mardi 24 septembre 2013

My Summer of (SFFF) Love : l'art de conclure


Et voilà c’est déjà fini !

L’été a été chaud puisqu’au final ce challenge a réuni pas moins de 30 inscrits. Seuls trois d’entre eux ont oublié de participer (Monochrome, Raven et Tortoise pour ne pas les dénoncer). J’imagine qu’elles ont rencontré le grand amour en chemin et ont été distraites, du coup je leur pardonne !

Je suis particulièrement fière de vous annoncer que le nombre total de chroniques publiées s’élève à 69, on aurait pu faire plus approprié comme total. Je tiens à remercier grandement Acr0 qui a fourni l’ultime participation, qui s’avère de plus être une chronique de la nouvelle Miroir de porcelaine, issue de l’anthologie 69. J’adore quand le hasard fait si bien les choses !

Pour les amateurs de statistiques, la participante la plus prolixe est Acr0 (8 chroniques, toutes publiées ce mois-ci), suivie de près par Lune (6 chroniques) et Yume (5 chroniques et le prix de la constance en bonus, elle a lu la même série tout du long !).

Gail Carriger est incontestablement la grande gagnante de l’été avec pas moins de 14 chroniques de ses livres (en même temps Le protectorat de l’ombrelle c’est le bien, il y a aucune raison de tergiverser sur le sujet).

Mais n’allez pas croire que tout tourne autour des vampires et des loups-garous, vous avez rivalisé de créativité pour me vendre des histoires d’amour avec des zombies, des voyages dans le temps, des space-opera ou de la bonne vieille fantasy. Comme quoi la bit-lit n’a pas le monopole de la guimauve, loin de là.

J’espère en tout cas que vous vous êtes bien amusés à participer à ce challenge, que ce soit en profitant de l’occasion pour lire des livres "honteux", ou en dénichant des histoires d’amour dans les titres les plus improbables.

Si l’envie vous prend de continuer vos pérégrinations amoureuses en SFFF, vous avez plein de suggestions de lecture ci-dessous !

Acr0
  1. L'homme des morts - V. M. Zito
  2. Ce qui nous lie - Samantha Bailly
  3. Sans honte (Le protectorat de l'ombrelle 3) - Gail Carriger
  4. Trois épines (Rose morte 2) - Céline Landressie
  5. Comment j'ai cuisiné mon père, ma mère et retrouvé l'amour - S.G. Browne 
  6. Coeur de rouille - Justine Niogret
  7. Sans coeur (Le protectorat de l'ombrelle 4) - Gail Carriger
  8. Miroir de Porcelaine - Mélanie Fazi

asn83
  1. Songs of Love Lost and Found - Jo Beverley, Jacqueline Carey, Robin Hobb, Cecelia Holland & Tanith Lee
  2. Le passage de la nuit - Haruki Murakami
  3. Sans âme, Sans forme et Sans honte (Le protectorat de l'ombrelle 1 à 3) - Gail Carriger

Baroona
  1. Porcelaine : légende du tigre et la tisseuse - Estelle Faye
  2. Aquaforte - K. J. Bishop

Brize
  1. Morsure et Capture (Les femmes de l'Autremonde 1-2) - Kelley Armstrong

Cornwall
  1. Comment j'ai cuisiné mon père, ma mère et retrouvé l'amour - S.G. Browne 
  2. Timeville - Tim Sliders

    Dex
    1. La morsure de la panthère (La communauté du sud 5) - Charlaine Harris
    2. Promise (tome 1) - Ally Condie
    3. Le baiser de l'araignée (L’exécutrice 1) - Jennifer Estep
    4. Les anges mordent aussi (Felicity Atcock 1) - Sophie Jomain

    Endea
    1. L'écume des jours - Boris Vian
    2. Sans forme (Le protectorat de l'ombrelle 2) - Gail Carriger
    3. Coeur de pierre - Gauthier et Almanza

    Fánaríë
    1. La tapisserie de Fionavar - Guy Gavriel Kay
    2. La fille du roi des elfes - Lord Dunsany

    Jae_Lou
    1. Saga (tome 1) – Brian K. Vaughan & Fiona Staples

    JainaXF
    1. La floraison (Rose morte 1) – Céline Landressie
    2. Faefever – Karen Marie Moning
    3. Ship Breaker – Paolo Bacigalupi
    4. Saga (tome 1) – Brian K. Vaughan & Fiona Staples

