dimanche 12 mai 2013

Doctor Who 7x12 - Nightmare in Silver


Doctor Who ! Neil Gaiman ! Des Cybermen ! Hiiiiiiiiiiiiiii !

Avec un tel programme, difficile de ne pas attendre l’épisode au tournant, surtout après un chef d’œuvre comme The Doctor’s Wife. Et ce n’est guère surprenant que Nightmare in Silver ne fasse pas aussi bien.

Cependant, ça reste un épisode signé Neil Gaiman, c’est dire une histoire dense, intelligente, parfois flippante, avec des personnages secondaires bien campés, des fils d’intrigues intéressants, et des Cybermen au sommet de leur forme (chose qu’on n’avait pas vu depuis longtemps). Autant dire que cet épisode n’a aucun mal à se classer parmi les meilleurs de la saison.


Nous voilà donc sur Hedgewick's World of Wonders, un parc d’attractions à l’échelle d’une planète. Quel meilleur endroit pour une balade avec des enfants après tout ? Ca le serait si le Doctor n’avait pas un aussi mauvais sens du timing, les amenant après la fermeture du parc.


On y trouve le propriétaire, un certain Webley (qui était accessoirement un très méchant vampire dans Being Human, ça m’a bien fait plaisir de retrouver cet acteur !), qui règne sur les lieux complètement abandonnés, à l’exception d’un bataillon de l’armée impériale, là pour garder les lieux.


Webley les emmène dans son antre, une galerie de monstres et merveilles typiques d’une fête foraine, du Neil Gaiman pur jus (ça m’a rappelé Mr. Punch tout du long), avec comme pièce maitresse, un Cyberman qui joue aux échecs :


C’est à peu près à ce moment que le spectateur se dit que tout cela sent vraiment mauvais et que ça va chauffer pour tout le monde. J’aime bien la façon dont Gaiman joue dessus, je pense que paradoxalement pendant les premiers temps de l’épisode, ce sont les spectateurs qui sont angoissés, pas les héros (à l’exception du Doctor qui est le seul à avoir conscience du danger).


Et voilà le dernier membre de l’équipe, Porridge !

J’ai beaucoup le personnage dès le début. La façon dont il amène les informations historiques sur l’univers, petit à petit, ses petites remarques, le très bon duo qu’il forme avec Clara. Un très bon personnage, j’espère qu’on le reverra !

Je l’avoue par contre, je n’ai absolument pas calculé son secret (alors qu’il y a des allusions grosses comme des montagnes tout au long de l’épisode). A ma décharge, j'ai tendance à voir R2D2 quand je vois Warwick Davis (alors qu'il était joué par Kenny Baker mais passons), et à le voir sortir de sous un cyberman, j’avais l’impression que R2 avait tiré sa révérence auprès des Skywalker pour aller vivre sa propre vie !
 

« Don't wander off. »
Et parce qu’il y a du danger, le Doctor met les deux enfants au lit pour partir mener l’enquête tranquillement. Là encore on a un moment qui fait très Gaiman, avec ces deux enfants abandonnés dans cette galerie des horreurs, pour y faire la sieste. Quel bel endroit pour dormir !

C’est délicieux mais ça ne semble ni sûr, ni logique (je pense quand même que le TARDIS aurait été un meilleur choix). C’est le point faible de cet épisode, certains personnages sont là pour permettre à l’intrigue d’avancer, mais ça ne semble pas naturel.

Ainsi les deux enfants et ce cher Webley font vraiment figure d’objets, d’éléments là pour faire bouger les choses (sans vraiment impacter sur l’histoire), qui en eux-mêmes ont assez peu d’intérêt. Normal, ils sont très vite « convertis », mais c’est bien là le problème, ils sont juste là pour être convertis et attirer le Doctor.

C’est dommage pour Webley qui me plaisait beaucoup comme personnage et qui passe très vite à la trappe. Pour les enfants, Angie est assez exaspérante dans la veine ado rebelle (donc on ne la regrette pas trop) et Artie n’aura jamais vraiment l’occasion de briller pour qu’on se fasse un avis sur lui donc… voilà, c’est mon gros regret pour cet épisode, d’avoir « raté » ces trois personnages, quand le reste est si excellent.

