dimanche 18 mai 2014

L'opéra de Shaya - Sylvie Lainé


Il y a des auteurs qu’on croise souvent au détour d’anthologies, et pour lesquels on se promet d’investir dans l’un de leurs livres. En général, on renouvelle la promesse à l’anthologie suivante, et ce petit jeu peut durer longtemps… Sylvie Lainé a de la chance, cela ne m’a pris que deux anthologies avant de m’attaquer à un de ses livres.

Et tant qu’à faire les choses dans l’ordre, j’ai opté pour son dernier recueil de nouvelles fraîchement paru, L’opéra de Shaya. J’hésitais un peu, puisque sur quatre textes, j’en avais déjà lu deux : Grenade au bord du ciel (publiée dans Utopiales 2013) et Petits arrangements intra-galactiques (publiée dans Contrepoint). Mais la nouvelle qui donne son titre au recueil occupe tout de même une bonne moitié de l’ouvrage, et la couverture est juste magnifique, alors j’ai fini par craquer.

Et c’est un achat que je ne regrette pas, car L’opéra de Shaya est un véritable enchantement. On y suit les pas de So-Ann, une femme née dans un vaisseau spatial qui ne reste jamais longtemps sur une planète, tant elle a du mal à s’adapter aux coutumes locales.

Elle erre donc de planète en planète, espérant trouver un jour un lieu qui lui convient. Ce lieu, ce sera peut-être la planète Shaya, un monde bien étrange où toutes les formes de vie (de la simple plante à l’être pensant) ont sans cesse besoin de matériel génétique étranger pour évoluer, s’enrichir, etc.

C'est bien simple, j’ai adoré cette nouvelle de space-opera. On part du schéma assez classique de l’humain qui va de planète en planète et découvre à chaque fois une nouvelle culture (et franchement c’est un type d’histoire auquel il est difficile de résister), avec une voix et des idées très fraîches, très intéressantes.

Il est difficile d’en dire plus sans déflorer l’intrigue, mais j’ai été subjuguée par cet écosystème inventé tellement différent de nous. On en ressent vraiment l’étrangeté, tant il provoque en même temps émerveillement et interrogation, chez nous comme chez l’héroïne.

Mais la description de cette planète est loin d’occuper tout le texte, loin de là. Sylvie Lainé ne néglige pas pour autant son héroïne (que je n’ai pas forcément trouvé attachante, mais qui est, et c’est tout à son honneur, terriblement humaine), ni la trame narrative. L’opéra de Shaya, avec ses quelques 100 pages, est un récit tout à fait complet avec un début et une fin, et qui ne laisse ni une impression de trop, ni de pas assez.

C’est peut-être parce que je suis actuellement plongée dans deux pavés en parallèle que j’y suis particulièrement sensible, mais j’apprécie particulièrement cette capacité à écrire un texte aussi riche et passionnant en si peu de pages. Le format court, c’est génial, surtout quand on a quelqu’un comme Sylvie Lainé, qui le maîtrise parfaitement !

Avec tout ça, je ne vous ai pas parlé de l’autre nouvelle inédite du recueil, Un amour de sable, qui joue sur la même thématique de la rencontre entre des êtres conscients radicalement différents. Plus court, plus drôle, ce texte n’est peut être pas aussi enchanteur que L’opéra de Shaya, mais je crois bien qu’il offre le compte rendu le plus crédible d’une rencontre possible entre l’homme et une autre forme de vie intelligente. Et croyez-moi, ça promet !

Autant dire que question inédit dans ce recueil, on est plutôt bien servi. Mais si vous trouvez que ça fait tout de même cher les deux nouvelles, le recueil existe en numérique, et pour 3,99 € on n’est vraiment pas volé sur la qualité !

Quant à moi, de nouvelle en nouvelle, je ne peux que continuer à chanter les louanges de Sylvie Lainé, qui est une nouvelliste hors pair, vraiment à l’aise dans le format, et qui offre une SF colorée, fraîche, pleine de bonnes idées et qui ne vire pas systématiquement dans la déprime. Tout n’est pas rose bonbon dans ses univers, loin de là, mais on évite tout de même le pessimisme bien noir très courant en SF, ce qui fait du bien !

C’est donc une bonne chose que j’ai également Marouflages, autre recueil de cette auteure, dans ma PàL. D’ailleurs je ne pense pas qu’il y végète trop longtemps celui-là.

CITRIQ

8 commentaires:

Lorhkan a dit…

Oui oui, la nouvelle "L'opéra de Shaya" mérite bien à elle toute seule de sauter le pas et d'acheter le receuil (dit celui qui ne l'a pas acheté...).
Je la vois bien être couverte de prix cette nouvelle.

Vert a dit…

@Lorhkan
Je suis un peu hypocrite aussi, on m'a offert le recueil :D

BlackWolf a dit…

Moi je l'ai acheté et en survolant vos avis j'ai de plus en plus envie de le faire sortir de ma PAL ^^

Vert a dit…

@BlackWolf
Et avec le nouvel épisode du Summer Star Wars tu as un excellent prétexte ^^

Tigger Lilly a dit…

Clairement ça donne envie de découvrir le reste de sa bibliographie.

Vert a dit…

@Tigger Lilly
Tout à fait, d'ailleurs j'ai lu Marouflages ce matin, c'est tout aussi intéressant à découvrir (et si j'avais récidivé avec mon challenge romantique il aurait cadré merveilleusement accessoirement xD).

Endea a dit…

Tout à fait d'acc pour chanter les louanges de cette auteure, elle excelle visiblement dans ce type d'écrit, étant capable de faire du profond et du développé dans du format court. J'ai adoré aussi l'Opéra de Shaya, ce monde enchanteresque, je n'ai pas trouvé non plus l'héroïne très attachante, à cause du côté humain que tu soulignes, la fin basée sur cette incompréhension entre ces deux êtres, m'a laissée triste.

Vert a dit…

@Endea
C'est vrai que c'est pas facile de s'attacher à l'héroïne mais elle est très vraie ^^