dimanche 29 novembre 2009

L’imagination des (grands) enfants

Hier j’ai organisé un petit goûter chez moi, et ça a été l’occasion d’inaugurer un de mes cadeaux d’anniversaire (merci les cousins), à savoir une énorme boite de lego Harry Potter (il s’agit du château de Poudlard, tout simplement –de Poudlard ou Poudlard tout court d’ailleurs ?).

Cette boite a un énorme potentiel, avec ses différents personnages (même si le Harry Potter est manquant), ses briques bizarres et ses accessoires de folie (escalier en colimaçon, miroir de Risèd, portrait pivotant, livres, boule de cristal…).

Potentiel atteint, bien sûr, quand on la met à disposition des personnes les plus douées dans le domaine, à savoir les adultes, qui combinent une incroyable maitrise technique de la construction à une imagination plus que débordante.

Des fois je me demande pourquoi ils osent encore mettre 8-12 ans sur les boites de lego, il est évident que ceux qui s’amusent le plus ont au moins 20 ans, si ce n’est plus. Je vous ai parlé de ma maison avec ascenseur que j’avais réalisé en duplo avec (enfin plutôt pour) mon filleul ?

Bref, je ne suis pas sûre que les concepteurs de la boite de lego avaient prévu d’en arriver à ceci :



Aux dires de ses créateurs (moi j'étais surtout là en spectatrice), il s’agit d’un vaisseau spatial magique avec des propulseurs en forme de tête de lion, un superbe gouvernail, et des canons animaux (qui ont disparu dans la mouture finale, je crois). Il fonctionne avec un réacteur au naquadriadria (une forme encore plus instable et puissant du naquadah) et dispose d’un canot de sauvetage avec pilote automatique (qui pilote avec une souris), pouvant aussi servir de missile.

A l’intérieur, ses trois passagers (Ron, Hermione et Dumbledore) disposent d’un globe de télévision HD et d’un frigo, ainsi que d’une épée et d’un bouclier au cas où ils voudraient s’entretuer. Les trucs verts en dessous serviraient à planter des arbres, en tout cas l’hypothèse a été suggérée il me semble.

Drago Malfoy, qui était jaloux, s’est construit son propre engin plus adapté à son statut de génie du mal :



Celui-ci alimenté par Hagrid qui fait du vélo sous le trône (vous ne le verrez pas sur la photo, donc). Il dispose d’une porte des étoiles avec iris, et en face de son trône, Drago n’oublie jamais ses objectifs grâce à un tableau noir avec ses plans de conquête du monde, et une photo de son ennemi, Harry Potter.

Le professeur Rogue, lui, boude au fond de la boite. On lui fera sa fête une prochaine fois ! Lorsqu'on construira un château fort avec des lego Star Wars, par exemple !

vendredi 27 novembre 2009

Sur des mers plus ignorées – Tim Powers



(ce n'est pas le cas sur celle-ci, mais sur la couverture de mon édition, on y voit clairement une sorte de vaisseau spatial... j'avoue, je cherche toujours à comprendre...)

Tim Powers est vraiment un auteur à découvrir. Ce n’est pas vraiment le genre qu’on portera aux nues, en chantant les louanges de son écriture, le développement de ses personnages ou le caractère exceptionnel de ses romans qui en fait une sorte de référence ultime en terme de fantasy…

Non, rien de tout cela, Tim Powers écrit juste des histoires amusantes et divertissantes, et on n’en demande pas plus. C’état déjà l’idée que je m’en faisais sur Les Voies d’Anubis, Sur des mers plus ignorées le confirme.

Nous voilà donc embarqués en plein XVIIe siècle, à bord d’un navire à destination du Nouveau Monde. A son bord, John Chandagnac, héros de l’histoire, qui fait la connaissance de Beth Hurwood, une charmante jeune femme, juste avant une attaque de pirates… après quoi, les choses deviennent un peu plus compliquées pour tous les deux, avec des histoires de vaudou, de fontaine de jouvence, et j’en passe des meilleurs...

D’autant plus que l’intrigue étant tout l’intérêt de l’histoire, je ne vois pas l’intérêt d’aller plus avant dans les détails, contrairement à la 4e de couv. Cette folle histoire de 350 pages passe son temps à nous promener autour des Caraïbes avec des personnages qui ont tous leurs propres objectifs, des seconds rôles hauts en couleurs et des rebondissements à tous les chapitres. Autant dire qu’une fois rentré dans l’histoire, il est difficile de lâcher le morceau.

Bien sûr, le roman n’est pas parfait. Par exemple, le héros principal, Chandagnac, a très peu de personnalité et enchaine les retournements de situation à reculons, mais c’est parce qu’il sert avant tout d’ancre au lecteur, et de prétexte pour en voir de toutes les couleurs.

Ceci dit, ça ne l’empêche pas d’avoir un petit grain de folie à lui. Bon allez, je vous gâche la surprise, mais le sieur est marionnettiste, à la base. Reconnaissez que comme antécédent, ça vaut le détour.

Tout est comme ça dans ce roman : certes on trouve quantité de poncifs (y compris la fille qui est juste là  pour être sauvée), mais ils sont très bien utilisés, et il y a souvent un petit grain de sable qui surprend, un retournement imprévu ou un petit détail astucieux. En plus, le mélange des genres entre pirates et vaudou fonctionne à merveille, ce qui donne une très jolie patine à l’ensemble.

En soit, ce roman vaut le détour, et c’est assez intéressant de le lire en regard ce qu’il a inspiré.  à savoir les univers de Monkey Island et de Pirates des Caraibes. Ca m’étonne qu’il n’ait pas été réédité ou mis en avant en pleine folie de Pirates des Caraibes, parce que l’influence de ce livre sur le film est plus que perceptible (dans les ambiances pirates et les plans de dernière minute). Il était plus que temps qu’ils achètent officiellement les droits pour le 4e volet !

jeudi 26 novembre 2009

Twilight Chapitre 2 : Tentation – Chris Weitz



Et oui, comme la grippe, ça revient tous les hivers, ce phénomène Twilight, et avec quel plaisir. Non, je n’attends pas chaque film en trépignant comme une ado qui fantasme sur Robert Pattison (beurk !). Mais j’avoue garder un œil dessus, parce que, franchement, pourvu qu’on soit dans de bonnes dispositions, ce sont des films très drôles (à leur insu).

Tentation aka New Moon (ce qui colle bien mieux avec l’apparition du titre au début du film) est la suite de Twilight aka Fascination. On retrouve donc nos deux tourtereaux niais, Bella l’humaine et Edward le vampire, qui s’aimeeeeeeeuuuh beaucoup (passionnément, par contre, pas vraiment, évitez d’enchainer sur les Tudors après ce film, ça risque de vous choquer une telle débauche après autant de retenue).

