dimanche 30 juin 2013

La Terre mourante : Intégrale 2 - Jack Vance


Conquise par les aventures de Cugel précédemment chroniquées, je me suis tout naturelle attaquée très vite à leur suite, que l'on trouve dans la deuxième intégrale de La Terre mourante (accessoirement je vais aussi rendre mon livre à la bibliothèque, mais chut !).

Cette deuxième intégrale se compose donc de deux « romans » différents : Cugel Saga et Rhialto le merveilleux. J'emploie des guillemets car l'un comme l'autre me semblent être des rassemblements de nouvelles plus ou moins retravaillés.

C'est flagrant pour Cugel Saga dont j'avais lu l'un des « chapitres » dans l'anthologie Le manoir des roses (l'introduction diffère mais les péripéties sont identiques). Ca me semble aussi évident pour Rhialto dont les différents textes ont peu de liens entre eux (mis à part le contexte général et le héros), mais sont chapeautés par une introduction commune.

Cugel Saga


On prend les mêmes et on recommence, ou plutôt on reprend l'aventure de Cugel là où nous l'avions laissé à la fin de Cugel l'astucieux, en piètre situation donc. Et c'est reparti pour une traversée épique pour se venger de Iucounu, mais pas par le même chemin je vous prie !

Que dire de plus à partir de là ? Cugel est toujours un bel enfoiré, occupé à monter des combines qui se retournent systématiquement contre lui. Si globalement il s'en sort toujours et progresse vers son objectif, vous pouvez être sûr que s'il arrive à obtenir une bourse pleine d'or, il l'aura perdue d'une façon ou d'une autre deux pages plus loin !

Cugel Saga est donc une aventure drôle et délicieuse, où l'on s'amuse des manipulations et des déconvenues de Cugel, mais aussi de tous les endroits étranges qu'il vient à visiter, tous plus fous les uns que les autres (et non dénués d'un certain cynisme).

Je me suis surprise à m'attacher à ce Cugel, comme si à force on apprenait à l'apprécier. C'est une odieuse ordure, certes, mais il me faisait presque de la peine à systématiquement échouer dans ses combines, et son caractère m'a semblé s'améliorer un peu au fur et à mesure de l'histoire (jusqu'à une fin étrangement décalée par rapport à toute l'histoire).

Inutile de tergiverser plus que cela, le diptyque formé par Cugel l'astucieux et Cugel Saga est vraiment une chouette petite aventure pleine d'humour qui se lit avec plaisir. N'hésitez pas si vous les croisez au détour d'un bouquiniste !

Rhialto le merveilleux


Laissons maintenant de côté les aventures de Cugel pour s'occuper de Rhialto, un magicien du 21e éon, à qui il arrive moult aventures, bien que celles-ci soient beaucoup moins rocambolesques que celles de Cugel (et du coup bien moins captivantes). J'ai en effet peiné sur Rhialto, qui m'a semblé moins intéressant comme personnage, et dont les aventures sont franchement bizarres.

Dans La Murthe, on le voit confronté à une vilaine sorcière venue d'un éon précédent, qui entre autres féminise tous les collègues de Rhialto (bouh la vilaine). Entre la trame pas folichonne et le vocabulaire technique non expliqué qui n'arrange rien, je ne suis vraiment pas sortie enthousiaste de ma lecture.

Heureusement Fanhure est une aventure plus intéressante, où Rhialto désavoué par ses confrères se retrouve à remonter le temps pour aller récupérer un truc (non ne m'en demandez pas plus, une fois encore j'ai été noyée sous le vocabulaire). Le côté voyage dans le temps a toujours son petit effet, et pour le coup on a l'occasion de le voir vraiment passer à l'action.

Morreion, qui clôt le cycle de Rhialto est un texte plutôt étrange où le magicien et ses compagnons de guilde voyagent à travers l'espace pour aller chercher un camarade disparu. Le côté voyage spatiale « de fantasy » est délicieux à découvrir, mais pour le reste...

Bref vous l'aurez compris, à part pour Fanhure, je ne suis pas rentrée dans ces histoires et j'ai fini les aventures de Rhialto plus par principe qu'autre chose (et puis mon métro n'avançait pas, ça aide !)

Du coup me voilà arrivée à la fin de ce cycle de La Terre mourante avec un sentiment mitigé. L'univers a son charme, par contre les histoires sont très inégales. Je vous recommande de jeter un œil en priorité aux péripéties de Cugel (Cugel l'astucieux et Cugel Saga, vraiment de chouettes textes) et de passer sur les autres qui n'ont pas très bien vieilli et sont restés assez obscures pour moi.

Et maintenant que je suis à jour sur le sujet, je vais peut-être commencer à lorgner sur l'anthologie Chansons de la Terre mourante parce qu'il y a un beau sommaire mine de rien !


CITRIQ

vendredi 28 juin 2013

L'horloge du temps perdu - Anne Fakhouri


Après Le Clairvoyage et Narcogenèse, voilà donc le nouveau d'Anne Fakhouri qui exploite une thématique ô combien alléchante, celle du voyage dans le temps.

Théo est un jeune garçon solitaire et ballotté entre ses parents divorcés (dont un père avec lequel il a bien du mal à tisser des liens). Alors que grâce à son père, il s'apprête à rencontre son auteur favori sur un plateau de tournage, il se retrouvé projeté dans le passé, plus précisément dans le passé de son père lorsqu'il était au collège, avec pour mission de « la » sauver (encore faudrait-il savoir qui est cette personne qu'il doit sauver).

C'est donc assez rigolo de voir un enfant des années 2000 projeté dans les années 80, et y découvrir un monde tellement différent qu'on jurerait qu'il est revenu trois siècles en arrière (comment ça, vous n'avez pas de téléphone portable ?). C'est d'autant plus drôle que l'histoire (tout comme la couverture) fait abondamment référence à Retour vers le futur (on fait difficilement plus années 80 que ce film).

