mercredi 30 octobre 2013

Utopiales me voilà !


Cette fois-ci c'est la bonne !

Cette année je vais découvrir pour la première fois les Utopiales, THE festival de science-fiction, à Nantes. Bon certes il n'y aura pas Neil Gaiman, mais je suis sûre que je trouverai quand même mon bonheur !

De toute façon vu que l'univers semble conspirer pour que je ne vienne pas (je m'attends encore à une invasion alien, des zombies dans le métro, une révolte d'elfes de maison et une fin du monde de plus d'ici vendredi matin), je n'ose imaginer ce qui me serait tombé dessus (probablement une météorite) si j'avais tenté l'aventure l'année dernière.

Bref je serais donc là du vendredi du dimanche, et c'est à peu près la seule chose qui est fixée. Pour le reste, le maître-mot sera improvisation, mais je prévois des achats, des dédicaces, des conférences, et sans aucun doute de longues séances de papotage avec les collègues blogueurs (je crois que y'a un resto de prévu vendredi soir, ça fait donc deux choses de prévu, trois si on ajoute le fait que je ne dormirai pas sous un pont).

A très bientôt pour un compte rendu détaillé !

lundi 28 octobre 2013

Une place à prendre - J.K. Rowling


A vrai dire je ne pensais pas que je mettrais aussi longtemps à lire ce nouveau roman de J.K Rowling, sorti l'année dernière. Seulement voilà, le sujet ne m'attirait pas des masses, j'avais une peur immense d'être déçue, et mettre 24 euros dans une brique pareille (le bouquin pèse bientôt 1 kilo)...

C'est finalement mon cousin qui m'a donc rendu grand service en me le prêtant, j'ai donc pu le découvrir tranquillement sans avoir à me soucier de mon compte en banque. Et contre toute attente je l'ai beaucoup aimé.

Une place à prendre nous emmène dans la paisible petite ville de Pagford, où la mort soudaine de Barry Fairbrother, membre du conseil paroissial (qui si je ne m'abuse est plus ou moins l'équivalent d'un conseil municipal chez nous) va entraîner un beau remue-ménage. Certains membres du conseil voient là l'opportunité rêver de mettre un terme à tous les projets sociaux pour lesquels Barry se battait, et les candidats se bousculent pour récupérer son siège encore tiède...

Autant dire que les premières pages de Une place à prendre font l'effet d'un retour à Privet Drive, tant on a l'impression d'être parachuté dans cette coquette banlieue où tout le monde passe son temps à cracher sur ses voisins.

C'est ce qui m'a fait plaisir dès les premières pages : on retrouve la plume de J.K Rowling, à la fois très juste et très piquante. En peu de mots, elle a le don de donner vie à des personnages plus vrais que nature, qui sont tout sauf clichés ou manichéens.

Chacun a ses bons et ses mauvais côtés, ses rêves et ses déceptions, et pour presque tous, on finit par découvrir au moins un élément qui fait qu'on ne peut l'aimer ou le détester complètement. Il y a une certaine virtuosité là-dedans, et j'ai adoré cette belle brochette de personnages qui sont tous ou presque en crise (qu'il s'agisse de l'adolescence ou de la quarantaine).

C'est ce qui fait qu'on s'accroche au livre en dépit d'un début assez difficile. Il faut en effet bien passer les deux cents premières pages pour rentrer dans l'histoire, le temps d'arriver à s'y retrouver parmi les multiples personnages (je ne suis pas passée loin de me faire des schémas !) et de se faire au rythme très lent.

Une place à prendre est en effet un roman qui prend son temps, où l'intrigue est avant tout un prétexte pour mettre en scène toute la vie d'une petite communauté. On passe d'un personnage à l'autre, on découvre peu à peu les liens qui les unissent ou les désunissent (famille, amis, amours, relations de travail), et on s'amuse beaucoup à observer les hypocrisies, les mensonges, et comment chacun interprété les choses à sa façon.

