mercredi 23 septembre 2015

Les quatre vents du désir - Ursula K. Le Guin


Recueil de nouvelles publiées entre 1974 et 1982, Les quatre vents du désir sonne un peu comme un roman sentimental, si bien que je me suis demandée un moment ce que j’allais trouver à l’intérieur. Le titre original, The Compass Rose (la rose des vents), est bien moins tendancieux et colle mieux à son contenu.

Car ce recueil est étrangement structuré en plusieurs parties comme autant de points cardinaux. On se retrouve donc face à six sections, car Ursula K. Le Guin ne fait rien comme tout le monde et a intégré le zénith et le nadir, c’est-à-dire le haut et le bas. Quant au rapport entre les directions et les nouvelles… ma foi, si certains sont évidents, je suis forcée d’avouer que je ne le ai pas tous saisi.

A vrai dire c’est une impression qui a accompagné la lecture de nombres de textes de ce recueil, sans doute parce qu’ils sont assez différents de tous ceux que j’ai pu déjà lire de l’auteur. Alors que j’avais l’habitude de longs textes mettant en scène des étranges cultures sur d’autres planètes, ici le format est résolument court, on reste presque tout le temps sur Terre, et le cadrage est extrêmement resserré, intimiste même.

Les quatre vents du désir est donc un recueil surprenant, pas toujours très facile à aborder, et dans lequel tous les textes ne font pas l’unanimité. Cependant j’ai idée qu’on trouvera forcément des morceaux susceptibles de nous parler, d’ailleurs sur les vingt nouvelles, il y a quand même dix qui m’ont marquée !

En commençant par L'auteur des graines d'acacia, texte faussement scientifique qui extrapole sur le langage des animaux (qui ne passe nullement par des paroles, bien sûr). C’est court mais ô combien fascinant.

La Nouvelle Atlantide qui vient juste derrière un texte très étrange qui alterne entre le récit d’une femme qui retrouve son mari sorti de camp de rééducation dans un univers dystopique, et une histoire parallèle métaphysique que je n’ai pas trop compris (je pense qu’elle évoque la Caverne de Platon, enfin je crois). J’ai beaucoup aimé l’ambiance de dystopie et de fin du monde, et tant pis pour ce que je n’ai pas compris.

Le test est un des textes les plus marquants du recueil, où l’on se projette dans un futur où on décide de tester la santé mentale des gens (façon QI) pour déterminer s’ils sont aptes à mener une vie normale. Forcément le résultat est drôle, et je vous conseille d’ignorer la quatrième de couverture qui raconte la fin de la nouvelle (franchement !).

Le journal de la rose reprend la thématique de la nouvelle Le test (la santé mentale), avec une dose de dystopie en prime. On accroche très vite avec l’héroïne qui raconte dans son journal l’échange avec le patient qu’elle est censée soigner.

L’œil transfiguré est un des rares textes à nous faire voyager en dehors de la Terre. Il parle de la colonisation d’une planète différente de la Terre, et de la façon dont les colons s’adaptent. Comme toujours avec Ursula K. Le Guin, c’est très crédible et extrêmement touchant.

Les sentiers du désir se déroule aussi en dehors de notre système solaire, avec en vedette un groupe d’anthropologues qui essayent de comprendre la culture d’une autre planète. L’ensemble est mystérieux, fascinant et très bien monté (je vous aurais bien une citation mais elle en dit trop).

La harpe de Gwilan est une histoire tout en douceur et en tristesse sur une femme musicienne. Pas de grande SF ici mais de très jolis personnages et une mélancolie poignante.

Le récit de sa femme est une belle surprise, je ne vous en dirais pas plus si ce n’est que c’est une très bonne nouvelle à chute.

Tout est dans le titre Quelques approches au problème du manque de temps, une nouvelle particulièrement savoureuse à lire quand on vient de reprendre le boulot et qu’on ne cesse de se plaindre de n’avoir le temps de rien.

Sur est de loin la nouvelle la moins SF du recueil : elle imagine le périple d’un groupe de femmes ayant atteint le Pôle Sud en premier. C’est un beau récit d’une expédition dont on finit par douter du caractère imaginaire.

Quelques textes valent donc le détour dans ce recueil devenu très difficile à trouver. Pour ma part, j’ai fini par racheter un exemplaire sorti des collections d’une bibliothèque municipale (habitants de Montivilliers, vous ne savez pas ce que vous avez perdu, mais moi je sais ce que j’ai gagné !).

En toute honnêteté, ce n’est sans doute pas le plus indispensable de ses livres et ne mérite peut-être pas une quête acharnée, mais si vous le croisez au détour d’un bouquiniste, rappelez-vous bien que ce n’est pas un roman sentimental, mais un sympathique recueil de nouvelles !

CITRIQ



344 p.

5 commentaires:

Lorhkan a dit…

Tu n'as donc toujours pas fait le tour des oeuvres d'Ursula La Guin ! Il t'en manque encore beaucoup ?

Vert a dit…

@Lorhkan
Il me reste encore les Quatre chemins du pardon (dans ma PàL), les Chroniques orsiniennes et Malafrena. Et la série jeunesse des Chats volants. Après je peux encore traquer les nouvelles ici et là ou partir sur la VO mais on va déjà finir ça ^^.

Lorhkan a dit…

Amuse-toi bien alors. ;)
Et prépare-toi à la déprime post-j'ai-tout-lu-de-Ursula-Le-Guin... :P

Tigger Lilly a dit…

J'allais faire exactement la même remarque que Lorhkan XD

Vert a dit…

@Lorhkan & Tigger Lilly
Après y'a toujours l'option relecture :D