J'ai retrouvé dans L'horloge du temps perdu le goût d'Anne Fakhouri pour les intrigues très intimistes au cadre restreint, souvent familiale. Pas de monde à sauver dans cette histoire, c'est un voyage dans le temps très personnel qu'effectue Théo, qui donne un aperçu très juste des amitiés et inimités que l'on développe pendant l'adolescence.

Ceci dit, si on retrouve pas mal de marques de fabrique de l'auteur de façon sous-jacente (notamment ce côté intimiste), je suis restée un peu sur ma faim avec ce texte clairement destiné à un jeune public (10-12 ans).

C'est presque frustrant d'ailleurs, j'ai eu la même expérience avec deux Roald Dahl récemment qui m'auraient émerveillée il y a quelques années mais que j'ai du mal à apprécier aujourd'hui (et pourtant c'est du Roald Dahl !).

L'horloge du temps perdu est un joli texte, une très bonne histoire de voyage dans le temps, mais un peu simpliste par rapport à sa production habituelle. A réserver aux plus jeunes donc !

CITRIQ

mercredi 26 juin 2013

Man of Steel - Zack Snyder


Lorsque j'étais petite, mes super héros favoris étaient Batman et Superman, nourrie que j'étais aux dessins animés sur France 3, et à la série télé Loïs & Clark sur M6. Mais assez bizarrement, si j'ai conservé en grandissant tout l'amour que je portais à Batman, j'ai eu bien plus de mal pour ce qui est de Superman, sans doute parce que c'est un super-héros beaucoup moins complexe.

Du coup ce Man of Steel m'intriguait, car réussir à dépoussiérer Superman ne me semblait pas une mince affaire, même avec un Christopher Nolan au scénario (il faut dire que The Dark Knight Rises ne m'a pas transporté autant que The Dark Knight, et avec Zack Snyder aux manettes en prime, j'imaginais déjà les ralentis toutes les trente secondes...).


J'ai donc été agréablement surprise de découvrir un film qui arrive à refonder l'histoire de Superman de façon intelligente, avec un arc narratif cohérent et en ayant le bon goût de laisser de côté certains clichés de l'univers qui commençaient à virer au ridicule.

Man of Steel se divise grosso-modo en deux parties. Après une introduction mettant en scène la destruction de Krypton, la première partie nous relate la jeunesse et les errances de Clark Kent par le biais d'une alternance passé-présent à la Batman Begins. La deuxième partie est quant à elle bien plus linéaire, mettant en scène l'affrontement entre Superman et Zod.

Au lieu de l'habituel structure très linéaire mettant en scène un Clark qui arrive à Metropolis et commence à sauver des gens tout en menant sa double-vie de journaliste au Daily Planet, on assiste plutôt à une longue quête (initiatique ?) dont le maître mot est identité. Il cherche d'où il vient, mais aussi ce qu'il doit devenir, et sous quelle identité (secrète ou non) il doit se présenter au monde.

Je pense que pour un Superman, c'est une des problématiques les plus pertinentes que l'on peut exploiter, et c'est tout à l'honneur de ce film de l'avoir choisie et si bien traitée.


Man of Steel fait également un choix judicieux en opposant Superman à Zod dès le départ. D'une part cela s'inscrit bien dans la question identitaire, et d'autre part c'est un méchant « à la hauteur » de Superman, ce qui donne une confrontation « équilibrée » (qui dévaste presque tout Metropolis, mais vu leurs pouvoirs c'est la Terre entière qui aurait pu y passer !).

Ajoutez à ça le fait qu'on évite un énième appel à la kryptonite, et que Loïs Lane est plus perspicace que la normale (elle arrive à trouver l'identité de Superman, et le reconnaît même avec des lunettes), et vous optez un Superman remis à neuf plutôt intéressant.

Ca reste bien sûr une histoire à grosses ficelles et avec une morale un peu lourdingue par moments (c'est l'univers qui veut ça), mais j'ai passé un bon moment devant ce blockbuster qui arrive à donner de l'épaisseur à un personnage qui en a longtemps manqué à mes yeux.

La réalisation est plutôt plaisante (aucun ralenti désagréable), les effets spéciaux au top comme il se devrait (Krypton est aussi impressionnante que délicieusement kitsch), le casting plutôt chouette (Henry Cavill a je trouve plus de personnalité que ses prédécesseurs, Loïs Lane est charmante sans être trop stupide et Russel Crowe fait un bon Jor-El), et Hans Zimmer livre une BO honorable dans la lignée de The Dark Knight.

Alors une suite, pourquoi pas, et j'espère bien que cela ouvrira à la voie à un film Justice League (ou au moins à un Superman/Batman, je n'en demande pas plus pour ma part).

mardi 25 juin 2013

Défi Jack Vance


Autant pour le « cette année tu feras moins de challenges », voilà que Cornwall lance un challenge sur Jack Vance. Vous connaissez cette sensation en librairie, quand vous avez déjà cinq livres dans les bras et que vous en trouvez un sixième, et que vous vous dites « au point où j'en suis... ». Avec les challenges, c'est un peu pareil !

Le principe n'est pas bien compliqué, il s'agit de lire des œuvres de Jack Vance entre le 28 juin et le 28 décembre de cette année, c'est donc l'occasion de plonger dans l’œuvre d'un grand monsieur de la SF décédé récemment.

Je n'ai pas encore de programme fixé pour ma part. Vous devriez entendre parler de la deuxième intégrale de La Terre Mourante et après, on verra bien. Relire Lyonesse, découvrir Tschaï, plonger dans l'anthologie Chansons de la Terre mourante, les idées ne manquent pas. Selon Lune, Les cinq rubans d'or permet de faire un carré d'as space-op/romance/novella/Jack Vance, à voir donc...

Pour nous rejoindre, c'est par ici !

lundi 24 juin 2013

Feu secret (Siana, vampire alchimique 1) - Frédérique de Keyser


Il y a des fois de bien étranges coïncidences dans la vie. Alors que je préparais mon challenge estival, voilà qu'un éditeur numérique, La Bourdonnaye, me propose de découvrir ses titres, qui, ô merveille, collent parfaitement avec mon challenge.

