mercredi 6 septembre 2017

L’âme des horloges – David Mitchell


Depuis que je l’ai découvert avec Cartographie des nuages, je surveille tout ce qu’écrit David Mitchell et je dévore petit à petit sa bibliographie. J’étais donc bien contente de pouvoir partir en vacances cet été avec son « petit » dernier (du moins en VF), L’âme des horloges, un joli pavé de presque 800 pages.

Dans ce roman, on suit les traces de Holly Sykes, une adolescente en pleine rébellion qui décide de quitter la demeure familiale suite à une dispute avec sa mère. L’histoire pourrait être banale, si Holly n’avait pas d’étranges dons et si son escapade ne basculait pas à un moment dans l’horreur, prise à partie dans un conflit entre êtres millénaires qui la dépasse complètement.

Et puis on la laisse de côté pour s’intéresser à Hugo Lamb, un étudiant qui multiplie les combines pour se faire une place dans le monde. Puis vint le tour d’Ed, reporter de guerre qui cherche à conjuguer son métier et sa vie de famille (une des parties des plus émouvantes du roman pour moi), et ainsi de suite, tout en gardant la petite histoire fantastique en trame de fond.

Cette courte présentation ne rend pas vraiment hommage à un superbe roman qui comme Cartographie des nuages, est une œuvre morcelée. L’intrigue s’étale sur une soixantaine d’années et les différentes parties sont toutes liées par la présence de Holly Sykes, clairement la clé de voute de l’ensemble.

Je me suis lancée dans cette lecture à l’aveugle, sans même lire un résumé, si bien que j’ai été surprise lors du premier changement de partie. Et puis je me suis prise au jeu, à me demander quel était le lien entre le nouveau narrateur et Holly, et à m’interroger sur ce qu’elle était devenue entretemps. C’est vraiment une construction brillante, et c’est d’autant plus marquant qu’elle fonctionne très bien (alors qu’on saute parfois du coq à l’âne d’une partie à l’autre, surtout au début).

Mais il n’y a pas que la structure qui fait le charme de L'âme des horloges. Il y a ces différents portraits de personnages, tous très différents et attachants à leur façon. Il y a cette mise en scène incroyable et criante de vérité de ces dernières décennies. Il y a cette belle étude des différents âges de la vie à travers le personnage d’Holly Sykes. Il y a enfin cette écriture qui n’a pas peur de prendre son temps.

Dans les mains de pas mal de gens, l’intrigue de L’âme des horloges aurait vite pris la forme d’un thriller ésotérique qui se déroule à cent à l’heure. David Mitchell n’a pas peur de prendre son temps, d’étirer son intrigue sur plusieurs décennies et il n’y a guère qu’une partie qui a vraiment un côté « thriller » au final (tandis qu’une autre vous évoquera plus un roman d’anticipation qu’autre chose, et le rendu est trop vrai pour ne pas être inquiétant).

Le résultat est vraiment étonnant, si bien qu’il est difficile de qualifier ce roman (et je ne vous raconte pas la galère pour le chroniquer). Une chose est sûre, L’âme des horloges est un roman d’une incroyable richesse, dans lequel chacun trouvera quelque chose qui le touchera et qu’il gardera avec lui.

Amis lecteurs, si vous avez envie de voyager dans le temps (mais pas trop loin), de vivre une aventure fantastique (mais pas trop) et de toucher au plus près de l’âme humaine, jetez-vous sur L’âme des horloges. C’est un roman doté d’une belle construction et d’une superbe écriture qui ne vous laissera pas indifférent. Définitivement une de mes plus belles lectures depuis le début de l’année.

Le petit truc en plus à savoir : David Mitchell dissimule dans son roman plein d’allusions à ses autres textes. Celle relative aux Mille automnes de Jacob de Zoet m’a sauté aux yeux, mais il y en a bien d’autres d’après Wikipédia. Ca n’a aucune influence sur la lecture mais c’est un bonus sympathique !


784 p.

