’histoire de très petites personnes qui vivent dans nos maisons en « chapardant » ce dont ils ont besoin. D’après ce que j’ai lu sur les livres, le film suit l’histoire du premier tome dans les (très) grandes lignes.

Nous avons donc Sho, un jeune garçon malade qui vient se reposer dans une vieille maison à la campagne, en compagnie de sa tante. Dès son arrivée, il croit apercevoir une des petites personnes dont lui avait parlé sa mère. De son coté, Arrietty, jeune et téméraire borrower s’apprête à participer à sa première chaparde…

L’histoire n’est pas extraordinaire (la rencontre entre Arrietty et Sho, et les conséquences), et il ne se passe finalement pas grand-chose, mais on passe tout de même un bon moment. C’est mignon mais pas complètement niais. Avec un regard adulte, on s’amusera beaucoup à commenter les techniques de séduction à l’ancienne mode (entre framboise, thé et je te raccompagne à la sortie).

Il ne faut pas longtemps pour tomber sous le charme du dessin, qui s’il n’arrive pas au niveau d’un Voyage de Chihiro et autres confrères, est tout de même fort chouette. Comme l’histoire n’est pas extrêmement compliquée ou trop rapide, on a tout le loisir d’admirer les petits détails, et les différents décors sont vraiment délicieux (surtout la maison des Borrowers dans laquelle on s’amuse à reconnaitre les différents éléments piqués ça et là).

La musique est signée par une française (une bretonne même !), rien que ça, et même si je la trouve un poil décalée (peut-être trop occidentale aussi) par rapport à l’animation et à l’univers, c’est fort plaisant à écouter.

Bref, c’est un dessin animé bien agréable, et s’il n’arrive pas à la cheville des créations de Miyazaki (j’en ai revu deux ce week-end, la comparaison est presque cruelle !), on passe un très bon moment de cinéma, qu’on peut facilement partager avec des enfants !