C'est comme une sorte de grande symphonie dans laquelle on découvre peu à peu les différents instruments au gré des mouvements : ici une femme enfermée dans son mariage qui se réfugie dans ses fantasmes ; là un homme qui fait tout son possible pour fuir une relation ; là-bas un adolescent en crise contre le reste du monde et surtout contre ses parents...

Ce côté « chorale » du récit fait toute la saveur du roman, mais c'est aussi à mon avis son plus gros défaut : il n'est pas facile de rentrer dans l'histoire, et l'intrigue se révèle plutôt molle. C'est vraiment les personnages et leurs interactions qui portent le roman, et si j'ai passé un excellent moment avec eux, je comprends que cet étrange exercice de style puisse ne pas plaire à tout le monde.

Par ailleurs, parce que la comparaison avec Harry Potter est difficile à éviter, Une place à prendre est un roman bien plus sombre que ce à quoi elle nous avait habitué. Oui Harry Potter avait ses moments difficiles et tragiques, mais dans l'ensemble c'était un texte réconfortant.

Une place à prendre ne l'est pas du tout : c'est un portrait très acide qu'elle dresse de cette petite bourgade, dénonçant tous les petits travers de la société. C'est d'autant plus frappant que tout cela est affreusement réaliste, voir réel (contrairement à Harry Potter qui était un conte finalement). D'ailleurs le bouquin a finit par me prendre littéralement aux tripes, et je l'ai fini les larmes aux yeux (et la boite de mouchoirs pas loin).

J'ai donc eu grand plaisir à retrouver J.K. Rowling, qui a bien réussi avec ce texte à faire quelque chose de très différent d'Harry Potter, mais avec la même plume talentueuse. Une place à prendre n'aura certainement pas le même impact que le petit sorcier à lunettes, mais il m'a beaucoup touché, et vu comment il rôdait en permanence dans un coin de mon esprit tous les jours où je l'ai lu, je ne peux que le classer dans mes meilleurs moments de lecture de l'année.

(allez on se donne rendez-vous l'an prochain pour la chronique de son polar sous pseudonyme !)

CITRIQ

samedi 26 octobre 2013

L'extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet - Jean-Pierre Jeunet


Il était temps que la fin de l'année arrive avec son lot de films alléchants, parce que je n'avais pas mis les pieds au cinéma depuis le mois de juin (record battu !), jusqu'à que le charme de la bande-annonce du dernier Jeunet me donne envie de sortir de chez moi...

L'extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet est l'adaptation du roman éponyme de Reif Larsen (que je compte découvrir du coup), qui nous raconte les péripéties d'un jeune génie de dix ans qui reçoit le prix Baird, et se retrouve à traverser clandestinement l'Amérique pour le recevoir.

Avant d'aller voir ce film, j'ai lu à quelque part que Wes Anderson faisait partie des réalisateurs envisagés par l'auteur pour adapter son œuvre, et je vous avoue y avoir pensé tout du long, au point d'avoir résumé le film à ma mère ainsi : « c'est un peu comme un film de Wes Anderson mais en moins typé » (mais sinon je ne suis pas du tout obsédée par Wes Anderson au point de le citer trois fois dans un article qui ne parle pas d'un de ses films hein).

En fait c'est surtout un pur film de Jean-Pierre Jeunet bien typé : paysages, personnages, narration, on retrouve bien sa patte. J'ai un peu de mal à trier les éléments qui sont de lui et ceux qui viennent du livre, mais l'ensemble fonctionne parfaitement.

L'extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S Spivet est une histoire un peu étrange : longue à se mettre en place, avec beaucoup d'allers-retours et de flash back, elle se révèle en fait pleine de surprises. Ne vous fiez pas à la bande-annonce, ce n'est pas qu'un innocent périple d'un enfant rêveur.

Il y a une atmosphère un peu magique, de délicieux petits détails et des personnages bien trempés (surtout la famille de T.S. Spivet). Si j'ai trouvé le rythme un peu lent, j'ai globalement passé un très bon moment à voir ce film, mignon, drôle et touchant.

