jeudi 11 décembre 2014

Utopiales 2014 (anthologie)


Cette année je n'ai pas trop fait traîner l'anthologie des Utopiales dans ma PàL, il faut dire que le menu était plutôt attirant : 11 nouvelles, un cocktail d'auteurs alléchant, beaucoup d'inédits, des femmes (4 pour 11 textes, on arrive presque à la parité !), un thème qui fait envie... C'est donc avec plein de souvenirs tous frais de rencontres en tête que j'ai plongé dans ma lecture.

Comme toutes les anthologies de ce genre, qui mêlent des auteurs et des styles très différents qui se retrouvent autour d'un thème (et encore, ici il est tellement vaste qu'on aurait bien du mal à dresser des points communs entre les textes), il est difficile d'avoir un avis global sur l'ensemble. Allons plutôt explorer les nouvelles en détail :

Dans Chaperon de Laurent Genefort, des aliens issus d'une civilisation millénaire étudient d'étranges phénomènes cosmiques. L'étrangeté (qui fait la saveur du texte), c'est qu'à aucun moment les humains ne sont évoqués, c'est comme s'ils n'existaient pas ou n'avaient jamais été rencontrés, c'est rafraîchissant !

Fe6 !! ou La Transfiguration de Bobby J. Fischer de Léo Henry est un texte plein de va-et-vient qui parle des échecs. Je ne suis pas sûre d'avoir tout compris, mais j'ai apprécié l'incroyable érudition (ou fausse érudition peut-être mais dans ce cas l'illusion est parfaite) sur le monde des échecs, et toutes les réflexions que cela entraîne sur l'intelligence des joueurs. Maintenant il faut vraiment que je lise ses autres écrits.

En sommeil de Jo Walton met en scène une biographe qui discute avec une simulation d'un personnage dont elle vient d'écrire le récit de sa vie. Je n'en dirais pas plus, mais c'est un texte que j'ai trouvé vraiment charmant. J'ai hâte de lire d'autres textes d'elle !

Petit séjour dans un futur post-apocalyptique avec L’Évangile selon Artyom de Dmitry Glukhovsky. Cette nouvelle qui se déroule je suppose dans le même univers que son Métro 2033. Du coup je serais curieuse d'en savoir plus, par contre j'ai eu un moment l'impression que le texte passait à côté du thème (même si en fait non à la réflexion).

On enchaîne ensuite avec Pas de deux sur la planète des ombres de Dominique Douay où deux prospecteurs dans l'espace découvrent un objet céleste qui ne devrait pas exister. J'ai eu un peu de mal avec ce texte, je crois que je ne l'ai compris qu'à moitié.

Les Dracula anonymes de Barbara Sadoul est une pièce de théâtre où un étudiant de médecine qui étudie avec un certain professeur Stoker souhaite devenir écrivain et lit une pièce de théâtre du même professeur qui parle d'un certain Bram Stoker et de Dracula... avec toute cette mise en abîme, on s'y perd un peu. J'ai moyennement accroché, je me demande si ce n'est pas plus savoureux quand on a lu Dracula pour commencer !

Dans L’Affaire du Bassin des Hivers de Michael Moorcock, on visite un Paris alternatif un peu étrange où l’on arrive visiblement à voyager à travers le temps et les univers. Et où un enquêteur spécialisé dans ces phénomènes paranormaux enquête sur un cadavre de femme qu’un homme a découvert dans son appartement. J’ai beaucoup aimé l’atmosphère et la description de la ville, mais j’ai l’impression qu’il me manquait pas mal de connaissances pour apprécier l’univers et surtout la fin (qui confirme que l’histoire a un lien avec l’univers habituel de Moorcock).

Quittons ensuite la Terre avec L’Esprit de la roche de Jean-Marc Ligny, où un petit groupe de scientifiques humains cherche à comprendre l’étrange phénomène des pierres mobiles sur une planète morte. Le ton est plutôt gentillet, mais c’est le genre d’histoire positive qui est toujours plaisant à lire.

Lasser reprend du service dans Le Sage qui entre dans la paix de Sylvie Miller & Philippe Ward, pour notre plus grand bonheur. Je suis toujours surprise car au bout de trois livres, on devrait logiquement se lasser (ah ah ah), mais il n’en est rien. Cette petite enquête qui traite de la connaissance (autant dire qu’elle rentre complètement dans la thématique de l’anthologie) est bien évidemment prenante et pleine d’humour… quoique finalement le fond donne à réfléchir. Un délice !

Le court roman de la momie de Sylvie Denis n'a rien à voir avec l’Egypte malgré le titre. Cette nouvelle nous emmène dans un futur proche où un pulseur (en gros un blogueur du futur qui fait vivre les évènements mondains aux pauvres âmes qui n’y ont pas accès) tombe amoureux d’une momie, et la ressuscite par mégarde. Le résultat est un texte complet, au background très développé, qui n’oublie pas de s’intéresser à la question de l’influence. Moi qui n'avait pas trop accroché aux autres nouvelles que j'avais lu d'elle, voilà mon intérêt réveillé !

Et on termine avec Dernières volontés de K. W. Jeter, un texte atypique qui met en scène une fille qui entretient des relations conflictuelles avec son père, et qui se retrouve le 1er novembre à devoir mettre en œuvre sa mort, car il veut mourir le 2 novembre pour être sûr d’aller au Paris. Complètement dénué de fantastique (ou peu s’en faut), c’est un texte très étrange, mais fort touchant.

Globalement j'ai eu grand plaisir à lire ce recueil, même si certaines nouvelles m'ont laissée dubitative (souvent parce que je n'ai pas tout compris ou que je n'ai pas accroché à l'histoire). D'ailleurs c'est assez rigolo, les textes qui m'ont laissée de marbre se situent en milieu d'ouvrage, si bien que ça fait comme un passage à vide en milieu de lecture.

A côté de ça, j'ai eu plaisir à retrouver certains auteurs comme Jo Walton (vivement son prochain roman) et Sylvie Miller et Philippe Ward (qui sont comme toujours un excellent remède à la panne de lecture). J'ai pu découvrir les écrits de Léo Henry (depuis le temps), Sylvie Denis (j'ai bien plus accroché que ses nouvelles que j'avais lu avant) et K.W. Jeter (très curieux). Et j'ai aussi passé un bon moment avec Jean-Marc Ligny et Laurent Genefort (prochaine étape : Omale !).

Pour ce qui est des autres, ça ne m'empêchera probablement pas de lire d'autres textes d'eux à l'occasion, c'est donc un bilan positif pour cette anthologie qui avec toutes ses signatures est aussi un très bon souvenir de festival en bonus !

CITRIQ

2 commentaires:

Endea a dit…

J'ai commencé à lire les premières nouvelles mais j'avoue que pour l'instant je suis moyennement emballée, à croire que le thème de l'intelligence ne me convient pas, lol, bon après je ne suis peut être pas dans une phase à nouvelles, je retenterai un peu plus tard.
Surtout que ton avis me donne envie de m'y replonger avec des nouveaux yeux.

Vert a dit…

@Endea
Tant mieux alors !