vendredi 23 février 2018

Utopiales 2017 (anthologie)


Comme le veut la tradition, qui dit visite aux Utopiales dit achat et dédicace de l’anthologie. Et c’est un plaisir quelques mois de se plonger dedans, autant pour découvrir et redécouvrir les auteurs que pour se rappeler des séances parfois ubuesques de dédicace nécessaires pour obtenir toutes les signatures.

Cette année, le sommaire compte douze auteurs avec une quasi-parité (5 femmes, 7 hommes) et un joli éventail de nationalité. Les onze nouvelles et les deux poèmes qui composent l’anthologie sont tous inédits sauf deux, et un texte est même là en avant-première. Bref sur le papier, y’a du niveau !

43 200 secondes de Jean-Laurent Del Socorro ouvre le bal en beauté avec cette sénatrice prête à tout pour empêcher le passage d'un texte de loi. C’est un beau texte féministe avec des jolis effets sous forme de tweets insérés dans le récit.

On continue dans une veine féministe avec La place d’une femme d’Emma Newman, un court récit qui revisite l’univers de Sherlock Holmes en se penchant sur un personnage à priori purement secondaire et qui pourtant a son importance.

Avec Huit siècles sur une échelle de temps, Olivier Gechter nous projette dans un futur où la Terre est devenue inhabitable et où des gardiens la veille à tour de rôle pendant 30 jours une fois par siècle. Le concept de base est joli et bien exploité avec un mystère dont on a plaisir à suivre la résolution.

Le sphincter de l’œsophage de Nabil Ouali met en scène un fils et son père qui passent une soirée ensemble et discutent d'une nouvelle loi destinée à garantir l'égalité hommes-femmes. Encore un texte très féministe (à croire que c'était le thème caché des Utopiales !) plutôt sympathique à lire.

Passons ensuite au gros morceau de l’anthologie, au propre comme au figuré, Pékin origami de Jingfang Hao. Ce texte est présenté en avant-première puisqu’il fait partie du recueil de nouvelles de l’auteure qui va être édité en 2018 chez Outre Fleuve. Cette histoire qui imagine une Pékin du futur qui comporte plusieurs faces qui chacune à leur tour s'endorment et se réveillent est fascinante à lire. Pour le coup j’ai hâte de lire d'autres textes de cette auteure.

Les anges tièdes d'Estelle Faye est une jolie nouvelle qui nous projette dans un univers plutôt post-apo où l'humanité s'est réfugiée dans une réalité virtuelle bien lisse pour mieux nous montrer toutes les limites de l'utopie.

Le texte suivant, Les cristallines d'Ariane Gélinas est un peu étrange si bien que je suis un peu passée à côté. L’ambiance est chouette et les améliorations technologiques mises en scène sont pleines de promesses mais l’histoire m’a semblé comme incomplète

Les arbres sont des gens comme les autres de Timothée Rey est une nouvelle intéressante qui imagine un futur où pour conserver les personnes, on transplante leur cerveau dans un arbre. Le concept est fascinant mais bien exploité, mais la chute décalée peut potentiellement perturber.

Dans Les oiseaux lunaires de Michael Moorcock, un homme est à la recherche de sa famille disparue lors d’un phénomène surnaturel il y a 24 ans. J’ai bien aimé l’ambiance de féérie tellement anglaise et les références à la mythologie arthurienne.

On enchaîne ensuite avec Poèmes de Guy Gavriel Kay, deux poèmes sympathiques à lire (surtout le premier sur Guenièvre), même si ce n’est pas particulièrement ma tasse de thé et que ça ne permet guère de faire connaissance avec l’auteur. Mais il parait que ce n’est pas son truc, les nouvelles (ça n’a rien de surprenant en fait).

Les auteurs semblent s’être passés le mot, L’Île close de Lionel Davoust parle aussi des légendes du roi Arthur en explorant la question très intéressante des archétypes. Intéressant à découvrir.

L’anthologie se termine avec Le gnome qui voulut être fée d'Audrey Alwett. Je ne sais pas pourquoi mais je m’attendais à quelque chose de léger avec ces histoires de gnomes et de fées. Il n’en est rien au final, j’ai même trouvé ce texte un peu triste.

Voilà pour le tour des nouvelles de cette anthologie qui comme chaque année propose de chouettes textes dans des genres et des formats très variés. Je ne suis pas convaincue qu’ils soient tous très raccords avec le thème du temps, mais rien de grave, tout le monde saura trouver comme d’habitude des nouvelles à son goût.

A noter que j’ai trouvé que la barre avait été mise très haute cette année. Cette impression sera à confirmer dans quelques mois (selon si j’ai tout oublié ou non), mais j’ai trouvé qu’il y avait vraiment d’excellents textes. Je crois qu’au final il n’y a guère que les textes d’Ariane Gélinas, de Michael Moorcock et de Guy Gavriel Kay qui ne m’ont pas emballée plus que cela.

8 commentaires:

Alys a dit…

Intéressant :)

Vert a dit…

@Alys
N'est-ce pas ^^

shaya a dit…

C'est vrai qu'elle était bien chouette cette anthologie, même si on n'a pas les mêmes "déceptions" :)

Lorhkan a dit…

Je n'ai lu que la nouvelle de JingFang Hao, et elle est d'ailleurs tout à fait intéressante. Du coup, j'attends fermement son recueil à venir chez Outre Fleuve.

Vert a dit…

@Shaya
C'est le principe de ce genre d'anthologie, personne n'aime jamais la même chose :D

Vert a dit…

@Lorhkan
Et moi donc !
Le reste de l'anthologie est chouette aussi ceci dit ;)

Tigger Lilly a dit…

Ça a l'air d'être un bon cru ^^

Vert a dit…

@Tigger Lilly
Plutôt oui. Tu l'as achetée finalement ?