(et accessoirement il m'a carrément choqué avec sa BO qui réutilise en plein milieu une musique de Mass Effect 3, je ne m'y attendais pas à celle-là... quand j'arrête enfin de voir ce jeu partout, voilà que tout le monde s'y met pour me rappeler que le troisième volet m'attend !)

mercredi 23 octobre 2013

Une histoire de la science-fiction (anthologie)



Cela faisait des lustres que cette anthologie errait, incomplète, dans ma PàL (j'ai acheté les premiers volumes quelque part entre 2003 et 2006 à priori). Pour le challenge de Lune, je me suis dit qu’il serait bien d’en profiter pour la dépoussiérer. J’ai donc traquer les volumes qui me manquaient, et je l’ai lue cet été. Sauf que comme j’étais en vacances, je n’ai pris aucune note, et le temps passant… cette chronique risque donc de ne pas rendre hommage à ce qui a pourtant été très bon moment de lecture.

Une histoire de la science-fiction est une anthologie en cinq volumes réalisée par Jacques Sadoul et éditée chez Librio. Le titre est relativement transparent sur le contenu, et avec une dizaine de nouvelles par tome, c’est une très belle ballade à travers un siècle d’écrits de science-fiction que l’on s’offre, pour un prix cadeau.

Les couvertures sont juste génialement kitschs, je sais pas comment leur auteur, Bernard Bitler, est arrivé à ce résultat mais j'adore. Ca me fait un peu le même effet que ces châteaux pseudo-médiévales du XIXe siècle, c'est comme une sorte de vision rêvée avec tous les éléments qu'on s'attend à trouver sans que l'ensemble soit vraiment « d'époque ».

Chaque tome commence par une introduction historique de quelques pages, puis chaque nouvelle est introduite par un petit texte (qui présente généralement la carrière de l’auteur). Sans ennuyer le lecteur lambda, très didactique, Jacques Sadoul arrive à dresser dans chaque volume un portrait relativement fidèle de chaque époque.


Bien sûr il n’a pas pu inclure tous les grands noms (et ce n’est pas plus, ça lui permet aussi de parler d’illustres inconnus qui ont eu leur succès à une époque), et j’imagine qu’un spécialiste pourra discuter en long, en large et en travers de la pertinence de ses choix, mais personnellement j’ai bien apprécié cette promenade historique.

Je trouve qu'on voit très bien évoluer les thématiques et les styles, et quand on a jamais eu trop l'occasion de mettre le nez dans la SF « antique » (à part pour les très grands noms), c'est l'occasion de découvrir de petits trésors au gré des pages.

Tout au plus je lui reprocherais une approche un peu défaitiste, je l’ai senti clairement plus émerveillé par les textes anciens que par les textes récents, et son enthousiasme a légèrement influencé mon ressenti : ce sont les premiers volumes que j'ai préféré.

Ce côté « c'était mieux avant » atteint des sommets dans le dernier tome, consacré uniquement à la SF française, qui semble avant tout mettre en valeur des auteurs ayant abandonné l’écriture ou la science-fiction (à l'exception de Ayerdhal, Bordage et Dunyach, ouf ils n'ont pas tous disparu !).

Mais si on laisse de côté ce dernier tome en demi-teinte (il existe je n'en doute pas de bien meilleurs anthologies sur la SF francophone), Une histoire de la science-fiction est une lecture bien sympathique qui permet de découvrir ou redécouvrir des pépites anciennes.


Il m'est un peu difficile de revenir en détail sur les textes (ça m'apprendra à laisser traîner ma chronique), mais je vais vous parler de trois nouvelles que j'ai beaucoup aimé parce qu'elles parlaient des livres :

L'éclat du phénix de Ray Bradbury (Vol. 2 : 1938-1957, l'âge d'or)
Il s'agit ni plus ni moins de l'ébauche de Fahrenheit 451, avec cette confrontation entre un bibliothécaire et un officier chargé de brûler les livres. C'est très intéressant parce qu'autant le roman est sombre, autant cette nouvelle a un ton presque guilleret (et moqueur) par rapport à l'horreur de la destruction des livres. Ca a été un vrai plaisir de la découvrir en tout cas.