 


- Look up there - that corner of the sky. What do you see ?
- Nothing. It's just black. No stars, no nothing.
- Used to be the Tiberion Spiral Galaxy. A million star systems. A hundred million worlds. A billion trillion people. It's not there any more. No more Tiberion galaxy. No more Cybermen. It was effective.
- It's horrible.
- Yeah. I feel like a monster sometimes.
- Why ?
- Because instead of mourning a billion trillion dead people, I just feel sorry for the poor blighter who had to press the button and blow it all up.
Parce qu’il y a la réintroduction des Cybermen, en laissant de côté toute l’histoire de l’univers parallèle développée dans les saisons précédentes pour revenir aux sources. C’est un formidable travail de dépoussiérage et de remise à niveau, avec des Cybermen qui n’ont jamais été aussi flippants.

Ils sont forts, ils sont rapides, et ils évoluent si rapidement qu’on en arrive à détruire des galaxies pour se débarrasser d’eux. D’ailleurs la règle est simple, si on n’arrive pas à détruire UN Cyberman, on fait immédiatement exploser la planète.

J’ai trouvé sur Internet une comparaison à l’épisode Dalek, et c’est tout à fait approprié. Avec quelques cybermites qui mettent tout en branle, on prend soudainement conscience du danger que peut représenter un seul de ces monstres (et puis la main qui se détache, la tête qui se retourne… brrr).

« Clara, stay alive until I get back, and don't let anyone blow up this planet. »
D’ailleurs les Cybermen ne perdent pas de temps, enlèvent les deux enfants, et c’est branle-bas de combat du côté du bataillon (qui s’avère être un commando de bras cassés plus qu’autre chose). Le Doctor met Clara aux manettes, et part enquêter tout seul.


Clara prend donc la direction des opérations (avec talent, il faut le reconnaitre) et tout ce petit monde se réfugie dans un château d’opérette. C’est assez délicieux de jouer sur les ambiances de parc d’attraction, avec ce stupide château fort médiéval dans lequel on va s’affronter avec des armes high tech. Pendant que de son côté, le Doctor arrive très vite au terme de son enquête :

« Hail to you, the Doctor, saviour of the Cybermen ! »
Oui c’est la thématique de la saison, après avoir sauvé les Daleks dans le tout premier épisode, le voilà désormais responsable du sauvetage de ses autres grands ennemis. Ah cruelle ironie du sort…


Et le voilà très vite converti en cyberplanner, parce que son cerveau est bien plus alléchant que celui de deux enfants. Tu m’étonnes.

J’étais un peu mitigée sur l’idée, j’avoue que le « je joue deux personnes façon Gollum » est un procédé que je trouve très usé à l’écran. Ceci dit Neil Gaiman orchestre ça avec une réelle virtuosité, et au final ce conflit intérieur est le nerf de l’épisode, l’élément inoubliable, de même que l’était la rencontre entre le Doctor et le TARDIS dans The Doctor’s Wife.

C’est perturbant au début, parce que les Cybermen sont des êtres froids, logiques, dénués de sentiments. C’est donc assez surprenant de voir ce Cyber-Doctor courir dans tous les sens et délirer comme tout bon Time Lord qui se respecte au lieu de débiter du « delete » sur un ton monocorde.

Sauf que c’est un choix ô combien judicieux, car en prenant le contrôle du cerveau du Doctor, le Cyberplanner s’imprègne de sa personnalité. Et ce qu’il devient finalement, c’est un Doctor dénué de toute émotion, très proche d’un Master par exemple.

Voilà la leçon de cet épisode : aussi manipulateur et sombre que soit le Doctor, c’est un « gentil ». Et on n’aimerait vraiment pas l’avoir comme ennemi. Je pense que même les Daleks prendraient la fuite face à Mr. Clever !


J’ai beaucoup aimé les petites confrontations en interne entre le Doctor et Mr. Clever. C’est très joli et bien pensé. Si vous regardez bien, la partie « Doctor » est tout en cercles et en tons chauds, avec des écritures en gallyfreyien, tandis que la partie « Cyberplanner » (non visible ici) est bleu glacial, avec cette toile ultra géométrique qui semble être le « réseau » cyberman.

Et comme aucun des deux n’arrivent à dominer l’autre, ils décident donc de se départager en jouant aux échecs. Solution en apparence très simpliste, mais comme souvent chez Gaiman, cachant une grande complexité.