    Julien
    1. Frontière barbare – Serge Brussolo

    La Mante
    1. Les fleurs de Vénus - Philippe Curval

    Laure
    1. Amulettes - Véronique Ajarrag

    Lhisbei
    1. God save the Queen (L'Empire Immortel 1) - Kate Locke
    2. Sans forme (Le protectorat de l'ombrelle 2) - Gail Carriger
    3. Multiversum - Leonardo Patrignani
    4. Space Opera - Jack Vance

    Lorhkan
    1. L’écume des jours - Boris Vian

    Lune
    1. L’homme truqué - Maurice Renard
    2. Hellraiser - Clive Barker
    3. L’ouragan - Jean-Marc Ligny
    4. Le plus petit baiser jamais recensé - Mathias Malzieu
    5. Sans âme (Le protectorat de l'ombrelle 1) - Gail Carriger
    6. Coeur de rouille - Justine Niogret

    Majhea
    1. Le monde de Rocannon (Le cycle de l'Ekumen 1) - Ursula K. Le Guin

    Mypianocanta
    1. Sans âge (Le protectorat de l’ombrelle 5) - Gail Carriger
    2. Ripley (L'île des trois soeurs 2) - Nora Roberts

    Olya
    1. Sans forme (Le protectorat de l’ombrelle 2) - Gail Carriger

    Rose
    1. Zombie therapy - Jesse Petersen
    2. L'apprenti assassin (L'Assassin royal 1) - Robin Hobb

    Shaya
    1. Porcelaine - Estelle Faye

    Snow
    1. Arthur et la Cité Interdite (Arthur et les Minimoys 2) - Luc Besson
    2. L'épreuve (Le livre de Saskia 2) - Marie Pavlenko
    3. L'emprise de l'ombre (La trilogie de l’ombre 2) - Jon Sprunk

    Spocky
    1. L’origine (Alpha & Omega 0) - Patricia Briggs
    2. Timeville - Tim Sliders

    Tigger Lilly
    1. Coeur de pierre - Gauthier et Almanza
    2. 22/11/63 - Stephen King
    3. La Créode et autres récits futurs - Joëlle Wintrebert

    Vert
    1. Feu secret (Siana, vampire alchimique 1) - Frédérique de Keyser
    2. Sans âge (Le protectorat de l’ombrelle 5) - Gail Carriger
    3. La légendes des royaumes - Mercedes Lackey, Rachel Lee et Catherine Asaro
    4. Le jeune homme, la mort et le temps - Richard Matheson

    Xapur
    1. Martyrs : Livre 1 - Oliver Peru

    Yume
    1. Sans âme (Le protectorat de l'ombrelle 1) - Gail Carriger
    2. Sans forme (Le protectorat de l'ombrelle 2) - Gail Carriger
    3. Sans honte (Le protectorat de l'ombrelle 3) - Gail Carriger
    4. Sans coeur (Le protectorat de l'ombrelle 4) - Gail Carriger
    5. Sans âge (Le protectorat de l'ombrelle 5) - Gail Carriger

    mardi 17 septembre 2013

    Le jeune homme, la mort et le temps - Richard Matheson


    Ce n’était pas vraiment calculé pour à l’origine, mais alors que mon challenge se termine dans quelques jours, je n’aurais rêvé meilleur titre sur lequel conclure ma participation, tant ce roman démontre avec brio qu’on peut écrire d’excellentes histoires d’amour qui sont également de très bons textes fantastiques.

    Accessoirement, c’est aussi l’opportunité pour moi de replonger dans l’œuvre de Richard Matheson (décédé en juin, snif snif). Je n’avais pas osé le faire depuis la claque qu’avait été Je suis une légende, mais comme Gromovar disait le plus grand bien de ce texte, j’ai sauté sur l’occasion. Et je l’ai même proposé en lecture du mois sur le Cercle d’Atuan, tant qu’à faire.

    Le jeune homme, la mort et le temps nous emmène sur les pas de Richard, scénariste de profession (toute ressemblance avec l’auteur est purement fortuite bien sûr) qui n’a plus que quelques mois à vivre à cause d’une tumeur au cerveau.