Ado de Connie Willis (Vol. 4 : 1982-2000, le renouveau)
Cela faisait longtemps que je n'avais pas mis mon nez dans un texte de cette auteure, et j'en avais presque oublié à quel point elle pouvait être piquante dans ses écrits. Ado nous fait suivre le travail d'une enseignante pour avoir l'autorisation d'étudier Hamlet avec ses élèves : il faut retirer tous les passages susceptibles d'offenser quelqu'un. S'en suit une très longue séance de censure, hilarante mais qui suscite néanmoins le malaise.

Civilisation 2190 de Gérard Klein (Vol. 5 : 1950-2000, la SF française)
Une équipe de chercheurs du futur font une découverte absolument exceptionnelle : une bibliothèque du XXe siècle pratiquement intacte. Tout cela va grandement les aider à se faire idée de la vie et de la culture de l'époque. J'adore ce genre de texte qui oblige à s'interroger sur toutes les déductions qu'on peut tirer des découvertes archéologiques. Mais je n'en dis pas plus...

CITRIQ

dimanche 20 octobre 2013

Le prophète et le vizir - Yves et Ada Rémy


Il y a des auteurs dont on entend parfois tellement parler sur la blogosphère qu’on finit par craindre un peu de s’y attaquer. C’est un peu pour ça que j’ai laissé traîner ma lecture du Prophète et le vizir. Entre temps j’avais oublié les chroniques de tout le monde, et je l’ai abordé avec un regard « neuf ».

Le prophète et le vizir se compose de deux textes. Le premier, L’Ensemenceur qui est selon comment on la prend, une longue nouvelle ou une courte novella s'intéressant au prophète du titre. Elle nous raconte l’histoire de Kemal, un pêcheur doté d’un don de prophétie un peu étrange : il voit en effet des événements tellement loin dans le futur que personne ne croit à ses histoires. Emprisonné, vendu comme esclave, il est ensuite affranchi et voyagera dans toute la Méditerranée, contant à qui veut l’entendre ses visions.

J’ai lu cette histoire un peu comme dans un rêve : je ne sais pas comment Yves et Ada Rémy réussissent ce prodige, je me suis laissée littéralement emportée par les mots et l’ambiance. Tant pis si des éléments de l’histoire m’échappaient. Le texte en lui-même, qui sonne comme un conte oriental, est un délice à lire, pour le beau voyage qu'il offre, agrémenté de ces étranges visions historiques.

L'ensemenceur est suivi d'une courte nouvelle, Les huit enfants du vizir Fares Ibn Meïmoun, qui offre comme une deuxième conclusion au premier texte, cette fois-ci focalisée sur le vizir du titre. Ce deuxième texte, tout aussi charmant, abandonnant la mise en abîme du futur et les voyages pour un jeu sur la notion de destinée, avec une forte connotation fantastique.

J’ai eu un peu plus de mal à apprécier ce texte parce que l’alternance des typographies ne rend pas très bien sur une petite liseuse comme la mienne (je me retrouvais sans cesse à tourner la page), et j’ai passé plus de temps à avoir envie de la lire sur papier qu’autre chose.

Cependant ça n’enlève rien à l’écriture, toujours charmante, et si l’histoire du vizir est loin d’être aussi touchante que celle de Kemal, ça reste tout de même un très joli conte à la mode orientale, autant dire qu'une fois encore c'est un texte qu'on savoure.

Bref j'ai passé un excellent moment avec Le prophète et le vizir, qui m’a accessoirement énormément fait penser à Ramadan, une des histoires courtes parues dans Fables et Réflexions, le volume 6 de Sandman (c’est un très beau conte superbement mis en images, je vous conseille vivement d’y mettre le nez à l’occasion). Et quand un texte m’évoque une oeuvre de Neil Gaiman, c’est jamais mauvais signe !