Bella voudrait être vampire pour ne pas devenir vieille et mourir alors que son Eddie d’amour restera beau et vivra éternellement. Le Eddie d’amour, lui, n’a pas envie de damner éternellement sa Bellichou adorée. Quel cruel dilemme !

(J’espère que vous sentez bien à quel point je suis émue par une situation aussi tragique)

Et puis, en plus, d’un coup, Edward décide de quitter Bella parce qu’il ne supporte pas qu’elle soit en permanence en danger du fait de leur relation. Là, c’est le drame. Enfin personnellement je trouve que ne pas voir Robert Pattison pendant presque la moitié du film est un don du ciel, mais c’est une question de point de vue…

Donc, Edward disparait, Bella s’enfonce dans la dépression, et finit par retrouver un peu de joie de vivre grâce à son ami Jacob… avant de se reprendre le même refrain qu’avec Eddie, parce que Jake, lui aussi, est dangereux pour Bella… pas qu’il soit un vampire non, lui, c’est plutôt un problème de fourrure qu’il a.

(Après quoi on recommence dans le troisième tome, où Bella rencontrera un fantôme, et la tragédie sera qu’ils ne peuvent s’aimer parce qu’ils ne vivent pas sur le même plan d’existence… Après quoi on pourra décliner la formule avec un extraterrestre, un dragon, une licorne asthmatique, un homme marié, un incube convoqué par l’extraterrestre pour se débarrasser du dragon… pardon je m’égare)

Vous avez donc là la base de l’intrigue minus quelques points que je vous laisse découvrir si vous résistez encore et toujours à la lecture de cette série (et que vous n’avez pas vu les 40 bandes annonces et extraits vidéo, je suis sûre que les ¾ du film doivent s’y retrouver).

Bref, ça donne quoi au cinéma sur grand écran et son de qualité ? Et bah beaucoup de fous rires. Et pas juste de moi et de mon cerveau tordu, toute la salle rigolait allègrement. Et personne ne m’a frappé quand je me bidonnais toute seule dans les moments tragiques, c’est dire…

(bon c’était pas le jour de la sortie ceci dit, et la moyenne d’âge du public dépassait la vingtaine, ça joue)

A l’image de son précédent opus, New Moon est un pur film pour ado, avec son lot de clichés, ses envolées lyriques de caméra, et son histoire d’amour complètement mièvre soutenue par des dialogues abominablement niais.

Il faut ajouter à ça pas mal de scènes qui valent leur pesant de cacahouète. Le fait que la bande à Jacob se balade en bermudas tout au long du bouquin, c’était déjà limite, mais quand ça vire au défilé pour Mister Univers dans le film, difficile de ne pas se marrer…

Et puis, franchement, si votre copine se casse la gueule après cent mètres en moto, qui aurait l’idée d’enfourcher une deuxième moto pour aller l’aider à se relever, puis à enlever son tee-shirt pour éponger son sang ?

Le tout a un look franchement grand guignol donc, surtout que les acteurs principaux ne mériteraient même pas un razzie (le jeu d’acteur de Robert Pattison se limite à :-( ou :-\). Heureusement les seconds rôles s’en sortent vaguement mieux.

Et puis bon questions costumes ridicule, la robe de chambre rouge tue l’amour restera mon souvenir le plus marquant du film, ou comment pourrir ce qui est censé être le passage le plus haletant du film.

Comme ça, on a l’air d’assister à un navet infâme, mais entre amis adeptes du bon délire, il y a de quoi passer un moment franchement sympathique à se moquer de tout, y compris des sous-titres de la VO qui se révèlent assez foireux (Bella ne fait pas dans le « jeunisme »).

La musique, au passage, est signée Alexandre Desplat, rien que ça, ceci dit ça ressemble assez furieusement à la Jeune fille à la perle en un peu plus rythmé… joli, mais pas indispensable. De toute façon un seul morceau est sur le CD de la BO (faudrait pas ennuyer les jeunes avec des belles musiques de facture classique, bien sûr…).

mardi 24 novembre 2009

Brèves d’expo

En deux semaines je ne crois que je n'ai jamais autant parcouru les musées (enfin pas depuis que j’ai fini l’Ecole du Louvre), et je ne suis toujours pas allée à la BNF !

Lanterne magique et film peint : 400 ans de cinéma à la cinémathèque française



C’est assez marrant, pour une structure consacrée au cinéma, de proposer quelque chose sur l’« avant-cinéma », et pourtant, tout cela est logique. La Lanterne magique, c’est un peu l’ancêtre du projecteur à diapos, sauf que les images sont peintes sur verre. Et c'est, comme le cinéma, d'abord un art populaire.

On la retrouve à toutes les sauces : évocations de pays lointains, histoires qui font peur, images de science (insectes, constellations), contes, éducation religieuse, il y en a pour tous les goûts (même de l'érotisme, c'est dire). Et avec des tas de systèmes mécaniques, il est possible de rendre du mouvement, ce qui place le dessin animé en droite ligne dans les successeurs de la lanterne magique.

C’est une belle expo très intéressant qui permet de découvrir ce média, la richesse de ses thématiques, et la virtuosité des réalisations (voyez un peu la taille des verres), et quelques liens avec des choses plus modernes (dont de la peinture sur pellicule au XXe siècle).

La chose à ne pas rater, c’est les démonstrations du Théâtre optique, qui utilise technique de la Lanterne magique et procédés pour reconstituer le mouvement pour obtenir un « dessin animé » rudimentaire. Aussi intéressant à voir projeté qu’à regarder la technique que cela demande au « projectionniste ».

Deadline au MAM de Paris



Dans un tout autre registre, cette exposition s’intéresse aux dernières réalisations d’artistes contemporains, et à comment ils ont intégré la notion de mort prochaine dans leur œuvre, tous étant plus ou moins condamnés (maladies génétiques, SIDA, tuberculose, Alzheimer… que des choses joyeuses donc !).

Il y a ceux pour qui la mort ou la maladie deviennent leur obsession et le pivot de leur réalisation, ceux dont les œuvres n’ont jamais été aussi exubérantes, ceux dont on voit peu à peu la dégénérescence… un peu de tout quoi, que ce soit au travers de tableaux, de photographies, de vidéos ou d’installations.

C’est une exposition étrange à cause de son propos (et on pourrait philosopher un moment dessus), mais assez didactique : les textes sont bien faits et donnent une bonne partie des clés, et même le catalogue avait l’air assez intéressant (mêlant entretiens et analyses).