    Alors qu’il lâche tout et part à l’aventure pour profiter de ses derniers jours, il tombe amoureux d’une actrice de théâtre, Elise McKenna. Seul problème : celle-ci est morte depuis bien longtemps. Qu’à cela ne tienne, Richard va tout mettre en œuvre pour remonter le temps et la rencontrer.

    Cela faisait très longtemps que je n’avais pas lu du Richard Matheson, mais j’ai retrouvé avec grand plaisir sa plume. Son écriture est d’une efficacité sans pareil, on n’a en effet aucun mal à se mettre dans la peau du narrateur, qui tantôt dicte (de façon très hachée), tantôt rédige son aventure pour se transporter dans le passé.

    Par ailleurs, il y a une précision documentaire qui fait qu’on y croit complètement, tellement il est difficile de démêler le réel de l'inventé. La description des lieux et de l’époque, tout cela semble tellement crédible que j’en suis venue à chercher le nom d’Elise McKenna sur Wikipedia… pour découvrir qu’elle n’existe pas (elle est à priori inspirée d’une autre actrice de l’époque), contrairement à l’hôtel où se déroule l’intrigue, qui lui est tout ce qu’il y a de plus réel.

    Du coup, sans être l’intrigue du siècle (certaines des péripéties semblent limite téléphonées, surtout que le protagoniste est scénariste, il devrait en voir les ficelles !), l’histoire fonctionne à merveille parce qu’elle est extrêmement aboutie : écriture efficace mais pas simpliste, univers incroyablement détaillé où l’on peine à démêler le réel de l’inventé… et bien sûr c’est une très belle histoire d’amour.

    Sur le papier, c’est affreusement guimauve : tomber amoureux d’une photo et tout faire pour retrouver cette personne (et puis on imagine déjà les violons, le mariage et les enfants en guise de conclusion), il y a de quoi soupirer de désespoir. Et pourtant j’ai marché à fond.

    Non vraiment, au début j’étais sceptique (surtout lorsqu’on voit la méthode de voyage dans le temps employée par Richard, qui a le mérite de sortir de l’ordinaire !) mais dès qu’on avance un peu dans l’intrigue, je suis complètement tombée sous le charme. J’ai même complètement fondu par moment, face à cette histoire de deux personnes qui à priori n’avaient aucune raison de se rencontrer, alors de s’aimer, on n’en parle même pas.

    Richard, c’est le type tellement amoureux qu’il en perd les trois quarts de ses fonctions cérébrales… et pourtant c’est mignon. Parce qu’il est tombé amoureux d’une image, et qu’une fois qu’il découvre la vraie femme (qui est loin d’être la petite chose effacée qu’on pourrait imaginer), il est encore plus amoureux.

    Une partie du charme de leur histoire vient je pense du fait qu’elle se déroule au XIXe siècle, où leurs « balbutiements » amoureux, extrêmement riches en dialogues, s’accordent avec justesse à l’époque. C’est assez difficile en fait de mettre le doigt exactement sur ce qui fait que l’ensemble fonctionne. Je sais juste que ça a très bien marché pour moi.

    Du coup vous imaginez ma surprise : de l’auteur de Je suis une légende, un classique de la SF, j’attendais surtout une excellente exploitation du voyage dans le temps. Il y a de ça effectivement, mais Le jeune homme, la mort est le temps est aussi (et peut-être avant tout) une très belle histoire d’amour.

    Pour une fois qu’on peut lire des niaiseries en public tout en ayant l’air plongé dans de la SF très respectable, ça serait dommage de se priver non ?

    Avis des autres atuaniens : Euphemia

    CITRIQ


    samedi 14 septembre 2013

    Démon (La trilogie de Gaïa 3) - John Varley


    La trilogie de Gaïa est un cycle de science-fiction plutôt original qui nous emmène dans un futur proche visiter un bien étrange objet tournant autour de Saturne : Gaïa, qui est à la fois un monde et la conscience quasi-divine qui la dirige.

    Sur Gaïa (enfin « Dans Gaïa » serait plus exact), on trouve un monde aux multiples climats (désert chaud ou polaire, jungle…) peuplé de créatures parfois assez farfelues (des centaures multicolores nommés Titanides, des saucisses dirigeables, des anges…). Et surtout, il y a Cirocco Jones.