Même si les histoires n’ont pas grand chose en commun, on y retrouve le même ton et la même fascination pour l’orient. Une chose est sûre, maintenant que je suis tombée sous le charme de l’écriture d’Yves et Ada Rémy, il va falloir que je continue à explorer leur production.

CITRIQ

mercredi 16 octobre 2013

Le couteau sacrificiel - Lisa Tuttle


Petit à petit, je continue à explorer l’oeuvre de Lisa Tuttle au gré des occasions que je déniche ici et là. Si jusqu’à maintenant j’avais toujours fait bonne pioche, j’avoue que ce roman, Le couteau sacrificiel, a été une déception. Ce n’est pas qu’il soit vraiment mauvais, c’est juste qu’il est affreusement commun en comparaison de tout ce que j'ai pu lire de l'auteur jusque là.

Le couteau sacrificiel nous emmène dans la ville d’Austin au Texas où Sarah, une étudiante qui sort tout juste d’une séparation, se cherche un nouveau logement. Cela tombe à pic, voilà qu’elle déniche une vieille maison un peu isolée, certes défraîchie, mais au loyer défiant toute concurrence.

L’ancienne locataire est un peu étrange, mais quelle importance me direz-vous ? Ce n’est pas si on était dans un roman d’horreur après tout. Ah si. Du coup, comme vous vous en doutez, la maison s’avère cacher bien des secrets, et notre jeune héroïne (un peu tête à claques sur les bords) va devoir se battre contre un esprit qui cherche à la posséder.

L’histoire se lit avec plaisir (et avec horreur bien sûr) mais je n’y ai pas retrouvé la patte si particulière de Lisa Tuttle (à part peut-être sur la fin, et encore), si bien que Le couteau sacrificiel m’a fait l’effet d’un livre jetable, qu’on lit et qu’on oublie aussi vite.

J’avoue que le livre n’est pas aidé par sa traduction, où tous les personnages se vouvoient entre eux. Qu’on vouvoie un esprit maléfique, je ne dis pas, c’est pas comme si on avait gardé les cochons ensemble. Mais entre amis, ou entre (ex-)amants, j’ose espérer qu’au début des années 80 il n’était pas courant de se vouvoyer !

J’ai découvert après ma lecture qu’il s’agissait du premier roman publié en solo de l’auteure. J’imagine que ceci explique sans doute ma déception, elle n’en était qu’à ses débuts. Ceci dit je me demande aussi si elle n’est pas également bien plus à l’aise sur le format nouvelles. De toute façon cette déception ne m’a pas découragé, je continuerai à explorer sa bibliographie. En privilégiant les recueils de nouvelles, par contre.

CITRIQ

dimanche 13 octobre 2013

Une certaine étoile - Pearl Buck


Bien que je ne lise pratiquement que de la SF & consœurs depuis des années, je garde toujours une petite place dans mon cœur pour Pearl Buck dont les romans Vent d'est, vent d'ouest, Impératrice de Chine ou encore La terre chinoise ont bercé mon adolescence (un jour, je vous parlerais plus en détail de ces textes qui m'ont tant fait voyagé).

Du coup lorsque je vois un livre d'elle dans un vide-grenier (on les croise assez rarement ailleurs, sauf pour les plus connus), j'ai tendance à me jeter dessus, comme cet ouvrage, Une certaine étoile, qui s'avère être un recueil de nouvelles (chic alors ça tombe à pic !).

Toutes ces nouvelles ont été écrites entre 1943 et 1961, et le moins qu'on puisse dire c'est qu'elles font leur âge. La mentalité, les idées, tout cela sonne très daté (et m'a valu de lever les yeux au ciel à plusieurs reprises), mais ce n'est pas si dérangeant que cela au final parce qu'on oscille sans cesse entre « tradition et modernité » (pardon pour cet affreux lieu commun).

Du coup si la plupart des textes sont des histoires d'amour (de préférence bien dégoulinantes de rose), et parlent beaucoup mariage, il y a souvent un petit truc qui attire le regard le regard à la lecture.