Clairement, le jeu d’échecs se déroule à plusieurs niveaux : dans le corps du Doctor (chacun tentant de prendre le contrôle d'une main ou de la bouche), sur le plateau de jeu bien sûr, mais aussi à l’échelle du parc d’attraction, qui est comme un gigantesque plateau de jeu où chacun déplace ses pions. Ça n’a rien d’anodin que le Doctor en arrive à un moment à sacrifier sa reine, juste au moment où Clara se retrouve dans la mouise. Et ne parlons même pas de la présence d’un roi dans le jeu.

Par ailleurs Doctor a parfaitement conscience que même s’il gagne, le Cyberplanner ne le laissera pas partir. A la place il gagne du temps, attend les opportunités, cherche à retrouver Clara et à libérer les enfants. Et surtout, il occupe le Cyberplanner (qui lui aimerait bien le briser, l’écraser complètement… y’a un petit côté Time Lord victorious dans la manière de crâner de ce cyberman).

Bref c’est un jeu de dupes et de manipulations, plus impressionnant qu’un duel au sabrolaser !


Le Doctor fait d’ailleurs un beau coup en faisant usage de son ticket doré (Charlie et la Chocolaterie !) pour rejoindre Clara et lui ramener ses protégés (légèrement déconnectés) avant de reprendre sa partie.
« Well, in other good news, there are a few more repaired and reactivated Cybermen on the way. And the Cyber-Planner's installing a patch for the gold thing. No, wait, that isn't not good news, is it ? Um, so... Good news - I have a very good chance of winning my chess match. »
J’aime d’ailleurs beaucoup les échanges entre Clara, le Cyberplanner et le Doctor, flippants et drôles à la fois, avec l’affreuse tentative de flirt et les baffes. Et n’oublions pas en passant la petite allusion obligatoire au mystère de Clara :
- Why am I the impossible girl ?
- It's a thing in my head. I'll explain later.
(« I'll explain later », le grand classique de Doctor Who, j’espère bien que « later » veut dire « au prochain épisode » cette fois-ci !)

- What's that cable ?
- Power line for the park.
- What'd happen if we dropped the end into the moat and turned it on ?
- Fry anything that entered the water.
Clara prend une sacré assurance en menant sa petite armée au combat et en tentant envers et contre tout d’obtenir la victoire. Bon ok, ça marche à peu près dix secondes, mais pour la belle tentative, elle mérite une mention honorable !


Elle déconne juste un peu avec le remote control. Certes elle ne se laisse pas avoir par le Cyberplanner, mais aller lui agiter sous le nez alors qu’il a les mains libres… ça passe juste parce que ça rend les choses plus dramatiques !
- How did you know that was him ?!
- Because even if that WAS true - which it's obviously not - I know you that you would rather die than say it. Finish your stupid game !
Et en route pour l’assaut final, sur le plateau comme dans le château. J’aime beaucoup la façon dont la partie se conclut d’ailleurs :
« Now, you can take my bishop and keep limping on for a little longer. Or you can sacrifice your queen, and get the children back, but it's mate in five moves. »
Le Cyberplanner qui joue sur les émotions du Doctor pour le déstabiliser, et le Doctor qui joue le jeu pour le déstabiliser, lui…
- Your move. But before you take it, just so you know, sacrificing my queen was the best possible move I could have made. The Time Lords invented chess. It's our game. And if you don't avoid MY trap, it gives ME mate in three moves.
- How ?
[…]
- You figure it out ! Or don't you have the processing power ? Hmm ?
… Et se libérer de son contrôle. Echec et mat !


Et j’adore la coiffure qui en résulte !
- Just taking advantage of the local resources. Ah, hello. Can someone untie me, please ?
- Do you think I'm pretty ?
- No! You're too short and bossy, and your nose is all funny.
- Good enough.
Le Doctor est bien revenu lui-même, et c’est le moment pour Porridge de sortir de l’ombre. Le voilà donc qui reprend son manteau d’empereur, ce qui permet de faire exploser la planète et d’évacuer les survivants. Tout le monde s’en sort vivant (enfin au moins les plus chanceux).


Clara prend ensuite le temps de refuser une demande en mariage de l’Empereur (il me manquera, très beau personnage celui-là !), et tout le monde reprend le chemin de la maison. Les gamins sont contents visiblement, et Clara ne relève pas l’histoire de la « fille impossible ». En même temps, comme ça va clairement être un des nœuds du dernier épisode, ce n’était pas la peine d’en rajouter une couche.


