mardi 19 février 2013

Goliath (Léviathan 3) - Scott Westerfeld


Cela faisait presque un an que j’avais laissé de côté la trilogie steampunk de Scott Westerfeld, jusqu’à que l’occasion faisant le larron et profitant du Winter Time Travel, nous reprenions la lecture commune (légèrement au long cours) que nous avions commencé sur le Cercle d’Atuan.

Il y a donc eu Léviathan, puis Béhémoth, à la fin duquel nous avons laissé Alek et Deryn, de retour à bord du Léviathan après avoir grandement participé à une révolution à Istanbul. Vers quelles aventures vont-ils se diriger maintenant ? Alek finira-t-il par découvrir le secret de Deryn ? C’est ce que l’on va découvrir dans le troisième volume, Goliath. Et nous voilà donc en route pour la Russie.

Au programme, il y a aura quelques scènes aériennes bluffantes, l’arrivée d’un savant qui pourrait bien changer le cours de la guerre, et vous vous en doutez, une sacrée révélation pour Alek. D’habitude, je m’efforce de rédiger ma chronique sans y glisser des spoilers, mais dans le cas présent, cela me semble difficile de tourner sans cesse autour du pot, donc soyez avertis, il y a des spoilers !

L’intrigue démarre sur les chapeaux de roues, et au début, j’ai littéralement avalé les pages, avec un bel enthousiasme. On retrouvait vraiment toutes les qualités de la série : un univers truffé d’inventions fascinantes (toujours superbement mises en image par Keith Thompson), du spectaculaire (le ravitaillement par les ours), et bien sûr l’éternelle problématique de « Alek découvrira-t-il que Deryn est une fille » ?

J’ai beaucoup pensé à la série Merlin en lisant ce dernier tome, car on se rend vite compte que le nerf de l’histoire n’est finalement pas dans l’uchronie ou dans l’univers steampunk, mais dans la relation entre les deux héros, et ce qu’il pourrait se passer si la vérité était dévoilée. Et un peu comme pour Merlin, THE révélation n’est pas forcément à la hauteur de nos attentes, parce qu’à force de nous faire poireauter, nos espérances sont grandes.

Quoique pour Merlin ce n’est pas vraiment que la révélation soit une réelle déception, c’est jusque j’aurais préféré qu’ils osent l’inclure bien plus tôt dans la série, mais je m’égare. Le problème de Goliath, ce n’est pas que la révélation arrive trop tard (bien au contraire, elle intervient dans le premier tiers du roman), c’est juste qu’elle prend ensuite complètement le pas sur le reste.

Les deux premiers tomes (et surtout Béhémoth) avaient une réelle intrigue (qui mettait habilement en lumière les jeux politiques complexes de 1914) en dehors de la relation Alek/Deryn, et c’est ce qui les rendaient intéressants. Là l’auteur semble avoir complètement oublié cela, et l’épopée du Léviathan ressemble plus à un voyage d’agrément avec quelques escales touristiques qu’autre chose.

Et pourtant, il y avait du potentiel avec la présence de Nikola Tesla, savant (fou) inventeur d’une arme capable de détruire des villes entières, ce qui permettrait de mettre fin à la guerre (très jolie réécriture de l’histoire de l’arme atomique), couplée à la mystérieuse histoire de la Toungouska.

Il y avait aussi des choses prometteuses dans ce passage aux Etats-Unis, mystérieux pays à la fois darwiniste et clanker. Mais au final, l’auteur développe très peu son propos, accumulant les clins d’œil historiques (les magnats du journalisme, Pulitzer et Hearst, qui se font la guerre, les débuts du cinéma, la révolution mexicaine…) sans vraiment développer son propos, ou que cela soit utile à l’intrigue, ce qui est frustrant.

Il en est d’ailleurs de même pour l’histoire de l’arme de Tesla, qui devrait être le pilier central du roman, et pour laquelle la conclusion est pour le moins… expéditive et finalement terriblement terre à terre pour un univers comprenant tellement d’inventions fantastiques.

