jeudi 16 mai 2013

Les ballons dirigeables rêvent-ils de poupées gonflables ? - Karim Berrouka


Ce qu’il y a de bien avec les concours (comme ceux du JLNN), c’est qu’on gagne des livres vers lesquels on ne serait pas allé forcément. Enfin à vrai dire le graphisme de la couverture m’avait tapé dans l’oeil, mais comme j'ai un budget livres assez réduit ces temps-ci, j'hésitais à me laisser tenter, ne connaissant rien de l'auteur.

Ca m'a donc bien fait plaisir de le recevoir gratuitement (que voulez vous je suis bassement matérialiste), et encore plus lorsque cette lecture s'est révélée être une excellente surprise !

Je ne connaissais pour ainsi dire rien à l’œuvre de Karim Berrouka (enfin je l’ai peut-être croisé dans les recueils de l’Oxymore, et j'avais bien apprécié son texte dans l'anthologie Super-héros !), mais j’ai été ravie de découvrir son style… ou plutôt ses multiples styles, l’auteur passant allègrement d'un registre à l'autre, du drame à l’humour, comme vous allez vous en rendre compte en lisant le menu :

L’Histoire commence à Falloujah est un joli texte plutôt sombre, racontant une rencontre entre un djinn et une femme, qui mêle avec brio mythologie arabe et histoire contemporaine. Il a un charme certain, mais l’ayant lu alors que deux personnes s’engueulaient dans le métro, j’ai eu un peu de mal à rentrer dedans (merci bien les râleurs du matin !).

Concerto pour une résurrection s’inscrit dans une autre veine, un récit fantastique complètement barré où le héros ne cesse de rencontrer des musiciens morts dans le métro. Ce texte qui part dans tous les sens m'a beaucoup marqué, c’est absolument délicieux ! (et pour le coup ça m’a fait oublier la mauvaise ambiance dans le métro le matin !)

Elle est une enquête sur une série meurtre menée par deux policiers et ce qui pourrait être un Sherlock Holmes vieillissant. Elle a la particularité d’être découpée en « volets », comme autant de points de vue. Je ne suis pas sûre d’avoir tout compris (quelle idée aussi de lire ça dans le métro en rentrant du boulot, comment ça ma chronique se transforme en récit ferroviaire ?), mais le mode de narration est fort chouette.

Éclairage sur un mythe urbain : la Dame Blanche dans toute sa confondante réalité est une variation sur le mythe de la Dame blanche, avec beaucoup d’humour, et là encore un côté complètement barré. Un vrai régal ! (et aucun commentaire sur le métro, vous voyez que je fais des efforts)

Dans la terre revient à un ton plus sérieux (c’est en rédigeant ma chronique que je me rends compte que l’anthologie alterne sérieux/humour en fait !), avec un univers post-apocalyptique. Je n’en dis pas plus pour vous laisser la surprise de la découverte, mais c’est un très beau texte.

Avec Jack et l’homme au chapeau, on revient sur de l’humour, avec un remake bien fumeux de Jack et le haricot magique. Une fois de plus c’est un texte complètement délirant (et hilarant, accessoirement) qui démonte habilement les contes de fées et leurs mécaniques.

Le Siècle des lumières… ma foi je préfère vous laisser découvrir cette histoire se déroulant dans un siècle des lumières quelque peu uchronique (et féérique). Encore une fois, c’est un très joli texte (pas vraiment joyeux, mais pas dénué d'espoir) qui m'a beaucoup plu.

On enchaine ensuite sur De l’art de l’investigation, une enquête parodique où un détective est chargé de retrouver les trésors de trois frères nains. Aucun cliché n’est épargné dans cette histoire, pour le meilleur et pour le pire (mais surtout pour le meilleur !).

Enfin, le recueil se termine sur Le Cirque des ombres, un texte fantastique plus sombre, étrange et onirique, avec une très belle atmosphère.

Instinctivement, j’ai plus accroché aux textes à tendance humoristique (j’avais sans doute besoin de rire quand j’ai lu ce recueil), mais j’ai bien apprécié les autres (surtout Dans la terre et Le siècle des lumières), ce qui explique que j’ai dévoré l’ensemble en deux jours à peine. Les ballons dirigeables… est vraiment un chouette recueil qui donne un aperçu de toute la palette de l’artiste (pleine de coloris différents, du coup on peut le lire d'une traite sans impression de répétition -le point faible de certains recueils-).

A noter qu’en guise de conclusion, on a le droit à une interview complètement barrée où Karim Berrouka parle beaucoup pour ne rien dire (de vrai). Un véritable délice à lire, qui permet de conclure avec beaucoup d'humour ce très bon recueil !


CITRIQ

5 commentaires:

Lune a dit…

tant de choses sur la PAL... Si peu de temps !! Raaaa

Oliv a dit…

Comment? Il existe encore des gens, pourtant biens sous tous rapports, qui ne connaissent pas Karim Berrouka?

Je sais que tu apprécies grandement Timothée Rey, et pour moi il est du même acabit: ce sont à mon sens deux des auteurs de SFFF francophones actuels les plus intéressants, dans la catégorie "nouvelliste" (et je ne dis pas cela uniquement parce qu'ils ont tous deux, jadis, eu le bon goût de sélectionner l'un de mes textes dans des anthologies qu'ils dirigeaient).

Bref, je te remercie de me rappeler l'existence de ce recueil, que je n'ai pas encore eu l'occasion de me procurer... Sans doute aux Futuriales d'Aulnay, puisqu'il semble que monsieur KB y sera...

Vert a dit…

@Lune
J'espère que tu trouveras le temps pour lire celui-là ^^

@Oliv
Maintenant je le connais, je m'améliore, et en plus mon ignorance sert à quelque chose, te signaler ce recueil !
(et je te remercie de me signaler qu'il faut que j'aille faire un tour aux Futuriales ^^)

Tigger Lilly a dit…

Il vient de se faire une petite place dans ma wishlist :D

Vert a dit…

@Tigger Lilly
Je prends note de te harceler pour qu'il arrive assez vite en tête :D