Il manque juste une possibilité de comparaison, puisque finalement on ne voit que leurs dernières œuvres, et personnellement vu que je ne connaissais personne sinon Hartung et De Kooning (et encore plus de nom que d’œuvre), j’avais un peu de mal à me faire une idée.

En tout cas pour des œuvres récentes (post 1980), ça reste accessible et regardable, et j’ai découvert quelques réalisations intéressantes, comme celles de Gilles Aillaud ou de Jörg Immendorff.

Matisse & Rodin au musée Rodin



Je suis toujours assez hésitante sur les confrontations de géants de l’art (Picasso/Matisse m’avait beaucoup déçu dans le propos, alors que Picasso/Ingres était fichtrement bien pensé), mais comment résister quand on aime Rodin ET Matisse (surtout que le musée Rodin, en lui-même, est déjà un très beau musée) ?

Comme Rodin est tout sauf un peintre (enfin il a bien fait quelques toiles mais bon…), la confrontation se fait ici par la sculpture, évidemment, mais aussi le dessin, que tous deux ont abondamment pratiqué.

C’est assez… perturbant. En effet la scénographie de l’exposition (sous forme de thématique) met côte pas mal d’œuvres, dont on ne sait plus à la fin qui a réalisé laquelle. Méfiez-vous et vérifiez les cartels, vous risquez d’avoir des surprises.

Beaucoup sont de petites ébauches pas forcément très connues, avec un coté très brut de décoffrage, mais on a aussi quelques œuvres plus connues, comme l’Homme qui marche de Rodin qui côtoie le Serf de Matisse ou la série des Nus de Dos de Matisse.

Les points communs sont particulièrement intéressants en ce qui concerne le traitement des sculptures (l’un comme l’autre n’hésitaient pas à éliminer un bras pour obtenir une forme plus satisfaisante), ou leurs intérêts communs (la danse).

Il n’y a guère que la conclusion de l’exposition que j’ai trouvé légèrement prétentieuse, comme quoi Matisse au travers de ses dernières œuvres accomplissaient une citation de Rodin. C’est une idée de vouloir lier entre elles deux carrières d’artistes, mais faudrait voir à pas pousser le bouchon un peu trop loin Auguste…

dimanche 22 novembre 2009

Away we go – Sam Mendes



C’est assez marrant à quel point une même personne peut produire deux œuvres aussi diamétralement opposées en si peu de temps. Le film précédent de Sam Mendes, Les noces rebelles étaient un drame qui prenait aux tripes et qui donnait envie de se jeter dans la Seine en sortant du cinéma.

Rien à voir donc avec celui-ci, drôle, plein de vie et positif. Away we go parle d’amour et de couple, mais de façon très différente. Verona et Burt sont deux trentenaires un peu égarés par et dans la vie, qui vont prochainement être parents. Normalement, les grands-parents doivent les aider dans cette aventure, sauf que voilà, les grands parents décident de partir s’installer ailleurs…

Nos deux tourtereaux qui n’ont pas vraiment d’attache décident de partir trouver ailleurs l’endroit idéal pour élever leur bébé, à proximité de la famille et des amis qui ont bien souvent déjà une famille, eux. Et en avant pour une traversée de l’Amérique !

Le film n’est pas très long (une heure trente), et la fin un peu abrupte, ce qui n'empêche pas de passer un bon moment à rire et à s'émouvoir des différentes ambiances familiales (souvent parodiques, parfois moins), mais aussi à sourire devant la tendresse des échanges de ce couple (très eux-mêmes et loin des stéréotypes).

Forcément, il restera moins dans les mémoires que les tragiques Noces Rebelles, mais c’est un bon petit film qui se laisse apprécier, avec une BO toute en chansons assez sympathique, en plus.

jeudi 19 novembre 2009

Les collines aux mille grottes (le cycle de Merlin 2) – Mary Stewart



En ce moment je nage en permanence dans un univers de légende arthurienne… Kaamelott terminé, j’ai repris le Merlin-série de la BBC, et là-dessus je continue le Merlin-livre de Mary Stewart, tout en lorgnant l’exposition à la BNF que je vais bien finir par aller voir… Non je ne frôle pas du tout l’overdose !

Reprenant le récit là où il s’était arrêté dans le tome précédent (la bonne vieille légende de la conception d’Arthur), les Collines aux mille grottes continuent la relecture du mythe arthurien vu par Merlin, de la naissance d’Arthur à son arrivée sur le trône.

On y voit donc Merlin courir à droite à gauche pour convaincre Uther et Ygraine de lui confier l’enfant, monter un stratagème pour l’escamoter discrètement loin du monde, lui trouver une famille d’adoption pour faire son éducation, et s’il a un peu le temps, l’éduquer lui-même, ce futur roi.

Sauf que la rencontre entre Arthur et Merlin arrive assez tardivement, ce qui rend la première moitié du roman assez longuette : Merlin voyage, Merlin s’offre des vacances dans le sud, et Merlin court après la future Excalibur… il y a quelques bons passages, mais surtout pas mal de longueurs (Merlin tout seul c’est assez rébarbatif, faut qu’il soit accompagné pour que ça ait de l’intérêt).

On est content de voir enfin débarquer le futur roi, et de voir se tisser une relation entre lui et l’Enchanteur, même si on est loin de l’Epée dans le roc de T.H. White. Après quoi les évènements s’accélèrent enfin, espérons que le troisième tome bougera un peu plus.

Certes, c’est toujours bien écrit, mais il n’y a rien qui marque vraiment. C’est juste une relecture de la légende…

mardi 17 novembre 2009

The Longest Journey



(Oui, Silvère, tu vas enfin pouvoir le récupérer, ton jeu, ça fait juste un an et des brouettes que tu me l’as prêté !)

A défaut d’avoir l’ordinateur approprié pour faire tourner mes rpg favoris (et les nouveaux, auxquels j’évite de penser parce que Dragon Age fait bien envie, mine de rien), je continue à faire chauffer mes neurones avec les vieux jeux d’aventure, légers, faciles à installer, et pas trop bouffeurs de temps. Le dernier point étant relatif, si vous me cherchiez dimanche, j’ai bien peur d’avoir passé la journée à finir ce jeu…

Oui, une fois qu’on est lancé, on ne le lâche plus, ce petit The Longest Journey, finalement. Il s’agit d’un jeu d’aventure point’n’click norvégien datant de la fin du XXe siècle, et qui fête ses 10 ans cette année (il n’est sorti en France qu’en 2000 mais passons sur les détails).