Vous pensez bien que je n'ai pas pu résister et j'ai décidé de tenter ma chance avec la série Siana, vampire alchimique (juste pour l'association de deux termes qu'on ne voit pas souvent ensemble). Et ma foi, en dépit de tous mes à priori sur ce genre de littérature, j'ai été agréablement surprise.

Feu secret est un récit à la première personne qui nous raconte l'histoire de Siana, une jeune femme attaquée par un vampire alors qu'elle s'amusait à pratiquer le voyage astral dans l'arrière-boutique de son magasin d'ésotérisme. La voilà donc transformée en vampire, mais seulement à moitié, ce qui la rend capable de supporter la lumière du jour (mais sans paillettes dieu merci).

Cependant elle ne reste pas longtemps seule à tester ses nouvelles capacités, puisqu'un clan de vampires la prend très vite sous son aile pour qu'elle les aide à décrypter d'anciens et obscures textes ésotériques. Bien entendu, ce clan se compose principalement d'hommes beaux, mystérieux et sexy, et tout en explorant les mystères de la nature vampire, Siana pourrait bien rencontre l'amour.

(avouez que mon résumé est vendeur, non ?)

Mes dernières expériences avec des romans sentimentaux à connotation fantastique ou science-fiction n'ont pas été des plus enrichissantes (quoique le premier était drôle, à défaut d'autre chose), et je vous avoue que je n'attendais pas grand chose de ma lecture à part un bon fou rire.

Sauf que non. Bien sûr Feu secret n'est pas un chef d’œuvre de la littérature, et certains passages sont fort susceptibles de déclencher des crises d'hilarité, mais c'est un bon divertissement.

Si les stéréotypes bit-lit ne manquent pas, ils s’emboîtent suffisamment bien pour ne pas tomber dans le simple catalogue de clichés : Siana est comme il se doit une vampire spéciale, mais sa spécificité fait qu'elle n'a pas toutes les capacités d'un vampire normale (c'est pas comme certaines qui en plus d'avoir leurs particularités à elles sont exceptionnelles dans tous les domaines).

Et si elle se tape effectivement à peu près tous les mecs de son clan (ainsi que son colocataire friend-with-benefits en prime), ça colle relativement bien avec son caractère hédoniste toujours partant pour une partie de jambes en l'air (mais pas avec n'importe qui ceci dit).

Il y a bien quelques tartes à la crème comme une vague histoire de lien si deux vampires boivent mutuellement leur sang (ce qui me semble fort peu pratique vu le nombre de fois qu'ils boivent le sang d'un de leur camarade pour une raison x ou y) mais rien d'insupportable.

Mieux encore, en parallèle le roman développe toute une histoire sur l'alchimie plutôt sympathique avec une petite enquête qui donne un côté documenté au texte (bon après je ne suis pas experte en ésotérisme, j'ai séché toutes les conférences sur le sujet aux Imaginales !).

Contre toute attente (en plus c'est du récit à la première personne, pas vraiment mon mode de narration favori), je me suis donc prise au jeu et j'ai dévoré cette histoire. L'intrigue est prenante, la galerie de personnages sympathique (bien que j'ai eu du mal à associer visages et noms, on ne connaît pas tout de suite leurs prénoms et c'est la limite du format numérique, on a bien du mal à revenir en arrière pour vérifier une information).

Le fait que ce soit une œuvre originale française (cocorico!) et non une traduction de l'anglais a également son importance : je trouve les dialogues (notamment tout ce qui est histoire d'amour) bien plus naturels que dans tout ce que j'avais lu jusqu'ici. J'ai longtemps pensé que la guimauve passait toujours mieux en anglais, en fait c'est juste que la traduction de guimauve est un art délicat (et souvent bien mal mené !).

En fait je mettrais juste un bémol sur l'histoire d'amour qui m'a semblé un peu téléphonée. Que Siana ait des vues sur le seul mec inaccessible (et qui la déteste), soit, c'est même le scénario le plus logique. Qu'ils se tournent autour à coup de je t'aime moi non plus et de crises de jalousie, c'est tout à fait normal (même si ça vire légèrement au ridicule quand tout le clan s'implique dedans).

Mais j'ai trouvé peu crédible la façon dont soudainement ils se mettent ensemble (et puis j'accroche pas trop au personnage de Søren, ça doit jouer). Ceci dit, la série compte encore trois tomes, de quoi gagner en crédibilité ou en subtilité côte relations amoureuses.

Et voilà donc comment je me retrouve pour une fois à ne pas démonter pièce par pièce et citation à l'appui un roman sentimental que je viens de lire. Cela fait tout bizarre, mais en même temps cela me fait plaisir.

Parfois il est bon de laisser de côté des textes complexes (qui nécessitent plus d'attention qu'on ne peut en fournir à certains moments) pour se rappeler qu'on peut aussi apprécier un bon divertissement, une histoire d'amour qui nous fera rêver, rigoler, voire les deux en même temps. Je n'aurais rêvé d'ouvrir mon challenge avec un meilleur manifeste !

samedi 22 juin 2013

Retour au pays - Robin Hobb


Faisons contre mauvaise fortune bon cœur et voyons le côté positif de la chose : certes cette nouvelle est éditée à part du recueil L'héritage et autres nouvelles, mais du coup je peux la chroniquer séparément, ce qui me fait une participation supplémentaire au JLNN !

Retour au pays est une prequel à L'assassin royal et plus particulièrement au cycle des Aventuriers de la mer qui nous raconte comment les habitants de Jamaillia en sont venus à coloniser le désert des Pluies. A l'origine publiée dans l'anthologie Légendes II, elle a depuis été rééditée seule.

Nous voilà à suivre les pas de Valjine, une artiste exilée avec toute sa petite famille en ce lieu hostile et mystérieux où abondent marais et visions étranges (autant dire que la mort rôde en permanence aux alentours du campement). Survivre n'est pas une sinécure, et notre héroïne devra passer outre ses petites habitudes de noble pour y arriver.

Raconté sous la forme d'un journal de voyage, Retour au Pays est une novella très agréable à lire (comme toujours avec Robin Hobb, je ne sais pas comment elle se débrouille mais même ses plus mauvais textes se lisent toujours avec grand plaisir).