Il y a cette nouvelle comme La beauté par exemple, qui parle d'une femme japonaise qui attend tous les soirs son mari qui fréquente les bars, jusqu'à qu'elle décide de faire quelque chose de ses soirées. Ou encore Par-delà les mots où deux personnes diamétralement opposées tombent d'accord de façon presque improbable. Ou Francesca, une histoire d'amour et de théâtre que j'ai trouvé plutôt drôle.

Et puis certains textes ne relèvent pas vraiment de l'histoire d'amour à la guimauve. Une certaine étoile, qui ouvre le recueil, parle de famille, et d'un scientifique qui a laissé s'étioler les relations avec toute la sienne jusqu'à un jour de Noël. Il a aussi La vie commence, qui raconte le retour du front d'un soldat avec beaucoup de justesse.

Soyons honnêtes, ce ne sont pas des grands textes. Pearl Buck est à mon avis bien meilleure sur les romans où elle peut s'étaler à loisir et nous livrer de fantastiques descriptions et de très beaux récits de vie. Mais alors que je butais sur toutes mes lectures, ce petit recueil est passé comme une lettre à la poste, et m'a donné envie de replonger dans ses romans.


mercredi 9 octobre 2013

Marée stellaire (Le cycle de l'élévation 2) - David Brin


A l’origine, je devais lire ce livre dans le cadre du Summer Star Wars, mais ayant autant sous-estimé sa densité que surestimé ma motivation en lecture, c’est finalement bien en retard que je rends enfin ma copie.

David Brin est un auteur que j’ai rencontré il y a bien longtemps avec La jeune fille et les clones, qui encore aujourd’hui se rappelle à moi comme un très beau moment de lecture. Parce que Shaya m’en avait parlé, je me suis intéressée à son cycle de l’Elevation. J’ai commencé par Marée Stellaire, qui est techniquement le tome 2 (ce qui n’était marqué nulle part sur mon édition). Mais comme les histoires sont indépendantes les unes des autres, ce n’est pas bien grave.

Marée stellaire nous emmène dans le futur, alors que l’humanité est partie à la conquête de l’espace. Elle y a très vite découvert qu’elle n’était pas seule, loin de là. De nombreuses civilisations existent à travers la galaxie, avec des cultures très différentes mais une sorte de socle commun : l’Elévation.

En effet, il aurait existé il y a bien longtemps une race légendaire, les Progéniteurs, qui auraient les premiers « élevé » certaines espèces à la conscience. Action qu’auraient ensuite repris ces espèces, élevant des races « clientes » à leur tour (les clients se retrouvant en situation de servage pendant un certain temps pour payer leur dette), et ainsi de suite.

Ceci dit les habitants de la Terre sont une étrange exception à la norme, puisqu’ils semblent s’être élevés tous seuls, sans intervention de patrons (ou en tout cas de patrons connus). Un peu mis au ban des autres peuples à cause de ça, cela ne les empêche pas de reprendre à leur tour la tradition en élevant les dauphins et les chimpanzés.

Marée stellaire met en scène les aventures du premier vaisseau doté d’un équipage de néo-dauphins (plus un chimpanzé et quelques humains), le Streaker, qui découvre lors de ses explorations un cimetière de vaisseaux spatiaux très anciens qui pourraient être ceux des Progéniteurs. Cette découverte déclenche de très vives réactions dans la galaxie, et ils se retrouvent pris en chasse par de nombreux vaisseaux hostiles.

Réfugié sur une planète recouverte d’océans, l’équipage du Streaker va devoir faire preuve d’ingéniosité pour arriver à s’échapper. Mais rien n’est simple lorsqu’on se retrouve en situation de crise sur une planète peuplée de créatures étranges.

Voilà les évènements qu’on nous résume dans les premières pages du livre, je ne mentais pas quand je parlais de densité ! Marée stellaire est vraiment un roman foisonnant, qui multiplie les points de vue pour qu’on puisse suivre tout l’équipage.