Il suit les pas d’April Ryan, jeune étudiante en arts qui vit à Venise, banlieue tranquille de Newport, grande mégalopole des années 2200. Elle souffre de cauchemars récurrents ayant tendance à lui pourrir ses nuits, d’autant plus qu’ils sont remplis de monstres étranges, et notamment d’un dragon, pour ne citer que celui qui sert de prologue à l’histoire.

Evidemment, cela n’est pas dû au hasard, et April va vite être appelée à une destinée hors du commun nettement plus passionnante que de peindre dans son atelier et servir des capuccino dans le café du coin. Je préfère ne pas rentrer trop dans les détails (d’ailleurs je vous déconseille vivement la lecture du résumé au dos de la boite, qui ôte une bonne partie du mystère qui plane sur le début de l’histoire) mais pour simplifier disons qu’elle ne visitera pas que son monde à elle.



Si l’histoire est un peu longue à démarrer, d’autant plus que les premiers chapitres sont ceux qui comprennent les énigmes les plus tordues (vous savez, celles à la Monkey Island, comme une où on improvise une canne à pêche à la McGyver avec un anneau en or, une bouée canard, une corde à linge et une pince récupérés de préférence aux 4 coins des zones de jeu) et des dialogues parfois assez longs qui sont là plus pour donner un contexte que pour le jeu en lui-même.

C’est d’ailleurs intéressant dans ce jeu, à quel point les concepteurs ont veillé à autant à l’histoire en elle-même qu’à donner une crédibilité à l’univers où elle se déroule, et aux personnages qui y évoluent. Du coup, on ramasse des objets inutiles (non ne cherchez pas, la feuille en plastique organique ne vous servira jamais !), on discute avec les potes de tout et de rien, et on écoute de longs monologues juste pour l’ambiance. Un des exemples les plus frappants est une visite dans une bibliothèque où un seul ouvrage est à consulter pour faire avancer le jeu. Les autres sont uniquement là pour la culture.

Une fois les personnages et la trame posée, c’est un véritable plaisir. A l’exception de quelques passages, on avance assez facilement, pourvu qu’on ait relativement bien exploré les zones, repéré de suite les éléments utiles et pensé à inspecter les objets dans l’inventaire, histoire de bien connaitre leurs capacités (bref ne faites pas comme moi !).

C’est l’histoire, surtout, qui est fort prenante. Elle brasse allègrement les grands poncifs de la fantasy : une héroïne avec un don et une destinée, sur qui repose les espoirs de tous ; un ou deux vieux sages qui parlent souvent de façon sibylline ; un compagnon comique ; un méchant au rire machiavélique, et j’en passe des meilleurs.

April elle-même est vraiment l’archétype du héros, peu confiante en elle mais dotée d’une grande force intérieure quand même, qui affronte les épreuves avec courage mais se lamente entre deux qu’elle ne comprend pas pourquoi cela lui incombe, et qu’elle ne va jamais réussir. Et cerise sur le gâteau, elle soigne les bobos du monde en même temps que les siens, que demander de plus ?

Ca pourrait être lourd, c’est finalement prenant. April est une bonne héroïne, forte et fragile à la fois, drôle et amère, qui a une véritable personnalité, et dont les commentaires peuvent faire sourire, ou émouvoir. Elle tient d’ailleurs un journal intime régulièrement mis à jour qui est assez marrant à lire.

L’histoire ne détonne pas forcément pour son originalité, mais elle est bien menée et fonctionne très bien dans la mesure où les tâches à accomplir sont variées, font voir du pays, et le tout à un rythme assez élevé. Si les deux premiers chapitres sont relativement calmes, à partir du moment où l’on commence à voyager entre les mondes, tout s’accélère, d’autant plus qu’il arrive qu’on laisse une quête en plan à un endroit pour la reprendre bien plus tard.

Dans un univers de jeu d’aventure où on a généralement un certain nombre de tâches à accomplir pour conclure une partie, c’est assez surprenant de devoir laisser comme ça les choses en plan.

La plupart des dialogues sont très réalistes et bien écrits, avec pas mal d’humour et un ton qui se veut assez adulte dans ses allusions. Il est possible parfois de choisir entre différentes attitudes, ce qui ajoute une petite valeur ajoutée même si ça n’a pas une grande influence sur le jeu (il n’y a qu’un seul choix qui influence le jeu, et ça ne concerne que la vidéo de fin du chapitre 1).

Le seul problème vient de la traduction française, littéralement truffée de fautes d’orthographe, et des énormes en plus (genre des « touts » par exemple), ce qui est franchement bête pour un jeu qui repose quand même sur ses dialogues.



L’autre point fort du jeu est la large gamme de paysages et d’ambiances visitées. On a de la ville futuriste avec un petit air de Blade Runner, avec ses bas-quartiers glauques et son élite dans les hauteurs. Et, dans l’autre monde, on a la cité type de medieval fantasy, la forêt mystérieuse, les marais, les voyages en mer, les îles perdues, avec un bestiaire très diversifié… bref, on voit du pays, normal vu le titre.

Le rendu est plutôt agréable pour ce qui est des décors. Coté animation des personnages, par contre, c’est loin d’être magnifique. Les personnages sont assez rigides et peu gracieux (le prix de l’animation la plus moche revient à April mettant un oiseau dans sa poche). C’est de la 3D, et j’ai tendance à trouver que ça vieillit bien plus vite que la bonne vieille 2D finalement (personnellement le seul intérêt que je vois à la nouvelle édition de Monkey Island 1, c’est le doublage, c’est dire !).

Les cinématiques, nombreuses mais brèves sont assez belles par contre, ce qui compense. D’autant plus qu’une fois rentré dans l’histoire, on ne prête plus guère attention aux graphismes. Bref sans le qualifier de « un des titres les plus passionnants que le PC ait connu » et autres superlatifs comme la boite l’indique (parce que bon rien ne vaut Planescape Torment !), c’est un très beau jeu d’aventure qui fait rêver sans avoir à trop se prendre la tête sur les énigmes, un très bon divertissement donc.

J’hésite d’ailleurs à le refaire une fois histoire de bien tout comprendre, parce que certains détails m’ont un peu échappé, pressée que j’étais de le finir. Il existe aussi une suite, Dreamfall, mais j’hésite à m’y mettre vu qu’il finit parait-il en cliffhanger et que la suite se fait sérieusement attendre (ça me rappelle Gabriel Knight tiens…). Du coup autant rester sur la fin de The Longest Journey, non ?

samedi 14 novembre 2009

Gagner la guerre – Jean-Philippe Jaworski



« Enfin ! » ai-je envie de dire. Je bave dessus depuis sa sortie, mais n’ayant pas 30 euros à mettre dans un bouquin (à moins qu’il soit signé NG, et encore), j’ai fini par, ô miracle, le dénicher dans une bibliothèque. Et il était temps. Encore un peu et je l’aurais lu en 2010. Et du coup je n’aurais pas pu le mettre dans mon top 3 annuel.