    Capitaine du vaisseau ayant le premier posé le pied en Gaïa dans le premier tome de la trilogie, Titan, elle est devenue à la suite de ses aventures la Sorcière de Gaïa, c’est à dire sa représentante « terrestre », notamment auprès des Titanides. Cependant, leurs relations se sont plutôt dégradées dans Sorcière, le deuxième tome.

    Si bien que dans le troisième tome, Démon, nous retrouvons une Cirocco Jones sur le point de partir en guerre contre Gaïa, pour abattre le tyran, l’oppresseur, etc. Et il faut dire ce qui est, une Cirocco Jones qui passe à l’action, ça dépote.

    Démon est un livre où l’on ne s’ennuie pas une minute, tant la lutte est épique entre cette divinité millénaire qui commence à débloquer complètement (elle passe son temps sous la forme d’une Marylin Monroe de 15 mètres de haut à organiser des projections de vieux films) et sa Sorcière centenaire capable de survivre à n’importe quoi, diablement rusée et accessoirement très bon tyran à ses heures perdues.

    Ce livre ressemble du coup à un blockbuster avec son rythme haletant et sa débauche d’effets spéciaux, et quoi de plus normal pour un roman qui rend hommage au cinéma tout azimut. Les références volent en effet dans tous les sens, même l’intrigue, de ce que je peux en juger avec mes maigres connaissances, semble puiser sa matière dans quelques cent années de production cinématographique.

    Là-dessus on retrouve l’habituel cocktail de hard-science (bien qu’ici finalement très légère) et d’humour délirant qui fait le charme (improbable) des écrits de l’auteur. Le ton général est juste… débridé, à défaut de terme plus adapté.

    C’est un texte foisonnant qui assume complètement ses délires, si bien qu’on ne s’étonnera pas trop que l’histoire implique entre autre une fontaine de jouvence (qui vous fait gagner deux bonnets de soutien-gorge en passant), des zombies (menés par des prêtres zombies mais pas trop), un filtre d’amour arme de destruction massive, un indic alcoolique, un type qui a vécu plus de 100 ans en mangeant du gaspacho et j’en passe des meilleurs.

    Mais n’allez pas croire que tout est humour. John Varley met en scène tout un univers certes délirant mais aussi attachant. Il brosse à petites touches des personnages complexes, qui évoluent avec le temps et dont les relations qui les unissent sont tout en subtilité.

    Difficile de ne pas évoquer plus en détail Cirocco Jones, qui restera pour moi une des meilleures héroïnes dont j’ai suivi les aventures cette année. C’est un héros capable de survivre à tout et n’importe quoi, et de mener à bout le plan le plus fou (elle est intelligente et machiavélique avec ça), mais elle a aussi ses névroses, ses rêves, ses envies. C’est un personnage qui a vraiment de l’épaisseur, avec qui on a envie d’avancer dans l’histoire.

    Du coup cette lecture de Démon a été un grand plaisir. Je regrette juste un peu d’avoir tant traîné à finir ce cycle (j’ai eu un peu de mal à replacer certains personnages qu’on n’avait pas vu depuis Titan). Et que la conclusion, qui clôture certes magnifiquement bien les aventures de Cirocco Jones mais laisse pas mal de points d’interrogations quant au devenir des autres protagonistes de l’histoire.

    Mais ce sont finalement des défauts mineurs en regard de l’ensemble. Etrange et improbable, La trilogie de Gaïa a en tout cas été pour moi une découverte très agréable. On y trouve finalement tout ce qui fait les qualités d’une bonne vieille aventure, mais avec une sacrée valeur ajoutée dans cet imaginaire complètement débridé et foisonnant où tout semble possible. C’est donc un excellent remède contre la morosité et les lectures blasantes !


    CITRIQ

    jeudi 12 septembre 2013

    La vallée de l'éternel retour - Ursula K. Le Guin


    En règle générale, je mets un point d’honneur à toujours terminer les livres. Ces dernières années, les seuls livres que je n’ai jamais fini sont ceux que je n’ai pas commencé, tout simplement (comprendre « n’ai pas dépassé la première page »). Mais pour ce roman, j’ai été obligée de m’avouer vaincue, et c’est sans être venue à bout des 100 dernières pages que je vous rend cette chronique.