C’est là sa grande qualité parce qu’en matière d’univers créé, on se fait plaisir : on a le droit à de multiples espèces aliens (bien que juste évoquées), à un concept de culture commune galactique s’étalant sur des millénaires bien amené (avec ce que ça implique en matière de stagnation technologique quand tout le monde préfère s’en tenir à ce qui est connu), et à un chouette mystère qui entoure la planète où se réfugie le Streaker.

Et puis bien sûr il y a les néo-dauphins, qui sont vraiment bien conçus, pas anthropomorphisés pour deux sous, dotés de conscience et d’intelligence, avec leur propre façon de s’exprimer, et tout un bagage du temps où ils n’étaient que de « simples » mammifères aquatiques. J’aime beaucoup le fait que du coup le Streaker soit un vaisseau « piscine », où à part dans les quartiers humains, tout le monde se déplace à la nage !

Sur cet univers fort riche se greffe une quête de survie où l’ennemi n’est finalement pas tant à l’extérieur (avec tous ces aliens qui veulent leur mort) qu’à l’intérieur, à cause de multiples sources de conflits au sein de l’équipage, d’où l’intérêt de la narration à multiples points de vue qui permet de suivre un peu tout le monde sans dégager un réel héros.

Mon seul regret vis à vis de ce livre, c’est qu’aussi touffu soit-il, il laisse finalement complètement de côté l’histoire de la découverte du cimetière de vaisseaux spatiaux, mystère fascinant qui n’est finalement là que comme élément déclencheur. Je vous le dis tout de suite, ça vous évitera d’attendre 600 pages pour quelque chose qui ne viendra jamais !

Pour le reste Marée stellaire est un space-opera plutôt sympathique qui contient tout ce qu’on est en droit d’attendre d’un ouvrage de ce genre : aventures spatiales (enfin planétaires), civilisation galactique avec de nombreuses espèces aliens (et superbes néo-dauphins, définitivement le point fort de l’intrigue), complots et même quelques histoires d’amour.

Je l’ai lu avec plaisir, ceci dit je dois avouer que pour un ouvrage ayant obtenu les prix Hugo, Nebula et Locus, je reste un peu sur ma faim. On passe un très bon moment une fois l’univers posé, mais il lui manque la petite étincelle qui en ferait vraiment un titre mémorable (ou qui me donnerait envie de me jeter sur les autres volumes du cycle, à défaut).

CITRIQ

dimanche 6 octobre 2013

Stardust - Neil Gaiman


En ce moment, c’est le passage à vide. Les livres me tombent des mains avant même de les avoir ouvert, et les rares qui y sont restés attendent toujours leur chronique. Cercle vicieux oblige, moins je lis/chronique, moins j’ai envie de lire/chroniquer, et ce blog se retrouve donc déserté.

Du coup histoire de ne pas broyer du noir ad vitam aeternam, j’ai décidé de partir sur une relecture, et tant qu’à faire un texte qui me soignerait de cette panne de lecture. Et dans ces cas-là, le meilleur médicament s’appelle Neil Gaiman (oui je sais c’est affreusement banal de ma part mais que voulez-vous, on ne se refait pas).

J’ai opté pour Stardust parce que je venais de revoir le film (un autre excellent remède contre la morosité celui-là d’ailleurs), et parce que ça me donnait l’occasion de sortir enfin une chronique sur ce roman pour lequel j’ai beaucoup d’affection (si bien que je suis toujours un peu triste que le reste du monde ne l’aime pas autant que moi).


Stardust est un conte de fées dans lequel on suit les aventures de Tristran Thorn, un jeune homme qui se rend dans le pays des fées pour y trouver l’étoile filante qu’il a promis de ramener à l’Elue de son coeur. Le sujet est assez classique, mais comme toujours avec Gaiman, la manière de raconter fait tout, et en lieu et place d’un simple conte, on se retrouve avec un texte très précieux.