Oui j’annonce la couleur un peu vite, mais excusez du peu, j’en étais déjà convaincue sans avoir passé la page 3. Et quand ce sentiment perdure tout au long des quelques 700 pages sans jamais faiblir, et bien il faut se rendre à l'évidence.

Jean-Philippe Jaworski a d’abord écrit Janua Vera, un recueil de nouvelles fort sympathique autour du « Vieux Royaume », avec une grande diversité dans les styles d’écriture et dans le ton entre les nouvelles (ça allait de Pratchett au roman de chevalerie un peu guindé, c’est dire le grand écart de genre).

Gagner la guerre se concentre sur une histoire, mais alors quelle claque ! Bon déjà le poids de l’objet est suffisant pour taper quelqu’un et faire vraiment mal avec (certes mon exemplaire est celui relié en dur des bibliothèques parisiennes, en attendant il dépasse le kilo !).

Mais le contenu, c’est pareil. A la plume, nous avons le narrateur et héros (si on peut dire) de l’histoire, Don Benvenuto Gesufal. Si vous n’avez pas lu Janua Vera, tant pis pour vous, c’était le héros d’une des nouvelles, un assassin particulièrement débrouillard, une fripouille comme on en croise rarement, qui au moment où commence Gagner la guerre est le maitre espion du Podestat de la République de Ciudalia, autant dire qu’il assassine toujours, mais pour un seul patron.

Gagner la guerre, s’ouvre, à juste titre (ah ah ah), sur la fin d’une guerre contre l’ennemi de la République… et le commencement d’une autre, interne, cette fois-ci. A quelques heures près, si on avait commencé plus tôt, il aurait fallut parler de Gagner les guerres.

Au milieu de tout ça, Don Benvenuto est occupé à vomir tripes et boyaux au dessus par-dessus le bastingage d’un bateau. Oui le roman commence comme ça. Ca parait fou, mais c’est génial, parce que c’est raconté avec une telle langue, une telle richesse de vocabulaire, un tel panache, que d’office on tombe sous le charme.

« Croyez-moi, les paltoquets qui se gargarisent sur la beauté des flots, ils n’ont jamais posé le pied sur une galère. La mer, ça secoue comme une rosse mal débourrée, ça crache et ça gifle comme une catin acariâtre, ça se soulève et ça retombe comme un tombereau sur une ornière ; et c’est plus gras, plus trouble et plus limoneux que le pot d’aisance de feu ma grand-maman. Beauté des horizons changeants et souffle du grand large ? Foutaises ! La mer, c’est votre cuite la plus calamiteuse, en pire et sans l’ivresse. »

C’est quand même vachement plus classe que « j’aime pas la mer » (même si ça aussi, il le dit par la suite). J’irais pas jusqu’à parler de poésie, mais Don Benvenuto n’en reste pas moins un foudre d’éloquence, dans une forme particulière qui mélange avec talent injure, insulte, ironie et sarcasme. Cette écriture aux petits oignons qui fait la moitié de la saveur de l’ouvrage.

Rien que le vocabulaire, c’est de la folie. L’auteur est allé déterrer une foultitude de mots anciens, d’argots, oubliés, rares, peu employés, pour en assaisonner sa salade d’intrigues. Je regrette d’en avoir découvert la plupart dans le métro, sans quoi je serais tous allée les chercher dans un dico. Je suis sûre de ne même pas savoir ce que veulent vraiment dire la moitié d’entre eux.

Pour ce qui est de l’écriture en elle-même, on n’est pas en reste. La narration à la première personne permet de ne jamais s’ennuyer. C’est haletant, drôle, cru, parfois tout ça en même temps, et on accroche de la première à la dernière page.

L’autre point fort de l’ouvrage, c’est l’univers. Ciudalia est clairement inspirée des villes de la Renaissance Italienne (entre Venise pour le coté maritime et Florence pour les histoires de grandes familles), et il y a un solide travail de recherche derrière. On plonge littéralement dans cette ambiance d’intrigues de cour, parce que tout colle, tout simplement : les petites ruelles mitées, les palais des patriciens, les ronds de jambe hypocrites et les échanges sous la table, les artistes (oui c’est du détail, mais pour moi ça compte).

Même le reste du monde, qui est beaucoup plus medieval-fantasy (logique, de même qu’à coté de la Florence du Quattrocento, le royaume de France faisait un peu bouseux sur certains points) est bien peaufiné et hyper réaliste. Pour le coup je me suis demandée ce que les elfes et les nains fichaient là-dedans tellement ça m’a semblé incongru sur le coup (ceci dit ça reste mineur et bien intégré).

Et là-dessus, une très bonne histoire. Si vous aimez les magouilles en tout genre et les luttes de pouvoir, vous allez être servis, il y a de quoi se faire plaisir vu que tout le monde en a après le pouvoir et passe son temps à retourner sa veste et à se tirer dans les pattes entre grandes familles dirigeantes. S’il y a un mot que personne ne connait là bas, c’est bien la confiance, ou l’amitié.

Ce qui est chouette, c’est que même si c’est le sujet de notre histoire, on mange aussi (et surtout) de l’action, parce Don Benvenuto n’est pas un politicien mais un homme de main, spécialiste des cassages de gueule, des assassinats, des évasions in-extrémis et autres joyeusetés, le tout avec des descriptions bien réalistes et toujours cette virtuosité dans l’écriture.

En plus, ce même Don Benvenuto est éminemment sympathique comme héros à suivre. Pas que j’irais bien boire un verre avec lui, bien au contraire, mais c’est une crapule finie, de première classe. Jaworski aurait pu lui donner une bonne conscience, des regrets ou je ne sais quoi d’autre, un vague penchant héroïque même… et bien non, jamais.

Il a un passé –flou mais évoqué-, des relations –pas vraiment des amis, faut pas rêver-. Mais surtout, Benvenuto reste toujours fidèle à lui-même et à son premier commandement qui pourrait se résumer en trois mots : sauver sa peau.

Gagner la guerre, sauver sa peau, trois mots à chaque fois, qui résument bien l’histoire. En dire plus serait pêché, de même que de passer à coté de ce petit bijou. Il les vaut bien, les 30 euros. Attends un peu que je gagne ma vie pour t’ajouter sur mon étagère…

jeudi 12 novembre 2009

Kaamelott Livre VI - Alexandre Astier



Tardivement, mais la voilà enfin, ma chronique finale sur le Livre VI de Kaamelott. Je voulais finir de revisionner les livres précédents, et j’aurais pas craché sur l’occasion de revoir le livre VI une deuxième fois pour peaufiner, mais d’ici là que j’acquiers le DVD…

Avis à ceux qui ne l’ont pas encore vu, je ne rechigne pas sur les spoilers, alors si vous voulez un avis moins riche en révélations, consultez la version précédente.