    La vallée de l’éternel retour est un objet littéraire fort étrange puisqu’il s’agit d’une archéologie du futur. En guise de roman, on se retrouve donc avec un recueil de documents : récits, contes, poèmes, chants, description de rites, arbres généalogiques, plans, dessins…

    C’est comme si l’auteure nous présentait ses recherches, à ceci près qu’elles portent sur une culture en question n’existe pas… encore. Il s’agit en fait d’habitants de la Californie vivant à une époque future assez indéterminée, possiblement après une catastrophe, qui adoptent des modes de vie évoquant les peuples amérindiens.

    Du coup si la démarche est magnifique (elle a vraiment créé de toutes pièces une civilisation originale et fascinante à découvrir), le résultat est difficile à apprécier, et pourtant j’adore Ursula K. Le Guin. Et j’adore aussi les ramassis de fragments et de notes (vous savez les trucs genre l’Histoire de la Terre du Milieu).

    Mais là j’ai souvent buté sur des fragments très difficiles à appréhender, tant la culture Kesh se révèle différente (avec un D majuscule) et étrange. C’est un des grands talents d’Ursula K. Le Guin, d’arriver à créer de toutes pièces des cultures et des univers qui semblent vraiment étrangers, différents (et non de pâles copies, dérivations ou parodies de ce qu’on connaît), mais en l’absence d’un point de repère (généralement un étranger à cette culture qui la découvre avec nous), force est de constater qu’elle m’a complètement perdue.

    Il n’y a aucune trame narrative dans cet ouvrage, tout au plus quelques fragments d’histoire qui se suivent, et un récit mi-biographie mi-roman d'apprentissage, celui de Roche qui raconte, qui est de loin le meilleur élément du recueil (passionnant et accessible).
    « Presque tout est double chez les adolescents. Leurs mensonges sont vrais, leurs vérités sont des mensonges, et leurs cœurs sont brisés par le monde. Ils tournoient et ils tombent. Ils ont le regard perçant, et ils sont aveugles. »
    Mais il ne représente à peine 150 pages sur les 550 du livre, trop peu pour devenir un vrai fil conducteur. Du coup, en dépit de la beauté de l’ouvrage (imprimé en sépia, truffé d’illustrations) et de la qualité du travail d’imagination (j’allais écrire « de recherche », c’est dire), j’ai eu bien du mal à terminer ce livre. J'ai survolé de nombreux passages et, contrairement à mon habitude, je l’ai abandonné en arrivant à la partie «arrière du livre » (alors que je suis du genre à lire les appendices de A à Z).

    Il y a tout ce qui fait la beauté des écrits d’Ursula K. Le Guin dans La vallée de l'éternel retour, mais la forme est trop aride à mon goût (c’est vraiment un ouvrage pour initiés). Je pense qu’on peut pratiquement qualifier ça de hard-science, ce qui n’est pas courant quand il s’agit de sciences humaines !

    Au final, seule l’histoire de Roche qui raconte aura vraiment su me toucher. Si le livre vous passe entre les mains, je vous recommande d'y jeter un oeil, c’est un excellent texte à lire. Pour le reste, c’est vraiment un ouvrage étrange et particulier qui ne plaira sans doute qu'à un petit cercle. Vous voilà donc prévenus.

    CITRIQ

    mardi 10 septembre 2013

    Le monde de Rocannon - Ursula K. Le Guin


    C’est sans doute la faute à une numérotation foireuse, mais lorsque j’ai commencé à lire Le cycle de l’Ekumen de Ursula Le Guin, je suis partie sur La main gauche de la nuit, 4e volume. Cela n’a pas grand importance ceci dit, les histoires étant indépendantes les unes des autres, mais il était grand temps de remettre de l'ordre là-dedans. Autant dire que cette lecture commune sur le Cercle d’Atuan tombait à pic.

    Le monde de Rocannon est un petit ouvrage qui nous raconte les pérégrinations de Rocannon, ethnologue envoyé sur une planète peuplée de civilisations encore peu évoluées, qui se retrouve à devoir voyager à travers la planète avec les moyens du bord pour prévenir la Ligue (une confédération de mondes) de la présence d’une base ennemie sur ce monde.

    Sur cette planète où les différentes espèces intelligentes vivent pour la plupart à un niveau de technologie proche du moyen-âge (voir de l’âge de fer) et où l’on chevauche des hippogriffes, son aventure n’a aucun mal à ressembler à une authentique quête de fantasy. C’est de la pure science-fantasy des années 60 (qu’on mettra sans peine en parallèle avec Ann McCaffrey ou Marion Zimmer-Bradley), et on se régale dans le domaine.