Et voilà donc pour ce deuxième épisode signé Neil Gaiman. Nightmare in Silver n’est pas parfait, et n’égale pas The Doctor’s Wife (mais difficile d’égaler un tel épisode), mais ça reste quand même un superbe épisode, clairement un des meilleurs de la saison.

J’ai apprécié sa richesse, et j’espère bien que les nouvelles bases posées pour les Cybermen serviront à d’autres histoires. Ajoutez à ça une belle ambiance visuelle et des seconds rôles bien léchés (si on oublie les deux gosses), avec une mention spéciale à Warwick Davis vraiment épatant…

Bref, c’est un épisode de Doctor Who qui remplit bien son cahier des charges (le dépasse même). Neil Gaiman peut donc continuer à écrire pour la série, si à chaque fois il nous sort quelque chose de ce niveau, je ne cracherai pas dessus, bien au contraire !

Samedi prochain, c’est le grand final de la saison, et à en juger par la prequel, et le trailer, je sens que ça va faire remuer nos méninges. J’ai hâte !

6 commentaires:

Grishka a dit…

Hello ! Je suis globalement d'accord avec tout, mais je peux pas te laisser dire que Wawick Davis = R2-D2. ce type c'est Willow, le Leprechaun, un Ewok, Filius Flitwick... Mais absolument pas R2-D2 (qui était plutôt Kenny Baker).

Sinon, j'ai bien aimé comme Doctor annonce sa victoire en 3 coup après avoir sacrifié la reine, juste pour pousser le Cyberplanner à douter et à figer l'armée pour ses calculs. Pure technique d'échec :-)

A noter que l'épisode est une mine de référence : l'attraction imitation lune, alors qu'un épisode de l'ancienne série parlant du retour des Cybermen après leurs exctinction avec une base sur la lune (ep "The Moonbase", incomplet).
Le Cyberplanner est déjà apparu également.
Le Doctor bat un ennemi en gagnant aux échecs dans une précédentes histoire ("The Curse of Fenric" après recherche).

Quoi qu'il en soit, en un mot : vivement la suite ! 7 jours, ça va être long :-)

Vert a dit…

Je sais pour Kenny Baker, j'ai réalisé là en plein milieu de la nuit mais comme j'allais pas me lever et rallumer le PC pour corriger ça... je me suis dit que personne ne le lirais d'ici le matin, mais y'a fallu que tu ramènes ta fraise, tss :P
(enfin bref c'est corrigé... enfin plus ou moins xD)

JainaXF a dit…

J'ai bien aimé l'épisode, mais je ne suis pas aussi emballée que toi (pour changer ! ;-) )...la faute à des facilités scénaristiques (les gamins directement dans le TARDIS, l'Empereur qui laisse les gens mourir alors qu'il aurait pu tous les sauver en 2 minutes) et à l'ado tête à claques insupportable, j'aurais presque voulu qu'elle meurt !
Mais il y a du rythme, un beau personnage d'empereur, Matt Smith qui joue bien ces 2 versions et Clara qui assure...Un bon épisode, mais Hide m'a plus embarqué malgré tout !

Et puis, après The Doctor's Wife, difficile de réitérer un tel chef-d’œuvre, on est forcément un peu désappointé !

Vert a dit…

En même temps c'est un épisode de Neil Gaiman, il aurait fallu qu'il soit vraiment mauvais pour que je ne saute pas dans tous les sens ^^

Ceci dit moi aussi je trouvais des facilités à l'intrigue, et il semblerait que ce soit le fait de coupes dans le scénario (notamment toute l'introduction des gamins et comment ils en arrivent à voyager dans le TARDIS). Du coup ça me console, c'est pas de la faute de Neil :D
(et apparemment il a fourni les dites scènes pour le Brilliant Book de l'année, donc on aura ptêtre une occasion de les découvrir)

Marion a dit…

Je vois même pas ce que je peux rajouter de plus à ton article :D

Alors, bon, voilà, je suis passée par là, juste pour que tu saches.

Tu me fais le coup à chaque fois avec les articles sur DW, tu détailles trop, j'ai rien d'autre à dire.

Vert a dit…

@Olya
Je suis désolée, la prochaine fois je mettrais juste un résumé en 3 lignes et tu t'occuperas de tout le reste :D