mardi 28 janvier 2014

Sandman intégrale 1 - Neil Gaiman


Puisque l'introduction de cet article a fini par prendre son indépendance, je vais pouvoir rentrer directement dans le vif du sujet avec cette chronique de la première intégrale de Sandman, version Urban Comics.

Comme j'ai gardé l'habitude de l'ancien découpage en dix volumes, je vous parlerais séparément des deux entités qui constituent ce recueil, Préludes & Nocturnes (Sandman #1-8) et La maison de poupée (Sandman #9-16). Pas de spoiler à ma connaissance, je n’évoque l’intrigue que dans ses grandes lignes.

PRELUDES ET NOCTURNES

Porte d'entrée dans l'univers de Sandman, cette première histoire est peut-être bien une des plus déstabilisantes de toute la série. L'intrigue est pourtant simpliste : le Seigneur des rêves est capturé, il est emprisonné pendant 70 ans, il s'échappe et part en quête de ses outils pour pouvoir reconquérir son royaume.

Mais le ton est assez inattendu, y'a un côté horreur assez affirmé, un melting pot de références DC comme pour donner une légitimité à l'univers (Constantine, la Ligue de Justice, l'Asile d'Arkham), des personnages mythologiques qui s'incrustent à la fête (Abel et Cain, les Parques, Lucifer)

Même à la relecture je ne trouve pas ce récit toujours facile d'accès, bien qu'on y trouve en germe tout Sandman (dont certains éléments qui feront sens quelques chapitres plus loin). Cependant cela n'empêche pas d'y trouver quelques morceaux d'anthologie :

- Un espoir en enfer, dans lequel s'impose vraiment la figure de Rêve, être clairement aussi dessus de tout qui est capable de remporter la victoire à la force de ses mots ;

- 24 heures, qui commence sur un petit récit du quotidien comme Neil Gaiman sait si bien le faire, avant de dégénérer en film d'horreur affreusement glaçant ;

- Bruit et fureur, sa suite directe, dont j'admire toujours autant ses pages d'introduction et de conclusion ; lors de la première lecture c'est peut-être bien là que j'ai commencé à réaliser la perle que j'avais sous les yeux ;

- Le bruit de ses ailes, étrange conclusion de cette histoire qui ouvre vers de nouveaux horizons en faisant apparaître la grande sœur du Rêve, certainement le personnage le plus marquant de la série.


LA MAISON DE POUPEE

Après une première histoire un peu perturbante, la deuxième grande histoire de Sandman, La maison de poupée, est une de mes favorites. Deux intrigues s'y entrecroisent : d'un côté le Rêve qui reconstruit son royaume, et qui constate que certains de ses habitants ont pris la poudre d'escampette, pendant qu'une jeune fille tout à fait ordinaire, Rose Walker, part à la recherche de son frère disparu. Evidemment, tout cela est lié...

La maison de poupée est pour moi un récit plus fluide et plus prenant que Préludes et nocturnes. En partant de quelques détails de l'histoire précédente (Unity Kinkaid, Rose Walker et Nada ont été mentionnées auparavant), Gaiman construit une histoire très riche, parfois drôle, parfois émouvante, et parfois complètement terrifiante.

On retrouve cette manie typiquement gaimanienne de glisser des petits récits « anecdotiques » au le long de l'intrigue principale (le superbe Contes dans le sable qui ouvre l'histoire, et le très sympathique Hommes de bonne-encontre à mi-parcours).

On croise également pléthore de personnages mémorables : Rose Walker dont j'aime beaucoup les petites notes d'humour tapées à la machine, Gilbert (le plus remarquable locataire de la maison de fous où vit Rose, mais j'avoue adorer tous les autres également), et enfin le terrifiant Corinthien.

D'ailleurs à ce sujet, le chapitre Collectionneurs est peut-être un des trucs les plus flippants écrits par Gaiman. Sincèrement, je m'étonne que personne n'ait pensé à en faire un film, même déconnecté de Sandman il y aurait un potentiel horrifique énorme.

Dense et prenant, avec une belle quantité d'intrigues qui se rassemblent à la fin, La maison de poupées est un excellent moyen de rentrer dans l'univers (ça peut être une alternative si le début ne vous botte pas).

Cette première intégrale déjà exceptionnelle vient en plus avec un lot de bonus très intéressant qui revient sur la conception du comic (avec des images, des synopsis) et offre quelques éclaircissements via un entretien avec l’auteur, c'est donc un très bel objet livre qui donne envie de poursuivre le renouvellement de la collection.

A noter que la traduction a été revue par Patrick Marcel (qui a traduit moult oeuvres de Neil Gaiman), ce qui me fait grand plaisir. Pour le moment j'ai un peu de mal avec certains choix (après des années à dire Dream, passer à la vf ne se fait pas tout seul), mais je suis contente de voir que certains noms vont enfin être harmonisés et surtout traduits avec plus de finesse (parce que bon Fiddler's Green qui devient Finaud la Verdure... no comment).

CITRIQ

7 commentaires:

Julien Vanderhaeghen a dit…

Je le lis depuis un moment mais très épisodiquement. Juste un épisode de temps à autre. Ca me plaît bien comme ça même si c'est pas toujours facile de replonger dedans. Par contre, je ne le lis que quand j'ai envie.

Lorhkan a dit…

J'ai le tome 2, mais il faut que je relise le tome 1 avant, j'ai oublié pas mal de choses je crois, et comme le truc est assez dense...

Mais c'est vraiment excellent !

Vert a dit…

@Julien
Ca se prête pas mal à une lecture épisodique, je sais que j'ai relu ce tome-ci en pointillés pour la majeure partie ^^

@Lorhkan
Moi aussi j'ai acheté le 2, j'ai hâte de m'y coller !

Escrocgriffe a dit…

C’est clair que les bonus sont passionnants !

Vert a dit…

@Escrocgriffe
En effet, et ceux du tome 2 ont l'air encore plus alléchants ^^

blackmage a dit…

Très belle édition de la part d'Urban, ça valait le coup de faire impasse sur les éditions précédentes. Effectivement le chapitre 24 Heures fait parti l'un des trucs les plus fous que j'ai lu cette année.

Vert a dit…

@blackmage
C'est le genre d'histoire qu'on n'oublie pas ^^