A côté ça, pour ceux qui comme moi étaient en train de devenir de fervents shippers de la relation Deryn/Alek, on en a pour son argent… sauf que cela va bien trop vite, et prend bien trop d'importance.

Il y a la révélation (plutôt bien amenée, je le reconnais, ça m’a bien fait rire que Deryn colle un pain à Alek), quelques beaux passages qui suivent, mais ensuite tout va bien trop vite. Certes, Deryn était déjà amoureuse d’Alek, mais pour autant que je sache, l’inverse n’était pas forcément vrai, et de le voir en 300 pages accepter que c’est une fille et tomber fou amoureux d’elle au point de tout jeter aux orties pour vivre avec elle…

C’est d’autant plus frustrant qu’il en est de même pour l’intrigue générale, où l’on règle la conclusion de la guerre en quatrième vitesse, et que pas mal de choses passent carrément au second plan : le Dr. Barlow a un rôle plus que mineur (et j’étais assez déçue qu’elle soit surprise par le secret de Deryn d’ailleurs), et les loris n’ont finalement que peu d’importance (à part pour pointer du doigt des vérités qui échappent à tout le monde).

En fait on dirait que l’auteur s’est forcé à boucler l’intrigue au plus vite, ce qui est un peu dommage à mon goût. Ce n’est pas vraiment mon genre de demander du rab (je déteste les séries qui n’en finissent jamais), mais je pense que Léviathan aurait bénéficié d’un quatrième tome, qui aurait permis de mieux développer l’intrigue historique (autour de l’entrée en guerre en avance des Etats-Unis, et la victoire rapide qu'elle promet). Ou bien il y aurait fallu moins insister sur l’histoire de Deryn et d’Alek (qui n’était pas obligée de se terminer comme n’importe quel film hollywoodien).

Enfin je devrais y être habituée, je suis toujours déçue par les fins de Scott Westerfeld. C’est un peu dommage, et j’espère qu’un jour il arrivera à faire des fins formidables, car c’est tout de même un très bon auteur.

Parce que je râle certes beaucoup sur ce dernier tome, mais Léviathan reste tout de même une très bonne série jeunesse. L’univers foisonne d’inventions merveilleuses, l’écriture est prenante, visuellement ça a du panache (que ce soit dans le texte, ou par les superbes illustrations) et, chose importante, c’est un texte intelligent.

Même si la conclusion me déçoit un peu, la façon dont il met en perspective la première guerre mondiale est intéressante (encore plus pour un jeune public je pense), d’autant plus qu’il resitue les éléments dans son contexte dans sa postface.

Bref ça restera globalement un bon souvenir de lecture, si on oublie la fin. A noter qu’en VO, il existe un quatrième tome bonus, The Manual of Aeronautics: An Illustrated Guide to the Leviathan Series, qui m’a tout l’air d’un ouvrage abondamment illustré absolument sublime. J’espère qu’ils le traduiront, sinon, je me laisserais sûrement tentée par la VO.

Lecture commune avec Endea, Lhisbei, Shaya, Spocky et Yume


CITRIQ

6 commentaires:

Endea a dit…

Je passe en coup de vent, je suis en plein dedans, je lirai plus attentivement ensuite ^^

Vert a dit…

J'attends de voir tes réactions avec impatience ^^

Lhisbei a dit…

Bon je te rejoins à 200% sur ce coup là.

Vert a dit…

N'est-ce pas ^^

Endea a dit…

Bon eh bien mes réactions sont que .... j'ai été profondément déçue de ce tome ci, tout est parti sur une banale amourette entre deux adolescents mettant au rencart tout l'intérêt des deux premiers tomes.
Suis très très dépitée ...
Bon après il est vrai, et je ne l'ai pas souligné parce que j'ai écrit à chaud, que cette trilogie jeunesse est tout de même bien écrite. Il me faut faire comme toi, oublier la fin pour en garder quand même un bon souvenir ^^

Vert a dit…

Voilà, à froid on en garde pas un si mauvais souvenir ^^