23 commentaires:

Alys a dit…

Bien, c'est noté. J'ai Ghostwritten (Écrits fantômes) dans ma PAL mais je retarde beaucoup la lecture car je pense qu'il faut brancher son cerveau pour le lire. Il faut que je m'y mette.

Lianne a dit…

Je ne sais pas vraiment si ce livre est pour moi mais ton enthousiasme est communicatif et j'ai envie de tester le livre quand même, on verra bien ^^

yogo a dit…

Après avoir lu Cartographie des nuages, j'ai aussi envie de continuer à découvrir l'auteur. Celui-ci me tente bien mais le prix du numérique m'a fait fuir.
Je vais attendre une baisse de prix ou que ma bibliothèque l'acquiert...
Mais ton enthousiasme me conforte dans l'idée de lire David Mitchell

Cedric Jeanneret a dit…

Tu as aussi Slade House (https://siku00.blogspot.ch/2016/02/slade-house.html) qui, pour le coup, ne se déroule pas non seulement dans le même univers (à coup de petits références) mais traite, d'une manière plus ramassée, des mêmes "pratiques ésotériques".

Tigger Lilly a dit…

Bigre ! Encore un auteur que je dois absolument découvrir.

Anonyme a dit…

Et bien ça me donne envie de le lire...je m'en doutais un peu tellement j'ai aimé Cartographie des nuages..
Maman Vert

Vert a dit…

@Alys
Ecrits fantômes est le dernier qu'il me reste à lire (les autres ont pas été traduits il me semble), on pourra se programmer une LC si tu veux ^^

Vert a dit…

@De Livre En Livres
Au pire y'a l'option bibliothèque pour tester !

Vert a dit…

@yogo
Ma maman a fait une suggestion d'acquisition dans sa bibliothèque (mais je pense pas que vous fréquentiez la même xD)

Vert a dit…

@Cédric
Oui je suis retombée sur ta critique quand je cherchais des avis sur celui-ci. J'espère qu'il sera traduit prochainement !

Vert a dit…

@Tigger Lilly
Ca fait des idées cadeaux pour tous tes anniversaires à venir :D

Vert a dit…

@Maman Vert
Ca devrait te plaire aussi alors ^^

Alys a dit…

Ho oui grave!!! :)

Le Maki a dit…

Il y a peu de chance, mon seul espoir la bibliothèque numérique de Paris. Faut juste que je trouve quelqu'un qui y est inscrit... lol

shaya a dit…

Pareil qu'Alys, faut que je lise cet auteur un jour, mais que je branche mon cerveau avant...

Vert a dit…

@Shaya
Tu avais vu le film Cloud Atlas au final ?

Lorhkan a dit…

Ça fait longtemps qu'il est sur mes tablettes, faut que je me lance pour enfin découvrir David Mitchell.

Vert a dit…

@Lorhkan
C'est marrant j'aurais juré que tu avais dis la même chose quand j'ai chroniqué son précédent roman ;p

Lorhkan a dit…

Mais non, mais non, tu imagines des choses. ;)

Acr0 a dit…

Zut, mon commentaire posté il y a quelques jours ne semble pas être passé... Je disais donc qu'il était difficile de parler de "cartographie des nuages" (que je n'ai jamais chroniqué de mon côté) mais que du coup, je visualise ce que tu veux dire de celui-là. Il me tente donc terriblement ;) Je ne savais même pas qu'il était sorti !

Vert a dit…

@Acr0
Depuis le début de l'année même. Si la cartographie t'a plu, celui-là devrait te convenir aussi ^^

yogo a dit…

Quel plaisir de lecture, emballé par les 5/6 du roman, la partie "fantastique" m'a laissé un peu sur le bord du chemin.
Mais au final, c'est juste un énorme roman qu'il faut lire, un livre qui marque par sa justesse, sa simplicité et sa profondeur...

Vert a dit…

@yogo
Oui c'est toujours étonnant à quel point les personnes sont tellement bien croqués qu'on les voit sans peine sortir des pages pour prendre vie ^^.