Ca a pas été facile à écrire dans la mesure où j’ai le cerveau qui bouillonne d’idées et de théories, et que je manque un peu de temps pour aller éplucher les sources historiques et croiser les analyses. On se contentera donc d’une chronique un peu plus basique en attendant que je revienne peut-être plus tard là-dessus (oui j’envisage de me replonger dans Chrétien de Troyes, ce qui dénote quand même à quel point je suis atteinte).

Le Livre VI est un objet étrange, encore plus que son prédécesseur. On ne sait pas trop s’il est fin, commencement ou juste transition, et en plus il se divise lui-même en deux parties complètement inégales en terme de temps (huit épisodes pour le « avant », un pour le « après »), mais pourtant égales en terme d’intensité, ce qui n’est pas banal.

Les huit premiers épisodes, c’est l’histoire des origines, la cosmogonie pourrait-t-on dire. Quand Kaamelott a commencé, les personnages étaient déjà en place depuis un moment. Mais d’où viennent-ils vraiment et comment sont-ils devenus ce qu’ils sont ? Comment Arthur est monté sur le trône ? D’où sortent Caradoc et Perceval et comment sont-ils devenus chevaliers ? Ces questions et autres variantes constituent la base de ces huit épisodes… qui eux aussi à leur façon se divisent en deux.

D’un coté, Rome, de l’autre, la Bretagne. Ce n’est pas juste une séparation géographique, tout change entre les deux, sauf les personnages. Deux ambiances, différentes, deux atmosphères différents, et quasiment deux volets d’une histoire qui est pourtant la même.



Rome est une cité aux couleurs chaudes, belle et riche (y’a qu’à voir les costumes), et pourtant, les passages à Rome sont le volet sérieux de ce livre : on y rit assez peu finalement, et on découvre au fur et à mesure Arthur qui va devenir roi, passant du statut de simple soldat à héros (avec ses qualités, et tout son bagage de tragédie qui va de pair).

Déménagement de lieu et de temps oblige, les nouveaux personnages sont légions (romaines, ah ah ah) : des soldats, des bons comme des mauvais, des sénateurs manipulateurs, des matrones romaines, des servantes revêches, des empereurs un peu séniles, quelques jolies jeunes filles, et même une ou deux têtes connues (ah Venec…).

Dans tout ce casting, on se perd parfois un peu, d’autant plus qu’après cinq livres, on est un peu vexé de devoir recommencer à apprendre nouveaux noms et visages. Certains font un peu pions de l’intrigue et éléments comiques (les sénateurs), mais on retiendra les trois plus importants : Manilius, Aconia et César.

Ce n’est pas par hasard qu’ils délivrent les clés du personnage d’Arthur. Le premier est son ami, le seul qu’on peut reconnaitre vraiment comme tel dans tout Kaamelott si je ne m’abuse. La deuxième est sa préceptrice (histoire de justifier la grande culture de Sieur Arthur), et son premier grand amour. Le troisième, il est difficile à cerner mais je pense qu’il a joué au mentor, et a forgé sa personnalité de roi (en bien comme en mal).

Ses échanges avec Arthur font parti des meilleurs passages de tout le livre. Excusez du peu, mais personnellement le « Un grand chef se bat pour la dignité des plus faibles » (enfin ça c’est la version réduite), et bah c’est quand même la grande classe, Marc Aurèle et autres Gladiator peuvent se recoucher ! Et toute la partie « balade en ville qui la précède » est assez éloquente aussi…



Quand on est pas à Rome, on est en Bretagne, et la Bretagne, malgré son aspect tout triste en gris, bleu, marron et vert, est un pays joyeux. Certes, tout le monde s’y met sur la gueule, mais définitivement sous le signe de l’humour. D’ailleurs à quelques rares exceptions, Arthur lui-même fait plus dans la comédie que dans la tragédie quand il est en Bretagne. Le bon air celte, sûrement.

Là-bas, c’est le clan des habitués. On y croise donc Léodagan, Loth, Perceval, Caradoc, Séli, Guenièvre… enfin bref les mêmes que d’habitude pour deux ou trois romains pour faire genre, avec ici les tractations et les manigances autour de la future arrivée du roi.

La seule différence c’est qu’on leur a tous donné un coup de jeune en leur collant des perruques toutes plus affreuses les unes que les autres (et sans cohérence chronologique la plupart du temps). L’histoire secrète qui se déroule entre les évènements du Livre VI et ceux du Livre I, c’est sûrement l’importation en masse de coiffeurs non-bretons par Arthur pour remédier aux goûts de chiotte de son peuple dans le domaine capillaire, j’en suis sûre !

Trêve de plaisanterie, la partie bretonne est plus classique, jouant sur l’absurde des situations, et s’amusant surtout à donner un passé aux personnages. On appréciera notamment la grand-mère de Perceval (excellente, tout simplement, je lui dois mes plus gros fous rires !), et le fait que Mevanwi était déjà une morue dans sa jeunesse.



Le Livre VI est un jeu complexe de constructions tout en miroirs et en allusions, avec pas mal de références planqués pour les fans irréductibles, à mon avis, certains détails n’ayant fait « clic » qu’en revisionnant les autres livres dans mon cas. Rien que la réunion des chefs de clans bretons n’est pas aussi drôle si on ne se rappelle pas leur tête « d’après », et pour la moitié on ne les a vu que dans deux épisodes seulement !

Alexandre Astier s’est beaucoup amusé je pense à créer des biographies improbables à tous ses personnages sur la base de détails mentionnés ci et là auparavant. Ce sont souvent des belles trouvailles un peu bêtes qui font bien rire (surtout pour Perceval et Caradoc, bien sûr), et pour Arthur, c’est mi clin d’œil, mi explication réelle.

Je pense surtout à Aconia : ça serait gros de croire qu’Arthur tient son obsession des bains d’elle (de même que toute sa culture romaine, visiblement il lit déjà pas mal avant), par contre que son histoire de serment ait joué dans la construction de son histoire avec Guenièvre, ça donne l’explication à une situation qui ne tenait pas forcément debout dans les derniers livres.

Et accessoirement elle fournit une bonne pirouette pour la conclusion du Livre VI.