Le parcours de l'héroïne est assez classique (elle s'inscrit bien dans la lignée de ces héros des Aventuriers de la mer qui se construisent et construisent leur monde à la force de leurs bras et de leurs talents), mais son récit se révèle plus enrichissant que les deux autres nouvelles se situant dans le même univers que l'on trouvait dans L'héritage.

On assiste en effet aux débuts de la colonisation du désert des pluies, ce qui éclaire les coutumes et les particularités de ses habitants lorsqu'on les croise dans Les aventuriers de la mer ou dans L'assassin royal. J'imagine qu'elle a depuis développé toutes ces idées dans son cycle Les cités des Anciens, mais c'est agréable de pouvoir en avoir un aperçu sans passer par un cycle en multiples tomes.

Retour au pays est donc un texte sympathique et enrichissant, tout à fait recommandable maintenant qu'on peut l'acheter pour 2 euros chez Librio (bon par contre Pygmalion qui vendait ça 15 euros, no comment !).


CITRIQ

vendredi 21 juin 2013

My Summer of (SFFF) Love : Top départ !


Et voilà, l'été est là, vous ne voyez pas le beau temps dehors ? Non ? Ce n'est pas grave, vous n'en avez que meilleur prétexte pour rester sous la couette à lire des histoires d'amour !

Pour le moment, nous sommes 21 à tenter l'aventure (c'est plutôt adapté pour un 21 juin) :
  1. Acr0
  2. asn83
  3. Baroona
  4. Brize
  5. Cornwall
  6. Dex 
  7. Endea
  8. Fánaríë
  9. Jae_Lou
  10. JainaXF
  11. Julien 
  12. La Mante
  13. Laure
  14. Lhisbei
  15. Lorhkan
  16. Lune
  17. Majhea
  18. Monochrome
  19. Mypianocanta 
  20. Olya
  21. Raven
  22. Roz
  23. Shaya
  24. Snow
  25. Spocky
  26. Tigger Lilly
  27. Tortoise
  28. Vert (sans blague)
  29. Xapur
  30. Yume
Les inscriptions restent ouvertes tout l'été, n'hésitez donc pas à nous rejoindre (on ne sait jamais quelle histoire d'amour peut renfermer un vaisseau spatial). Je ferais le point sur les participations d'ici un mois, d'ici là bonnes lectures et amusez-vous bien !

jeudi 20 juin 2013

Fables 18 : Rose Rouge - Bill Willingham


Urban Comics ne chôme vraiment sur la série Fables. C'est le quatrième tome qu'ils publient en un an, autant dire qu'ils auront bientôt rattrapé la publication VO (le prochain volume est prévu pour août de cette année). Ils respectent en plus le découpage originel, du coup même si les albums sont un peu plus chers, on en a largement pour son argent !

Où en étions nous donc restés ? Ah oui, l'arrivée sur le devant de la scène de Mr. Dark, la fuite vers la ferme, la dépression de Rose Rouge, la grossesse de la Belle... que d'évènements qui continuent à se développer dans ce volume, dont les deux axes centraux sont la confrontation (épique) entre Mr. Dark et Frau Totenkinder et le retour « dans le monde des vivants » de Rose Rouge.

Pour ce qui est de Frau Totenkinder, l'histoire se révèle forcément grandiose, avec quota d'effets spéciaux et de répliques qui tuent de rigueur. Je n'en dirais pas plus, mais le personnage a vraiment le droit à son moment de gloire. Je suis juste un poil déçue par le final, mais je vous laisse découvrir ça par vous même.

Du côté de Rose Rouge, on a le droit à un long flashback mettant en lumière sa longue inimité avec sa sœur Blanche-Neige. C'est un véritable délice à lire, ça faisait longtemps (à ma connaissance) que la série ne s'était pas autant amusée à réécrire les contes de fées en croisant les histoires avec autant de brio. Un véritable délice, et ça fait plaisir de retrouver une Rose au sommet de sa forme à la sortie de ce long retour en arrière, voilà qui promet pour la suite.

Voilà pour l'essentiel, je vous passe le reste de l'histoire qui est assez foisonnante. Les intrigues secondaires sont nombreuses en parallèle, notamment celle de Gepetto ou celle de la Belle et de la Bête. C'est donc un tome très riche et très agréable à lire, avec en prime quelques bonus rigolos pour le numéro 100.

Bref que du bon, plus ça va, plus la série me plaît à nouveau !

CITRIQ

mardi 18 juin 2013

Top Ten Tuesday (14) : Les 10 livres à lire cet été


Les 10 livres à lire cet été
(ou l'on découvre que 10 est une notion très relative selon les personnes)


Pour le Summer Star Wars :

1. Marée stellaire de David Brin
2. Sorcière et Démon de John Varley
3. The Dalek Generation de Nicholas Briggs


Pour le JLNN, trois anthologies :

4. Une histoire de la science-fiction
5. La légende des royaumes (qui comptera aussi pour mon challenge)
6. Les coups de cœur des Imaginales


Pour mon plaisir à moi (c'est important aussi !) :

7. Sans âge de Gail Carriger (et en plus ça compte aussi pour mon challenge)
8. Le calice du dragon de Lucius Shepard (sur lequel j'ai complètement flashé aux Imaginales)

Sans oublier...



9. Tous les livres que j'ai eu la bonne idée d'emprunter à la bibliothèque (que des nouvelles ou des romans courts, de préférence en space-op, je l'ai à peine fait exprès...)


10. Et tout ce que contient ma liseuse... non n'insistez pas, je ne vous ferais pas la liste détaillée, la PàL numérique n'existe pas !

Et si j'arrive à lire tout ça, ma PàL passera sous la barre des dix ouvrages d'ici fin septembre. Allez on y croit fort !