Si l’histoire n’est pas dénuée d’humour (il y a plein de petits passages ici et là si typiquement Gaimaniens), et rend un bel hommage aux contes de fées, je referme toujours ce livre avec une impression de douce mélancolie, parce que le livre sembler s'adresser avant tout à des adultes qui se souviennent de leur enfance. Mais ce n’est pas de la mauvaise tristesse, plutôt une sorte de nostalgie rêveuse.

En dépit de son apparente simplicité, Stardust est aussi un texte truffé de références en tout genre (dont certaines sont éclaircies par le traducteur, grand merci !). L’intrigue comme l’univers sont des hommages à la littérature « féérique » anglaise (comme Lord Dunsany par exemple), et il en résulte une sensation de merveilleux très « authentique » (à défaut de terme plus adapté).

C’est là l’une des plus grandes qualités de Neil Gaiman. N’importe quel auteur de fantasy peut vous inventer un monde secondaire, que l’on va accepter le temps d’une lecture, mais ça n’ira pas forcément plus loin.

Avec Gaiman je trouve toujours que ses univers sont beaucoup plus palpables, presque « crédibles », sans doute parce qu’ils s’appuient sur tout un passé littéraire, mythique et folklorique, et jouent sur un glissement subtil du réel vers le merveilleux (ce qui fait qu’on ne voit plus de la même façon le métro londonien après Neverwhere par exemple).

Du coup, de relecture en relecture, ce roman ne cesse de m’émerveiller. Je me laisse portée par les mots tout en découvrant sans cesse de nouvelles choses, des détails qui m’auraient échappé. Ni trop court, ni trop long, il remplit parfaitement son cahier des charges de conte de fées pour adultes, ce qui lui confère un côté très fini, achevé.

C’est ce qui fait que Stardust reste objectivement un de mes romans favoris de l’auteur (après American Gods bien sûr). Après, étant donné qu’il s’agit aussi d’un de mes premiers Gaiman, je ne nie pas qu’il y a probablement un peu de sentimentalisme qui rentre en ligne de compte...


Il faut noter aussi que Stardust n’est pas qu’un simple roman. C’est un roman illustré. Par Charles Vess (qui est un maitre en illustrations féériques). Je l’ai acheté en version anglaise, et rien que l’objet en lui même vaut le détour.


Vu qu’il fait partie des nombreux livres que je n’ai pas pu déménager à Paris, je n’ai toujours pas pu le « lire » réellement en version illustrée, juste le parcourir béatement. Une chose est sûre, quand on a l’ouvrage en main, il est difficile de ne pas être complètement émerveillé par les illustrations.

Il y a bien une version française qui est sortie chez Panini mais vu que le traducteur n’est pas celui du roman, j’ai de légers doutes sur sa qualité. Et puis sans la couverture simili cuir (que j'ai utilisé en tête d'article) ce n’est pas pareil.


Il y a quelques années, Stardust a fait l’objet d’une adaptation en film signée par Matthews Vaughn (même que c’est la plus ancienne des chroniques conservées de ce blog -soyez indulgent sur la qualité de l'écriture-).

J’ai autant d’affection pour le film que pour le livre. Stardust : le mystère de l’étoile (oh le beau sous-titre français à la noix) est en effet un bel exemple de comment on peut « trahir » un livre et en tirer un excellent film.

Du conte de fées truffé de références et un peu mélancolique, on passe en effet à une histoire de fantasy plus simpliste mais très dynamique et avec beaucoup d’humour. Sa seule ambition semble être de nous amuser pendant deux heures, et il le fait très bien : le film est extrêmement bien fichu à tout point de vue (y compris musical) et les seconds rôles sont absolument délicieux (il serait facile de citer la performance de Robert de Niro… en même temps comment ne pas le faire ?).

On présente souvent le film comme un second Princess Bride, un film drôle et plein de bons sentiments qui met du baume au cœur, et c’est tout à fait ça. Quelqu’un l’a d’ailleurs expliqué bien mieux que moi sur Tor, je vous renvoie directement à l’article (en anglais et avec spoiler par contre), après tout, c’est un peu à cause de lui que je me suis retrouvée à revoir le film, et à enchaîner sur le livre !

CITRIQ