L’épisode 9, Dies Irae est une conclusion en toute beauté qui boucle la boucle, tout en ouvrant sur de nouveaux horizons. Le titre déjà, est un beau clin d’œil au court métrage éponyme qui a conduit à la série. Et puis, il reprend là où le livre V nous avait laissé (c'est-à-dire sérieusement dans l’expectative), pour nous laisser à peu près dans le même état (et on est sensé attendre 2012 pour le premier film ?), mais avec de très belles scènes à méditer.

Il est superbement poignant (oui j’ai chialé pendant une bonne partie de l’épisode, à raison), et certains personnages prennent une dimension qu’on n’aurait pas cru probable en regard de leurs débuts, et qui va bien plus loin que simplement de l’humour.

Bien sûr, il y a Arthur, aussi incontournable qu’il est, et d’une complexité qui laisse songeur. Ici amer, perdu, sans volonté de vivre, et pourtant, à voir la conclusion, le héros est toujours là.

Mais je pense aussi à Guenièvre qui a évolué de nunuche niaise à un personnage bien plus émouvant, qui a drôlement grandi avec le temps. Elle m’avait déjà surprise dans le livre V, là, elle m’a sciée même. Caradoc, parce que son passage fait sourire au milieu des larmes (avec son pâté de biche), Perceval, avec son indéfectible loyauté qui finit par ressembler sérieusement à son homologue littéraire, et Lancelot, figure du héros torturé, persuadé de faire le bien mais sérieusement égaré (ou bien non, Messire Méléagant ?).

Ce Méléagant continue sérieusement à me torturer les neurones d’ailleurs, et y’a pas que moi vu ce que je lis en passant sur les forums… pour un personnage pas forcément récurrent dans toutes les versions du mythe arthurien, il en tient une couche.

Si on fait abstraction de Caradoc et Méléagant, c’est pas anodin de constater que ces personnages sont quand même les plus importants des versions médiévales. Ca semble de très bon augure pour une suite toujours plus riche et intelligente.

Je me demande d’ailleurs où celle-ci va nous mener, parce que là vis-à-vis des légendes d’origine je suis un peu perdue. Je pense juste qu’en dépit du rêve avec la demi-sœur, Anna, je ne suis pas sûre qu’on finisse avec un Mordred fils incestueux d’Arthur.

(Vous savez quand même que le Wikipedia anglais a quand même une catégorie « personnages fictionnels issus d’une relation incestueuse » où est rangé Mordred et 3 autres pécores ? La documentaliste en moi, ça la fait bien marrer ce genre de catégorisation extrémiste…)

Si ma mémoire est bonne, le personnage du Mordred des romans anciens est aussi un personnage à qui Arthur avait confié le pouvoir en son absence, et qui se l’est largement approprié (Guenièvre avec en passant je crois. C’est pas pour dire, mais difficile de ne pas faire le lien avec le Lancelot de Kaamelott



Bref, si vous n’avez pas compris au travers de ce long pavé que le livre VI, j’ai adoré, et bien je le redis ici en bref. C’est une saison intelligente, qui sait définitivement faire la part des choses entre l’humour du début, et une histoire sérieuse et documentée en toile de fond.

Il est un peu en deçà du livre V, sans doute à cause des nouveautés qui le rendent un peu moins accessible (le premier épisode est vraiment longuet), et il est un peu monté à la va-vite dans certains passages (y’a des coupures et des transitions pas nettes par moment), mais ça n’en reste pas moins une sacrée réussite.

Surtout quand on regarde les tous premiers épisodes du livre I, sketchs drôles, certes, mais sans trame de fond, avec des personnages caricaturaux et une réalisation toute raide à la Caméra Café (je vous jure, quand on enchaine les Livres, ça choque de voir tout à coup la caméra se déplacer !).

Chapeau bas à Alexandre Astier, et vivement les films !

(oui en fait j’aurais aussi pu titrer « Alexandre Astier mon amour »)

dimanche 8 novembre 2009

Les Voies d’Anubis – Tim Powers



A la base, je voulais lire de cet auteur Sur des mers plus qu’ignorées (alias On stranger tides), qui est le roman qui va servir de base pour le prochain Pirates des Caraïbes, et accessoirement qui a déjà bien inspiré les premiers volets (ce serait l’inspiration de l’auteur des premiers Monkey Island aussi).

Mais comme il n’était pas disponible à la bibliothèque, je me suis rabattue sur celui-là qui avait l’air d’être un incontournable de… de quoi exactement ? La bibliothèque et ses étiquettes le classent en SF, la Cartographie du Merveilleux le cite en référence (donc de fantasy).

Faut dire que ça parle de voyage dans le passé (donc de science) et de magie en même temps, un joyeux mélange des genres qui se déroule en plein XIXe siècle. Oui, c’est du steampunk, et de première qualité en plus.

Il faut dire que le terme a été forgé par l'auteur, Tim Powers (avec K.W. Jeter et James Blaylock) plus ou moins comme une plaisanterie face au genre cyberpunk. Cette bonne blague a la vie dure, finalement, vu le nombre de bouquins qui se raccrochent à ce genre un peu foutoir quelque part entre fantasy et SF, généralement bourré de références historiques et littéraires.

En fait je suis incapable de vous pondre une définition convenable, mais pour les ingrédients incontournables du genre, comptez sur un cadre historique du XIXe siècle (à quelques exceptions), la présence d’un élément de SF ou de fantasy (extra-terrestres, technologie avancée, dragons), et des caméos de personnages célèbres de l’époque (de Jules Verne à Sherlock Holmes en passant par Napoléon).

Pour le coup on retrouve les trois dans Les Voies d’Anubis, qui nous raconte les péripéties d’un spécialiste  en poésie anglaise du XIXe siècle, Brendan Doyle, qui se retrouve coincé dans le passé après avoir assisté à une conférence de Coleridge (poète anglais du XIXe, pour les ignares dans mon genre).

Il n’est pas très heureux de la situation, malgré l’unique opportunité d’étudier ses poètes favoris en vrai. Il faut dire qu’un étrange magicien lui court après, avec une horde de romanichels et de mendiants pour l’assister, qu’un espèce de loup-garou fait des ravages dans le Londres de l’époque, et que la mort lui pend au nez en l’absence de médicaments efficaces pour soigner sa toux.

En fait on dirait que l’époque toute entière conspire à se débarrasser de lui. L’objectif de Brendan Doyle va donc être de survivre et de rentrer à son époque, et cela ne s’annonce pas du tout être une partie de plaisir.

Par contre, quel plaisir pour le lecteur ! Les voies d’Anubis n’est pas franchement un roman fait pour réfléchir, mais plutôt pour se divertir. Les méchants sont très méchants, les gentils en prennent plein la tronche, les retournements de situation sont nombreux et si Brendan affirme qu’il a rendez-vous dans une taverne le soir même, vous pouvez être sûrs que s’il y arrive, ce sera forcément par le chemin le plus long.