Le Top Ten Tuesday est une initiative de The Broke and the Bookish, reprise en version française par Iani.

dimanche 16 juin 2013

My Summer of (SFFF) Love : Suggestions bibliographiques


Il faut le savoir, lorsque l'idée de ce challenge est né, le but était avant tout de nous donner un prétexte pour lire des Harlequin et autres collections sentimentales dont on aime tant se moquer. Mais comme souvent dans ce genre d'aventure, on ne maîtrise pas franchement son embarcation et allez savoir comment, ce challenge s'est soudain ouvert à des titres plus « sérieux ».

Du coup je ne peux résister à l'envie de vous suggérer quelques unes des plus belles histoires d'amour que j'ai eu l'occasion de lire. Cela peut toujours vous donner des idées de lecture...


Aradia – Tanith Lee

Ecrit par une de mes auteures favorites (hélas trop peu traduite en français), Aradia (A Heroine of the World en vo) est un pur roman sentimental qui raconte les péripéties d'une jeune fille dans un monde imaginaire au parfum du XVIIe/XVIIIe siècle. Elle perd sa famille dans le siège de sa cité, se retrouve aux mains d'un colonel ennemi, part ensuite avec lui dans son pays lors de la débâcle, se retrouve à la tête d'une propriété, fait un mariage d'affaires, s'enfuit à la recherche de son amour...

On est vraiment à fond dans le roman sentimental (tout particulièrement dans la deuxième partie), mais l'univers présenté par Tanith Lee (presque dénué de magie, tout est dans l'étrangeté de ces pays imaginaires qui semblent si familiers) et l'écriture très précieuse font qu'on est bien au dessus du roman calibré, et que l'ensemble se lit avec grand bonheur. D'ailleurs j'espère bien trouver le temps de vous en parler plus longuement cet été.

Le roman a été traduit en deux volumes sous les titres Aara et Thenser (autant dire "Elle" et "Lui" !). Vous aurez certainement du mal à les dénicher en grand format, mais je croise fréquemment l'édition poche chez Points (les couvertures sont hideuses mais on fait avec ce qu'on a!).


Le protectorat de l’ombrelle – Gail Carriger

Je pense que cette série se passe de présentation, mais au cas où... Le protectorat de l'ombrelle met en scène une vieille fille de vingt-cinq ans, avec un fort tempérament et un sens inné de la réplique, dans une société victorienne où sont intégrés vampires, loups-garous et fantômes.

Mélange improbable de bit-lit et de steampunk, Le protectorat de l'ombrelle est une série absolument géniale qui joue sur les clichés du roman sentimental (entre autres), pour un résultat absolument hilarant. Si vous ne devez lire qu'un seul roman pour ce challenge, lisez Sans âme, vous ne serez pas déçu du voyage !

Le cycle comprend cinq volumes (tous ont été traduits, vous pouvez donc les enchaîner sans avoir à attendre), et les deux premiers sont sortis en poche.


Le dieu dans l’ombre – Megan Lindholm

Quand je parle des excellents romans que Megan Lindholm a écrit avant de changer de pseudonyme, je pense toujours à ce texte de fantasy urbaine (enfin fantasy forestière serait plus adapté) qui nous raconte une histoire d'amour entre une jeune femme et un faune.

Le dieu dans l'ombre (Cloven Hooves en vo) est un roman dur, surtout au début (c'est typiquement le genre de texte où l'horreur est dans le quotidien et où le fantastique sert d'évasion), mais à chaque fois que je remets le nez dedans, je le dévore d'un bout à l'autre. C'est une jolie histoire d'amour, et le traitement est original, le faune (créature féérique par excellence) étant décrit avec une sorte de froideur scientifique plus propre à la science-fiction qu'au fantastique.

Sorti en poche il y a déjà un moment, mais pas introuvable à mon avis.


L’appel du Mordant – Stephen R. Donaldson

Ce petit cycle de fantasy (seulement trois tomes, en fait deux en VO, je vous laisse deviner lequel des trois volume porte un titre créé de toutes pièces) n'a pas grand d'original en apparence : on est dans le très classique cas de l'héroïne bien de chez nous qui se retrouve propulsée dans un autre univers qu'elle est sensée sauver.

Sauf que le monde secondaire a son charme (ils ont une magie basée sur les miroirs plutôt sympa et original il me semble) et que l'héroïne surprend par son apathie (elle se retrouve au cœur de l'intrigue mais elle met sacrément du temps à se prendre en main, on est loin du cliché). Là dessus on a une bonne histoire classique avec des intrigues de cours, des batailles et bien sûr (sinon je ne vous en parlerais pas ici) une histoire d'amour un peu guimauve mais qui fait chaud au cœur.

L'appel du Mordant est une bonne lecture de vacances, bien fichue et pas prise de tête (à en parler j'ai envie de le relire, c'est malin), qui ne doit pas être trop dure à dénicher en poche.


Barjavel

Si vous voulez lire de la vieille SF avec des sentiments, pas la peine d'aller chercher de l'autre côté de l'Atlantique, Barjavel est votre homme ! Je suis loin d'avoir fait le tour de sa bibliographie, mais tous les romans que j'ai lu de lui viennent accompagnés de leur histoire d'amour un peu (voire beaucoup) guimauve.

La nuit des temps (digne de Roméo et Juliette) est il me semble le meilleur exemple, mais si vous préférez la fantasy, L'enchanteur m'avait laissé un très bon souvenir de remake concis et rigolo de la légende du roi Arthur, en se focalisant sur l'histoire de Merlin et Viviane.


Anne McCaffrey

Enfin, si vous avez envie de concourir dans deux challenges en même temps, je peux que vous conseiller de jeter un œil à l'oeuvre d'Anne McCaffrey, qui comprend son lot de planet-opera et de space-opera assaisonnées d'une bonne dose d'histoires d'amour.

La Ballade de Pern n'est peut-être pas le meilleur choix (y'a beaucoup d'histoires d'amour mais elles ne dominent pas tant l'intrigue que ça). Vous trouverez peut-être des choses plus intéressantes dans son cycle des doués (la Rowane cadre bien côté sentimental de mémoire), ou dans La transe du crystal (le deuxième tome garantie pure guimauve). A noter que si vous arrivez à mettre la main sur son recueil La Dame de la haute tour, vous faites un tiercé gagnant sentimental/space-op/nouvelles...