    Sans grande surprise, j’ai été charmé par ce roman, grâce à son écriture (elle a une manière de tout dire sans rien dire, une prose toute en circonvolutions sur laquelle on se laisse porter sans trop s’interroger), et grâce à ses univers toujours plein d’humanisme (à défaut d’un meilleur terme, disons qu’elle a vraiment l’art et la manière d’écrire de belles rencontres entre des espèces différentes).

    Cependant c’est un texte court, qui ne semble ne pas aller au bout de ses idées. Le monde de Rocannon abrite pas moins de cinq espèces intelligentes différentes, et on n’a finalement que peu de temps pour les découvrir toutes et d'aller au bout des interrogations à leur sujet. Du coup aussi chouette que soit ce roman, il semble un peu faiblard en comparaison de La main gauche de la nuit ou des Dépossédés (en même temps difficile de les égaler ces deux-là).

    Rien d’anormal ceci dit, il s’agit tout de même de son premier roman. Ca ne m'ôtera d'ailleurs pas pour autant l'envie de terminer ce cycle et donc de continuer sur Planète d’exil.

    A noter que le prologue de ce roman qui nous introduit dans l'univers en question est en fait une nouvelle, Le collier de Semlé (aka Dowry of the Angyar en VO), publiée précédemment dans la revue Amazing Stories (et dans différents recueils en France).

    Même si on retrouve certains de ses protagonistes par la suite, c'est un texte qui peut parfaitement se lire de façon indépendante et met parfaitement en scène la confrontation entre un habitant d'un monde « primitif » et des technologies évoluées, vu par le dit habitant. Un excellent prétexte donc pour reprendre les participations au JLNN !

    Avis des autres atuaniens : Julien, Majhea, Rose

    CITRIQ

    dimanche 8 septembre 2013

    Le prince de l'aube - Nancy Kress


    Je ne sais pas si vous souffrez du même problème, mais il m’arrive souvent d’être blasée face à la lecture. J’ai beau adoré la SF et ses consœurs, j’ai parfois l’impression de voir toujours le même genre d’histoire, les mêmes auteurs, les mêmes univers. Du coup ça me fait toujours très plaisir quand je déniche des livres aussi improbables que celui-ci.

    Le nom de Nancy Kress (qui me semble une auteure très respectable) apposée sur cette couverture affreusement kitsch, le tout coordonné avec le résumé qui va bien et que je suis obligée de vous recopier...
    Qu'y a-t-il au Coeur du Monde ? Pour le découvrir, la princesse Kirila quitte son château, prête à toutes les aventures. Mais n'est-ce pas naturel d'entreprendre une Quête quand on est jeune, intrépide et ambitieuse ?

    Que d'obstacles à vaincre ! Le premier sortilège étant ce chien surgi de nulle part et qui n'est autre qu'un prince ensorcelé. Un chien mauve aux yeux de caramel, plein de ressources, en vérité ! Car il sait où se cachent les Tentes de l'Omnium, siège du Coeur du Monde...

    Obstinée et lucide, Kirila vient à bout de bien des dangers, notamment des féroces Lielthiens, une race de faucons immortels. Mais l'énigme ultime ne réside-t-elle pas dans ces graoulis, minuscules dragons volants, messagers de l'Invisible ?

    Je n’ai juste pas pu résister à l’acheter, persuadée qu’au pire je me paierais une bonne tranche de fous rires, ce qui pour un livre déniché chez un bouquiniste à 1,50 euros, est déjà pas mal.

    Le prince de l’aube démarre donc comme un conte de fées : princesse, quête, magie, rien ne nous est épargné, avec un humour discret qui se moque en arrière-plan les clichés du genre. Mais au fur et à mesure que l’intrigue avance, l’histoire prend des tournants inattendus (sans en dire plus, il suffit de voir l’ellipse en milieu d’histoire).

    Du coup loin d’être une simple variation humoristique sur le conte de fées, ce livre m’a surpris en appelant à s’interroger sur chaque étape de la Quête, sur l’amitié qui unit Kirila et Chessy, sur les actions de chacun qui donnent à voir des personnages infiniment plus complexes qu’on ne pourrait le croire.