Le Londres décrit est particulièrement glauque, c’est tout juste si on ne sent pas sa puanteur à travers les pages. En cela il est hyper réaliste et insiste bien sur la misère de l’époque (pas d’hygiène, pas de médecine, la crasse et la boue, les espèces de cours des miracles où se réunissent les mendiants…).

Accessoirement le roman déborde d’allusions à l’histoire et à la littérature de l’époque. Je manque sérieusement de culture anglaise pour arriver à toutes les saisir, mais le fait que tout cela s’inscrive dans l’Histoire avec un grand H est fort plaisant.

Même si c’est une lecture assez divertissante et facile, il faut cependant rester attentif, parce qu’entre les doubles magiques, les changements de noms et les voyageurs temporels (le concept est exploité jusqu’à la corde), il est assez facile de se mélanger les pinceaux et de griller un ou deux neurones à essayer de s’y retrouver et à rassembler les indices laissés en route.

Le seul défaut (mineur) est l’écriture pas franchement exceptionnelle (bon faut dire que je viens d’attaquer Gagner la guerre, la comparaison fait -très- mal !). C’est pas le point fort du bouquin (il n’en a pas besoin, l’intrigue suffit), mais je soupçonne surtout le traducteur d’avoir franchement alourdi le texte avec des phrases alambiquées.

Le début peut être un peu dur à avaler du coup, mais il ne faut pas hésiter à s’accrocher, parce c'est diablement distrayant. Tim Powers a l'air de s'y entendre pour créer des univers aussi fous que documentés historiquement, ce qui promet donc pour ma prochaine lecture de lui. Oui j'ai pu récupéré Sur des mers plus qu'ignorées, le challenge étant désormais de le finir avant la date fatidique de rendu à la bibliothèque, sachant que j'ai déjà deux autres livres en cours !).

jeudi 5 novembre 2009

Flander’s Company – Saisons 1 & 2



« Nous servons le mal, mais nous le servons bien »

Ne nous arrêtons pas en si bonne voie, et continuons notre exploration des petites pépites Nolife-iennes par une seconde série télé, Flander’s Company. Qui n’a aucun rapport avec le Flanders des Simpson, soit dit en passant.

Là où Noob allait explorer le monde des jeux vidéo, la Flander’s, elle, s’intéresse au monde des super-héros, mais en prenant une approche bien particulière. Déjà, elle parle non pas de super-héros mais de super-vilains, et surtout, la Flander’s Company est une entreprise.

En effet, comme le dit si bien son PDG, Armand Trueman, ce qui fait un bon super héros, ce n’est ni le costume, ni les superpouvoirs, mais bien des ennemis top qualité. Et il a raison, que serait Batman sans le Joker, ou Superman sans Lex Luthor ?

D’où cette entreprise qui recrute et forment des némésis dignes de ce nom. Tout commence au bureau des candidatures spontanées où Hippolyte Kurtzmann examinera votre dossier. Si vous n’avez pas de talent intéressant, vous risquez fort de vous retrouver très vite dehors, et si vous êtes chiant, alors là, faites gaffe à ne passer par la fenêtre, car ce DRH a les nerfs fragiles.

N’hésitez pas à saluer en passant Caleb, le chef du pôle Recherche&Développement expert en glandouille et en café, à observer (de loin) Cindy, nièce du patron qui ne se balade jamais sans sa hache (ne vous laissez pas abuser par ses tresses de gentille fifille), et à discuter de vos problèmes personnels avec le psychiatre de la boite, le Dr Parker, seul bisounours dans ce monde de fous furieux.

La Flander’s Company est une série géniale, et on pourrait presque s’en tenir à ça comme avis.

Il faut dire qu’un mélange improbable entre monde de l’entreprise et univers des comics n’est déjà pas banal à la base. Quand vous tourner ça sous la forme d’une parodie bourrée de références avec un humour décapant, ça laisse sans voix.

Et sans souffle aussi. J’avoue que cette série est une des rares où je pleure de rire sur mon clavier, en tapant du poing sur la table, quand je n’en oublie pas simplement de respirer (tout ça à cause de l’épisode 9 de la saison 2, vous comprendrez quand vous le verrez, c’est un antidépresseur top qualité). Il faut dire qu’on a affaire à des personnages complètement siphonnés dans des situations ubuesques, et que les dialogues sont mijotés aux petits oignons (les diatribes d’Hippolyte, à ce niveau-là, ce ne sont plus des insultes mais de l'Art avec un A).

La première saison s’articule principalement autour des cas pathologiques défilant dans le bureau d’Hippolyte (format sketch donc), avec quelques à coté sur le reste de l’entreprise (les inventions de Caleb, l’intérêt d’avoir un psy attitré, la formation des sbires…). Elle se termine sur un épisode… comment dire… disons que je le recommande chaudement aux fans d’Harry Potter.

Oui, parce que la Flander’s ne se limite pas aux super-héros, ce serait trop réducteur. Si elle se permet de faire apparaitre Captain America au détour d’un épisode, ça fourmille de références en tout genre (dont pas mal de manga/anime, normal vu l’endroit où sont tournés les épisodes !). D’ailleurs les héros sont souvent en train de lire (j'aimerais bien en faire autant à mon boulot), et croyez-moi, ils ont bon goût, entre un Hobb et un Pratchett, on peut même apercevoir un Gaiman dans un épisode !

La saison 2, après un début tranquille (vacances, arbre de Noël…) s’offre le luxe d’une véritable intrigue où le PDG et ses employés vont devoir se battre pour récupérer leur boite à cause d'une OPA hostile, ce qui donne une sacrée valeur ajoutée à la série.

Le final est un feu d’artifice mémorable qui laisse sans voix (une fois de plus), sinon pour pleurer de rire tout en appelant à corps et à cri la saison 3. Et en attendant, on peut toujours s’amuser à voir les crossover réalisés à la Japan Expo entre Noob et la Flander’s. Ca s’appelle Flannoob et ça a son charme (tous les épisodes sont référencés dans les news du site de Noob).

Comme pour Noob, vous pouvez consulter l’intégrale de la série entre leur site officiel et le portail Anyfilm (faut fouiller un peu mais on finit par tout trouver). La saison 1 est disponible en DVD (avec pas mal de bonus délirants et un making-of à la sérieux et complètement cinglé) et la saison 2 arrive sous peu sur le même support (en fait hier, ça m'apprendra à faire trainer mes chroniques !). Quant à la saison 3, elle arrive fin novembre sur Nolife !