Je n'ai pas lu donc je préfère ne pas m'avancer, mais il m'est avis que la Romance de Ténébreuse de Marion Zimmer Bradley cadrerait également très bien dans le genre planet-opera bourré d'histoires de cœur...

Bien sûr cette liste n'est absolument pas exhaustive (et très pauvre en SF d'ailleurs), comme vous vous en doutez, donc n'hésitez pas à y aller de votre contribution dans les commentaires !

samedi 15 juin 2013

Summer Star Wars Episode I


Après le Summer Star Wars, le Summer Star Wars contre-attaque et le Retour du Summer Star Wars, Lhisbei se lance dans une nouvelle trilogie (garantie sans Jar Jar Binks, du moins j'espère) avec un Summer Star Wars Fantôme.

Pour ceux qui auraient passé les trois dernières années en hibernation (enfin estivation serait plus juste), l'objectif est de lire/regarder des space-operas, et de les chroniquer dans la joie et la bonne humeur pendant l'été.

Comme d'habitude, je n'ai pas pu résister à me lancer à l'aventure, d'autant plus que j'ai toujours du space-opera dans ma PàL (en fait ce sont les reliquats des challenges précédents, ça peut durer encore longtemps ce petit jeu !).

Voilà donc mon petit programme (sous réserve de modifications) :


- Sorcière et Démon, les deux derniers tomes de la trilogie de Gaïa de John Varley (histoire d'en finir)

- Marée stellaire de David Brin (qui est le deuxième tome de son cycle Elevation, passons sur le fait que je n'ai pas lu le premier...)

- The Dalek Generation de Nicholas Briggs (parce que si je ne pourris pas les challenges de Lhisbei avec du Doctor Who j'ai l'impression de faillir à mes devoirs).

Un programme bien moins ambitieux que l'année précédente. Enfin en théorie, parce qu'on ne sait jamais ce qu'on va trouver au détour d'un recueil de nouvelles...

En parallèle je ne désespère pas de m'offrir un petit revisionnage de Star Wars, de prendre le temps de regarder la série Firefly, et puis bon, comme je suis en plein dans les anciennes saisons de Doctor Who, qui sait ce qui peut arriver...

Embarquement prévu le 21 juin, n'hésitez pas à nous rejoindre en salle d'embarquement (après avoir dénicher un bon space-op sentimental, tant qu'à faire...).

vendredi 14 juin 2013

Mariage à l'égyptienne (Lasser, détective des dieux 2) - Sylvie Miller et Philippe Ward


Il était assez logique, après avoir adoré le premier tome, que je continue mon voyage dans l'univers délirant de Lasser détective des dieux avec le deuxième volet de ses aventures, Mariage à l'égyptienne.

D'autant plus qu'entre temps les Imaginales sont passées par là, si bien que je regarde certains personnages d'un œil nouveau, notamment une certaine Fazimel... J'en aurais presque envie de relire le premier tome pour mieux m'amuser des références glissées ici et là, c'est dire !

Avec Mariage à l'égyptienne, nous retrouvons notre ami Lasser sur l'affaire du siècle, puisque Isis lui confie la lourde tâche de retrouver Aglaé, fille de Zeus et future épouse d'Horus, qui a disparu sans autre forme d'explication quelques jours avant son mariage.

Cette enquête étant loin d'être une sinécure, Lasser n'aura que trop besoin de tous ses amis pour la mener à bien ! C'est donc tout le casting du premier livre qui pointe son nez au court de l'ouvrage, parfois d'une manière plus qu'inattendue d'ailleurs...

De façon assez surprenante, j'ai trouvé cette nouvelle aventure de Lasser moins drôle que ses précédentes. Bien sûr on retrouve de nombreux détails m'ont fait sourire à la lecture, mais le ton m'a semblé globalement plus sérieux. J'ai même relevé moins de clins d'oeil et références, mais il est tout à fait possible que je n'y ai guère prêté attention, happée que j'étais par l'histoire.

L'intrigue prend plus de temps à se développer, les rebondissements se multiplient avec des passages de haute volée, et Lasser évolue au fil de l'histoire,touchant à un moment le fond pour mieux remonter la pente ensuite. J'ai été plus qu'agréablement surprise de trouver sous le ton prétendument léger autant de travail sur le personnage qui se révèle plus qu'un détective cliché.

En parallèle, on continue à visiter cette délicieuse Egypte uchronique des années 1930 où les dieux marchent au milieu des hommes, et peu à peu les auteurs étendent leur univers aux mythologies limitrophes (Mésopotamie, Grèce antique) avec toujours la même méticulosité documentaire qui fait plaisir à lire. Comme quoi on peut faire du divertissement sans rogner sur la cohérence !

Sans grande surprise donc, ce Mariage à l'égyptienne se révèle tout aussi plaisant à lire que Un privé sur le Nil. Le côté multiples enquêtes m'a un peu manqué, mais cela est parfaitement compensé par la densité de l'unique intrigue, et l'univers toujours aussi délicieux. Je suis donc bien contente de savoir qu'un troisième tome est prévu pour l'année prochaine !

mercredi 12 juin 2013

L'héritage et autres nouvelles - Robin Hobb / Megan Lindholm


Robin Hobb est une auteure dont j'apprécie beaucoup la plume, ses livres étant toujours de réels plaisirs à lire peu importe le sujet. Cependant ses cycles à rallonge me lassent de plus en plus (d'autant plus à cause du découpage français). Plus ça va, plus je constate que ses textes les plus intéressants sont paradoxalement les plus anciens, et tout particulièrement les one-shots qu'elle a écrit sous le pseudonyme de Megan Lindholm.

Du coup j'ai été ravie de tomber sur ce recueil de nouvelles à la bibliothèque, puisqu'il contient bon nombre de textes de « Megan », ainsi que quelques textes de « Robin » se situant dans l'univers des Six Duchés (on se croirait un peu dans Dr. Jekyll et Mr. Hyde à alterner les pseudonymes !).