    Je trouve que l’auteure a bien réussi à mettre en perspective la notion de quête (qui est le moteur de tant d’histoires) et comment les personnages se positionnent vis à vis de cette quête, comment ils évoluent. C’est difficile de mettre des mots sur mes impressions de lecture, mais Nancy Kress va bien plus loin que l’auteur moyen, avec sa manière bien à elle qui m’avait tant fait aimé ses autres écrits.

    Du coup même si l’histoire en elle-même n’a rien d’extraordinaire et se révèle même parfois frustrante tant certains éléments de l’univers restent inexpliqués, Le prince de l’aube se révèle une lecture surprenante qui ne manque pas d’originalité. Ce n’est pas un chef d’oeuvre, certes, mais il y a définitivement un petit quelque chose qui rend la lecture plaisante. Ce qui est plutôt pas mal quand on sait qu’il s’agit du premier roman publié de l’auteur.

    Et en dépit de la couverture (très mensongère soit dit en passant, il n’y a pas une seule licorne dans l’histoire), pas vraiment d’histoire d’amour à l’horizon (enfin si il y en a bien une mais elle est loin de dominer le livre), en tout cas rien qui justifie de classer ce roman dans mon challenge en tout cas, comme quoi il faut pas juger un livre à sa couverture !

    CITRIQ

    vendredi 6 septembre 2013

    Un TARDIS dans ma PàL (1)


    Vous l’aurez sûrement remarqué, avec la reprise du boulot tout fout le camp, et les vacances de mon blog se sont quelques peu prolongées sans préavis. Mais ne vous inquiétez pas, je reviendrais bientôt vous assommer de critiques de livres (la reprise du boulot allant de pair avec une augmentation des livres lus, merci les 2h de transport par jour !).

    En attendant, j’en profite pour mener à bien une promesse faite il y a bien longtemps, celle de montrer enfin cette chose angoissante qu’est la Pile à Lire, en empruntant, par goût du plagiat du mimétisme, la formule de Tigger Lilly (j’aurais bien aimé vous présenter ma PàL dans mon TARDIS, mais celui-ci ne s’est pas laissé faire !).


    A la date d’aujourd’hui, grâce à un régime radical et un joli désherbage, elle plafonne à 14 livres (oui je sais y'en a que 13 sur la photo, Le jeune homme, la mort et le temps s'était égaré sur ma table de chevet quand j'ai pris la photo).

    Encore quelques efforts et elle passera sous la barre des dix. Je ne cherche pas spécialement à arriver à zéro après ça, mais j’aimerais faire en sorte que les livres n’y prennent pas trop la poussière. Je ne m'en sors pas trop mal pour le moment, seul un des livres poireaute depuis deux ans, les autres sont rentrés dans l'année.

    Pendant l’été je n’ai pas lu beaucoup (enfin si j’ai lu beaucoup, mais des fanfictions, la faute à Mass Effect, et ça ne justifie pas une chronique à priori), mais vous devriez voir venir dans les jours prochains les chroniques de :
    • Une histoire de la science-fiction, très chouette anthologie Librio de Jacques Sadoul ;
    • Le monde de Rocannon de Ursula K. Le Guin, lecture estivale du Cercle tout aussi chouette ;
    • Le prince de l’aube de Nancy Kress, une bizarrerie dénichée à Strasbourg à laquelle je n'ai pas su dire non ;
    • La vallée de l’éternel retour de Ursula K. Le Guin, « terminé » depuis des lustres, je ne désespère pas de le chroniquer d'ici décembre ;
    • Démon de John Varley, gros pavé que je me surprends à dévorer à une folle vitesse.
    (Enfin ça, c'est en admettant que j'utilise mon clavier pour taper des chroniques et non pas faire des cascades en mako dans Mass Effect *siffle*)

    Après, je vais sans doute m'attaquer à :
    • Le jeune homme, la mort et le temps de Richard Matheson, lecture du mois du Cercle ;
    • Marée stellaire de David Brin, un dernier space-op pour la route ;
    • La prophétie de la dame blanche de Rachel Lee, pour conclure en beauté -ou pas- mon propre challenge.
    Il y a aussi le Même pas mort de Jaworski et le Mordred de Justine Niogret me font de l’oeil en librairie, mais ça, on verra selon l'évolution des finances. Ca devrait être interdit de sortir autant de livres alléchants en même temps !