Cependant je suis une fois de plus furieuse contre Pygmalion, qui a retiré du recueil la nouvelle Retour au pays qui était au sommaire de la VO. Et pour cause, ce texte de 130 pages à l'origine inclus dans l'anthologie Légendes II avait été réédité tout seul par cet éditeur en grand format (à 15 euros) par cet éditeur, avant de passer en poche et en librio.

Je ne développerais pas plus le sujet (j'ai l'impression d'être un disque rayé quand je parle de Pygmalion), mais ça me plait guère, car j'ai assez apprécié ce recueil pour avoir envie d'acheter mon propre exemplaire, mais l'idée de devoir acheter à côté un autre bouquin pour avoir la nouvelle manquante me donne (à peine) l'impression de me faire rouler.

Bref, parlons plutôt du contenu, ce qui sera bien plus intéressant ! Le recueil se divise en deux parties, d'une part sept nouvelles signées par Megan Lindholm, puis deux nouvelles de la plume de Robin Hobb. Chaque nouvelle est introduite par l'auteur qui remet le texte dans son contexte d'écriture ou se contente d'en faire un petit commentaire. C'est sacrément intéressant de découvrir ainsi d'où lui viennent ses idées, ou comment elle perçoit certains clichés de la SFFF.

Un peu de lavande est une nouvelle de science-fiction poignante qui nous raconte la vie d'un petit garçon qui va être bouleversée à cause d'aliens musiciens réfugiés sur Terre. On est plus frappé dans ce texte par son réalisme (et c'est assez caractéristique de tous les textes de Megan Lindholm),  si bien que les extraterrestres semblent parfaitement à leur place dans l'histoire de ce garçon qui vit dans un dénuement absolument horrifiant (et dire que c'est encore courant de nos jours, voilà qui ne remonte guère le moral) et avec une mère complètement à la ramasse.

Le quadragénaire et la dame d'argent est un très joli texte sur l'écriture, où une écrivaine qui a rangé ses stylos pour travailler dans un grand magasin ne cesse de croiser un étrange quadragénaire qui se prétend magicien. Délirant et délicieux, c'est une nouvelle que j'ai vraiment apprécié, pleine d'optimisme et finalement juste... magique.

Coupée part dans une direction tout autre. Cette nouvelle futuriste glaçante interroge sur ce qu'on a le droit d'infliger à notre corps (piercings, tatouages, mutilations...), via une conversation entre une grand-mère et sa petite fille qui compte se faire exciser parce que c'est la mode. « J'aime penser […] que j'écris parce que j'ai une question – pas la réponse attention : rien que la question », dit l'auteure en introduction. Ca m'a fait chaud au cœur de lire ça, je ne suis pas sûre que tous les auteurs aient compris ce qui me semble être la base de tout bon texte de SF, interroger, et non répondre.

Le cinquième chat écrasé est un récit fantastique qui m'a évoqué (pour l'ambiance) Le dernier magicien, mais qui se révèle très surprenant, un peu glauque (on y parle chats écrasés tout de même), et qui détourne à sa façon certains clichés de la fantasy.

Chats errants (oui encore des chats, avis aux amateurs de félins !) est un texte assez poignant encore une fois, racontant la rencontre et l'amitié qui se développent entre la narratrice de l'histoire et une mystérieuse fille assez sauvage vivant dans un contexte familiale plus que malsain, et qui se prétend reine des chats de gouttière. On est vraiment dans une veine fantastique à l'état pur, et étrangement l'horreur ne se trouve pas dans l'élément fantastique (plutôt source de consolation) mais dans la dure réalité de la vie.

Finis est une variation intéressante sur le mythe du vampire. Comme si sous son identité de Megan Lindholm, l'auteure n'aime rien de mieux que de prendre à contre-pied les clichés en écrivant ces histoires souvent touchantes, pleines de surprises et de mystères.

La boite à rythme nous ramène dans le domaine de la SF dans un monde où les bébés sont conçus sur catalogue (avec droit à la procréation et choix du modèle le plus adapté selon la mentalité des parents), et où un employé chargé de vendre le meilleur modèle aux parents potentiels se retrouve confronté à une ancienne connaissance. C'est un texte glaçant, une fois encore, et dont la conclusion m'a tourné un moment dans la tête quand je l'ai eu terminé.

Le recueil enchaîne ensuite sur deux nouvelles écrites sous le pseudonyme de Robin Hobb, et qui se déroulent donc sans surprise dans l'univers de l'Assassin royal.

L'héritage se déroule du côté de Terrilville, avec une jeune fille qui à la mort de sa grand-mère hérite d'un pendentif en bois sorcier qui va l'aider à retrouver son héritage, tout en racontant le tragique récit de la vie de son aïeule.

Viande pour chat est un texte légèrement perturbant mettant en scène une femme abandonnée par le père de son enfant, qui le voit revenir quelques années plus tard et ne sait comment s'en débarrasser. Fort heureusement, il y a un chat !

Ces deux textes sont très agréables à lire (je ne sais pas Robin Hobb est capable d'écrire quelque chose qui soit désagréable à lire) et on replonge avec plaisir dans l'univers des Six-Duchés, mais comparés aux textes signés Megan Lindholm, je les ai trouvé un peu faibles.

Ce recueil m'a d'ailleurs fait prendre conscience du fossé qu'il existait entre ses deux noms de plume. Megan Lindholm opère principalement dans un univers fantastique/fantasy urbaine, éventuellement mâtiné de SF (ça me fait un peu pensant aux univers de Lisa Tuttle mais en bien moins horrifiant tout de même). Il y a une vraie originalité dans ses textes, et un grand investissement personnel (qu'il est difficile d'ignorer). Pour moi c'est vraiment le versant le plus intéressant de son écriture, et c'est fort dommage qu'elle n'exploite plus cette veine (même si les raisons me semblent évidentes).

Robin Hobb, à côté, écrit de la très bonne fantasy, toujours plaisante à lire, mais on dirait qu'elle se bride elle-même dans cet univers, pour ne pas trop perturber le lecteur qui a juste envie de rêver dans son univers médiévalisant bien maîtrisé. J'aime aussi lire ce genre d'histoire qui offre d'agréables moments d'évasion, mais je les trouve moins enrichissantes, moins marquantes.

En tout cas, ce recueil est un réel plaisir à lire. C'est l'occasion unique de découvrir ce dont est capable l'auteure en dehors de grandes sagas de fantasy, et certains textes sont de pures merveilles. Vivement recommandé, que vous aimiez ou non Robin Hobb !


CITRIQ

lundi 10 juin 2013

La Terre mourante : Intégrale 1 - Jack Vance


Lecture du mois de mai du Cercle d'Atuan, ce qui était à l'origine une mise en bouche pour se familiariser avec l'univers l'anthologie Chansons de la Terre Mourante a pris un curieux tournant vers l'hommage avec le décès de l'auteur à la fin du mois dernier.

Je connaissais Jack Vance par son cycle de Lyonesse (étrange et très beau cycle de fantasy qui réutilise à sa sauce bon nombre de mythes arthuriens et associés), mais je n'avais jamais réussi à approcher ses œuvres les plus connues. Il était donc temps de s'y mettre !

La Terre mourante, une de ses œuvres les plus connues, est un cycle de fantasy post-apocalyptique se déroulant sur une Terre éclairée par un soleil mourant, où l'homme est revenu à un mode de vie souvent rudimentaire, pimenté par l'utilisation de la magie. Le cycle se compose d'un recueil de nouvelles et de trois romans.

La première intégrale, dont je vais vous parler ici, se compose donc d'un recueil de nouvelles, Un monde magique, écrit dans les années 50 et d'un roman, Cugel l'astucieux, datant lui de 1966.

Un monde magique


Le voyage en Terre mourante commence donc par un recueil de six nouvelles (voilà qui va faire plaisir à Lune). En théorie indépendantes, elles sont néanmoins pour la plupart d'entre elles liées par leurs protagonistes qui commencent souvent comme personnage secondaire pour devenir héros de la nouvelle suivante (ou le contraire).

Ce sont des textes assez datés, assez typiques il me semble de leur époque d'écriture, avec ces héros qui partent en quête dans un univers complètement dément et baroque où l'imagination de l'auteur ne connaît nulle limite (c'est bien plus proche d'un Howard ou d'un Leiber que d'un Tolkien).

Le côté « Terre mourante » semble assez peu exploité au début, mais les deux dernières nouvelles (Ulan Dhor et Guyal de Sfere) sont bien plus intéressantes, intégrant des restes de technologie ancienne futuriste (non ce n'est absolument pas contradictoire dans un tel contexte).

D'habitude j'aime bien ce genre de texte mais j'avoue sur le coup avoir eu du mal à me passionner pour ces textes qui ont vieilli par bien des aspects. Cependant je relèverais quand même deux éléments que j'ai apprécié (et qu'on retrouve ensuite dans Cugel l'astucieux) : d'une part le souffle épique qui porte vraiment certaines histoires où le héros se lance dans une quête qui l'emmène à travers le pays (notamment Guyal de Sfere), et l'humour qui pointe son nez (souvent au dépend des héros, à ce titre j'ai aussi beaucoup aimé Liane le voyageur qui finit par un joli pied de nez au héros).

Ceci dit je n'ai gardé que peu de souvenirs de ce texte, du coup je ne le recommanderais pas forcément à la lecture. La suite, par contre, est bien plus intéressante !

Cugel l'astucieux

 

Après le recueil de nouvelles, passons à un roman qui met en scène un des héros le plus connu de Jack Vance, Cugel l'astucieux. Et on comprend très vite d'où lui vient sa célébrité. A sa manière il est assez inoubliable.

Cugel n'est rien d'autre qu'une raclure, un odieux voyou qui n'aime rien de mieux que de rouler les gens dans la farine et saute sur la moindre occasion de s'approprier le bien d'autrui. Cependant, pris en flagrant délit de cambriolage par un magicien, il se retrouve envoyé à l'autre bout de la Terre pour récupérer un objet magique, et pas moyen d’échapper à la sentence. Le voilà donc en route pour de rocambolesques aventures pour trouver l'objet et ensuite le rapporter au magicien.

J'ai eu un peu de mal à rentrer dans le roman au début, Cugel étant un personnage qu'il est difficile d'apprécier tant son comportement est odieux (sa façon de traiter la gente féminine n'aide pas particulièrement d'ailleurs).

Mais au fur et à mesure, j'ai commencé à vraiment apprécié ses pérégrinations. Il faut dire que l'auteur déploie toute son imagination pour inventer des personnages et des lieux hauts en couleur. Petit à petit on apprécie la richesse et la immensité de cette Terre mourante.

Par ailleurs, je n'irais pas jusqu'à dire que je suis tombée sous le charme de Cugel, mais il est difficile de ne pas être fasciné par cet anti-héros qui n'est jamais à court d'idées pour se sortir des pires situations. Il n'aura aucun scrupule à semer la zizanie dans un village, à réveiller un démon ou à sacrifier quarante personnes pour assurer sa propre survie. Et ne parlons même pas de son talent pour se défaire des malédictions.

Cependant ses combines se retournent souvent contre lui, et si on sourit souvent à la lecture de ses mauvais tours, on rit également beaucoup quand on voit comment tout cela lui retombe dessus non sans ironie (jusqu'à la conclusion, véritable apogée dans le domaine).

J'ai beaucoup aimé toutes ces pointes d'humour discrètes dans les aventures de Cugel et dans les contrées qu'il traverse (notamment les villages de moches gentils et de beaux méchants). Jack Vance se joue des personnages et de son univers pour mieux nous amuser, et c'est très agréable. Il me semble avoir déjà rencontré cela dans le cycle de Lyonesse, notamment dans La perle verte.

Du coup même si le texte a pris un petit coup de vieux, j'ai bien apprécié cette première partie des aventures de Cugel, et je compte bien poursuivre ma lecture avec l'intégrale 2 de la Terre mourante !

Avis des autres Atuaniens : Euphemia, Jae_Lou, Julien, Lorhkan


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